TROISIEME PARTIE: QUESTIONS DE THEOLOGIE

- SCIENTIFICITE DU SACRE

- LA RAISON, EXCLUSIVITE HUMAINE

- ISLAM ET RATIONALISME

- CULTURE DES SCIENCES

- DU PARADOXE HARMONIEUX

- SCIENCE INFUSE

- CROIRE EN L'INVISIBLE

- L'OUVERTURE SPIRITUELLE

- LA SENSATION DE DIEU

- ATTRIBUTS DIVINS ET INTUITION

- SUPERSTITION

- LES FLEAUX DIVINS

- L'ASTROLOGIE

- L'ISLAM COSMIQUE

- LA QUESTION DU TEMPS

- FINITUDE DE L'UNIVERS

- L'HOMME NE DANS L'ARGILE

- CLARTE ET PRECISION DANS L'ADORATION

- " CHATAHAT " OU PROPOS EXTATIQUES

- L'ASCESE

- ASCESE ET PRIVATION

- LA MEDECINE DANS LES HADITHS

- DOUBLE MEDICATION

- CECITE PSYCHIQUE

- LE CYCLE DE L'EAU

- CYCLE DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE

- REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES



SCIENTIFICITE DU SACRE

Q : Le sacré est-il scientifique ?

R : "Seigneur, augmente ma science". (Sourate 20, verset 114)

L'Islam tient en grande estime les expérimentations positives, le doute créateur et la persévérance dans l'étude et la recherche . " A un groupe d'agriculteurs occupés à greffer des palmiers, le Prophète ordonne, un jour, de cesser une telle pratique; or, les palmiers non greffés produisirent des dattes de mauvaise qualité ; Le Prophète, venant à repasser devant ces mêmes agriculteurs, ils s'en plaignirent : "Vous êtes – reconnut le Prophète – plus au courant des choses de votre domaine" (Mouslim). C'est là un hommage éclatant rendu à la science et à l'expérience.

"La recherche intelligente – affirme encore le Prophète – est la moitié de la science" (TA.)

" Il (Allah) apprit à Adam tous les noms " (Sourate 2, Verset 29).

Le Messager d'Allah affirme, selon un Hadith rapporté par Abou Dawoud : "Allah m'a révélé le Coran, doublé d'une inspiration similaire" (c'est-à-dire la Sounna).

Or, le Prophète qui tient, parfois, à expliciter un verset coranique, dit : "Quand Allah fit descendre Adam (du Paradis) sur terre, Il le dota de fruits paradisiaques et lui enseigna "l'art de fabriquer toute chose" (rapporté par Abou Moussa).

Certains exégètes, commentant cette double donnée coranique et traditionaliste, prévoient, pour toute chose, une double nomination, l'une descendante et l'autre ascendante. Chaque mot représente, en fait, soit une réalité concrète ou abstraite, soit un être inanimé, soit un objet matériel ou une personne ? Le nom descendant est, donc, une appellation qui représente l'individu ou l'être qu'elle désigne, qui permet de le distinguer d'un autre, dans le langage.

Quant au nom ascendant, il exprime un moyen ou ensemble de moyens adaptés à une fin, une véritable nomenclature, comportant des notions propres à un art, à une science, un procédé particulier, permettant de finaliser une opération, fabriquer un objet matériel ou l'adapter à sa fonction ; ce sont là les définitions de la technique qui touche même les opérations non matérielles, dans une activité quelconque, menée avec maîtrise et connaissance.

C'est, par conséquent, cette technologie, qu'Allah inculqua à Adam et qui constitue la source et le noyau de la technique de l'homme ordinaire sur la terre et de l'être humainement parfait, dans le domaine de la pensée transcendante.

Ibn Khaldoun a admirablement montré comment le développement des sciences était lié à celui des techniques, depuis les plus simples (qui correspondaient aux besoins de la vie quotidienne d'une société frugale), jusqu'aux techniques complexes et hautement raffinées d'une société riche et florissante.

Le Coran dit : "Il (Allah) préconçoit l'ordre des choses et le fait descendre sur terre, à partir du ciel, puis le fait remonter à Lui, en un jour, ayant la valeur de mille ans de votre calcul" (Sourate 32, verset 5). "Lui (Allah) qui a créé les cieux, la terre et ce qu'il y a entre eux en six jours" (Sourate 25, verset 59). Il s'agit, comme le font remarquer quelques exégètes du Coran, des jours spéciaux ou de périodes géologiques calculées par millions d'années. Le Coran parle de " journées seigneuriales " d'un millier d'années chacune et de journées ascensionnelles de cinquante mille ans.

"Un jour pour ton Seigneur est comme mille ans de votre propre calcul" (Sourate 22, Verset 47).

" Les Anges et l'Esprit (Gabriel) montent vers lui, en un jour, évalué à cinquante mille ans " (Sourate 70 Verset 4). Il semble, d'après ces versets, que Dieu planifie, pour la terre, une fois tous les millénaires. Après chaque millénaire, l'humanité connaît un grand bouleversement.

" Puis Sa volonté se consacra au ciel qui était, alors, fumée." (Sourate 41 verset 11) . C'est là, l'allusion à la " théorie de la nébuleuse ", origine de l'Univers. "Il décida d'en faire sept cieux, en deux jours et Il inspira à chaque ciel sa propre fonction. Nous ornâmes le ciel de ce bas-Monde inférieur avec des lampes (étoiles)" (Sourate 41, verset 11 et 12).

Cette sourate fait allusion à un fait dont la véracité a été démontrée par la science moderne : la théorie des météorites qui évoluent dans l'espace sublunaire.

Le Coran désigne les planètes par le terme " Kawâkib ", sans en déterminer le nombre.

"En vérité – dit le Coran – nous avons paré le ciel le plus proche d'un ornement : les planètes " (Sourate 37, Verset 6).

S'agit-il du système solaire? Le soleil est la seule planète qui s'intègre parmi ces éléments célestes, dans le ciel le plus proche. Les Sourates se corroborent, car la Sourate 36, Verset 40 fait déplacer le soleil et la lune sur une " orbite avec un mouvement propre ".

"Le soleil court à un point de fixation à lui (assigné)". (Sourate 36, Verset 38).

On croyait que le soleil était le centre du système dit solaire où les planètes tournaient tout autour ; l'astronomie moderne démontre, au contraire, que ce système évolue, en spirale, à travers notre galaxie.

Ce point de vue coranique cadre avec les données scientifiques modernes et va à l'encontre des concepts astrologiques qui ont faussé les interprétations. Certains exégètes du Coran (et non des moindres) ont été influencés par ces contrastes, à tel point qu'ils étaient contre tout "allunissage" humain.

C'est ainsi que l'astrologie s'est dégradée, au Moyen Age, pour devenir une sorte de science fictive imprégnée de magie.

Une des conséquences de cette confusion est celle qui identifie le Prophète Idriss (qui réside au 4ème ciel, d'après la tradition prophétique),avec Hermès, qualifié dans la mythologie aberrante, de ²Dieu solaire² car, justement, selon les astrologues, le soleil aurait pour centre le 4ème ciel.

D'autre part, cela aboutit à une contradiction scientifique: la confusion entre les données physiques et métaphysiques, d'autant plus que l'emprise des normes de la science ne dépasse guère ce que les astrologues appelaient jadis " monde sublunaire ", c'est-à-dire notre monde au-dessous du premier ciel où se trouverait la lune.

C'est pour éviter cette ambiguïté, que les savants modernes ont opté pour une gamme d'appellations qui définissent exactement la nature de notre monde physique, appelé cosmos, monde visible ou monde sensible.

"Il (Dieu) enveloppe la nuit de la sphère du jour et Il enveloppe le jour de la sphère de la nuit" (Sourate 39, Verset 5).

C'est une allusion à la sphéricité de la terre, bien que du temps de Mohammed, la terre fût représentée comme un plateau posé sur les cornes du taureau Atlas.

"Ne voient-ils donc pas les chameaux comment ils ont été créés?, ni le ciel comment il a été élevé ?, ni les montagnes comment elles ont été instituées ?, ni la terre comment elle a été aplanie?!" (Sourate 87, versets 17-21).

"Et la terre, après cela, Il (Allah) aplanit sa surface" (Coran, Sourate 79, verset 30) . N'empêche que la terre dont la surface est plane, demeure ronde ; mais, si on tient compte de l'étymologie du mot " daha ", employé dans le verset, au lieu de " baçata ", on peut y entrevoir, une forme elliptique, car ce terme est employé pour qualifier l'œuf de l'autruche dont la forme est ovoïde. Néanmoins, cette sphéricité n'est pas déterminée clairement.

Quant au mouvement de la terre, maints exégètes citent le verset: "Tu vois les montagnes, les croyant immobiles, alors qu'elles roulent, comme le roulement des nuages". Ibn 'Arabi (VIIème siècle de l'hegire) proclame, dans ses illuminations mecquoises, que la terre tourne. Les Africains Mokhtar el Kounti et 'Adoud ed-Dine el Igî, parlent de la sphéricité de la terre qui tourne autour du soleil.

L'astronome italien Galilée proclama, lui aussi, que la terre tournait autour du soleil, en contradiction avec la théorie géocentrique de son époque. Il fut poursuivi par le Saint-office et dut se rétracter devant l'inquisition en 1633, tout en affirmant : " Et pourtant, la terre tourne ".

Dans la Sourate 10, Verset 5 " Dieu est Celui qui fit du soleil une lumière et de la lune une clarté ". Là, le soleil est une (diyâ') et la lune un (noûr) ; dans d'autres Sourates (Sourate 71, Versets 15 et 16), le soleil est qualifié de " flambeau " (siraj) ou de "lampe très ardente (wahhaj)" (Sourate 78, Versets 12 et 13), et la lune de " corps qui éclaire " (munyr).

Dans l'Ancien Testament, le soleil est le grand luminaire du firmament, comme puissance du jour et la lune, le petit luminaire céleste de la nuit, plaçant ainsi la création des deux étoiles, après celle de la terre, contrairement au processus du système solaire, source d'émanation de la terre et de la lune.

Bien des versets coraniques retiennent l'attention quant à l'annonce de la conquête de l'espace et à l'exploration des profondeurs terrestres : " Peuple des Esprits et des Etres humains, si vous pouvez pénétrer à l'opposé des régions des cieux et de la terre, pénétrez-y. Mais, vous n'y pénétrerez qu'avec un pouvoir " (Sourate 55, verset 33).

En plein XIIIème siècle, Jalal-ed Dine Rûmi enseignait que, si l'on coupait un atome, on y trouverait un noyau avec des planètes , tournant autour .

"Il a eu, d'ailleurs, la prescience de l'énergie extraordinaire contenue dans ces atomes, annonçant qu'il fallait faire très attention de ne pas provoquer un choc, qui pourrait réduire le monde en cendres ", comme le souligne Eva de Vitray Meyerovitch, sa traductrice en langue française.

Cette révélation scientifique s'inscrit dans le dogme inculqué par Sidna Ali, gendre et compagnon du Prophète, auquel le schisme se réfère. Le Messager d'Allah dit : " Je suis la cité de la science. Ali en est l'accès... ". Il était donc le porte-parole du Prophète ,en l'occurrence.

Rûmi n'a fait que nous la transmettre. Même John Onnell, rédacteur scientifique de New York Herald Tribune, souligne, dans un ouvrage sur l'atome, publié, en 1943, aux U.S.A, que ce fut Abou Al-Hassan Ali, qui avait formulé, durant les trois premières décennies de l'avènement de l'Islam, cette saisissante réalité coranique.

Dans un autre domaine, le Coran dit : "Les cieux et la terre étaient soudés et Nous les avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante" (Sourate 21, Verset 30).

Aussi bien, tout être vivant, toute matière minérale, ne réagit qu'en fonction de l'eau qui lui permet de s'ioniser.

J'ai cité, dans des chapitres de mon récent ouvrage  l'Islam et la morale Universelle, des dizaines de versets coraniques, en conformité avec les données de l'hydrologie moderne.

"Nous lâchâmes les vents comme facteurs de fécondation " (Sourate 15, Verset 22) (les vents transportent le pollen jusqu'aux fleurs femelles pour les faire féconder).

Dans la Sourate 4 au Verset 56, la fonction sensorielle est liée à la peau du mécréant, rôtie en Enfer et remplacée par une nouvelle peau. La science moderne n'a découvert que très tardivement, la liaison entre les nerfs sensitifs et l'épiderme.

"Il tira de leur (les abeilles) ventre, une boisson aux couleurs différentes où se trouve une source de guérison pour les humains" (Sourate 16, Verset 69).

Du régime alimentaire, réglé et régularisé par le Coran, nous nous contentons, dans ce bref exposé, de l'analyse du rôle du miel, dans la thérapie moderne.

Le miel est indiqué pour les personnes nerveuses, irritables, neurasthéniques, insomniaques et dans de nombreuses affections psychiatriques. On rapporte, aussi, l'efficacité du miel dans le traitement de l'alcoolisme chronique. Il convient de signaler qu'Avicenne reconnaît l'effet tranquillisant du miel, ses effets contre l'angoisse, l'anorexie, et dans l'amélioration de la mémoire et des facultés mentales. Il recommandait le miel pour la longévité et la préservation des capacités physiques, chez le vieillard. Il disait : " Si vous voulez rester jeune, prenez du miel". Il préconisait que les personnes dépassant l'âge de 45 ans, devait prendre régulièrement du miel, avec de la noix écrasée (du fait de sa richesse en lipides).

Ces données coraniques et traditionnelles démontrent, donc, la scientificité du sacré.

Spencer disait : " J'ai entendu un Anglais, converti à l'Islam , dire ceci : les philosophes du monde, réunis, peuvent-ils déceler une seule erreur dans le Coran ? Ils ne pourront rien y trouver de faux, même en se référant à toutes les découvertes scientifiques. Si l'on suppose qu'ils découvrent quelque chose qui soit en contradiction avec la science, l'erreur ne sera pas imputable au Coran, mais à la science même, parce que les sciences sont en perpétuel développement et leurs données subissent quotidiennement des modifications. Cependant, chaque nouvelle donnée de la science, recèle une confirmation manifeste de ce que le Coran a déjà avancé ". " Citons – dit encore Spencer – l'exemple des astronomes qui prétendaient, autrefois, que la terre était immobile et que c'était le soleil qui se déplaçait dans le ciel. Puis, une autre théorie venait dire le contraire. Aujourd'hui, ils disent que tous les astres et planètes sont en mouvement et que le soleil a une orbite, tout en se déplaçant vers un point fixe ".

Et Spencer d'ajouter : " au cours d'un voyage, j'ai rencontré le célèbre professeur français, le docteur Gréna à qui j'ai demandé les raisons de sa conversion, et qui me répondit :

"J'ai lu attentivement les versets du Coran qui mentionnent les sciences naturelles et l'hygiène, j'y ai trouvé les leçons que j'ai dû apprendre, quand j'allais à l'école. J'ai constaté que tous ces versets sont conformes à nos connaissances actuelles. Je me suis, alors, converti à l'Islam, parce que j'ai eu la certitude que le Prophète Mohammed a annoncé la vérité et que l'Islam ne va pas à l'encontre des sciences. Je suis convaincu que, si tous les savants faisaient une comparaison entre le Coran et les connaissances acquises dans leurs domaines, ils se convertiraient à l'Islam ".

Dans son ouvrage  la Bible, le Coran et la science , notre ami Maurice Bucaille nous propose d'aller aux sources, c'est-à-dire de prendre en considération ce que contiennent les Ecritures saintes, fondements de la foi, du point de vue des rapports entre ces dernières et la science.

D'abord, des réflexions sur de nombreux phénomènes naturels, évoquant l'Omnipotence divine, qui furent entendues comme des invitations à l'accroissement du savoir humain. En font foi trois paroles du Prophète Mohammed : " Recherche la science même en Chine ", " Recherche la science du berceau à la tombe " et " L'encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs ". De tels appels constituèrent le moteur de l'essor de la civilisation islamique qui influença tant le monde.

Eva de Vitray Meyerovitch souligne aussi : " La religion du livre par excellence, c'est l'Islam puisqu'il est basé tout entier sur un Livre. La tradition n'y tient que peu de place ; et puisqu'il n'y a pas d'Eglise dans l'Islam, pas de clergé, pas d'autorité chargée de dire la vérité, tout se réfère au Livre. La tradition tient déjà plus de place dans le Judaïsme, tandis que le Christianisme est basé sur le Message de l'Evangile, sur les témoignages des premières communautés et par la suite, sur les enseignements de l'Eglise ". Et l'auteur de poursuivre : " Les Evangiles sont inspirés, alors que le Coran et la Thorah sont révélés; dans ceux-ci on ne peut changer une lettre. C'est en ce sens qu'ils sont dictés ou, si vous préférez, révélés ".

Deuxième ordre d'énoncés coraniques à prendre en compte : des réflexions sur de multiples objets allant des premiers âges du monde à la reproduction humaine, en passant par l'astronomie et les sciences naturelles, en général. Ces réflexions sont en accord parfait, avec les connaissances modernes, et d'autre part, elles ne sont accompagnées d'aucune allusion à des idées de l'époque, que l'on aurait, plus tard, reconnues comme inexactes.

La Bible ne contient aucune réflexion comparable. Faut-il s'en étonner ? Absolument pas. On sait, en effet, de nos jours que les livres de la Bible sont des livres inspirés, les auteurs s'exprimant, en dehors des enseignements religieux proprement dits, selon les idées de leur temps. Comment, dans ces conditions, n'y trouverait-on pas ce que l'on a appelé des erreurs scientifiques, si bien présentées ainsi par le Professeur Jean Guitton : " Les erreurs scientifiques de la Bible, ce sont les erreurs de l'humanité, jadis semblable à l'enfant qui n'a pas encore la science ". Il existe cependant, de remarquables points de concordance : ainsi les livres de la Genèse de l'Exode contiennent des données permettant une confrontation harmonieuse avec des acquisitions historiques et archéologiques modernes. A l'inverse, ne sont plus acceptables des affirmations du Livre de la Genèse sur les premiers âges du monde, de la terre et de l'homme, ainsi qu'au sujet du monde vivant.

La Bible (chap. 4,5,11,21et 25 de la Genèse) situe la naissance d'Adam trente-huit siècles avant Jésus, celle d'Abraham, près de vingt siècles après Adam. Cette période séparant les deux naissances (Adam - Abraham) est la base de la tradition juive, dans l'établissement de son calendrier, qui place la création du monde en l'an 5757, si l'on part de l'année chrétienne 1996.

Selon la généalogie établie par Matthieu pour Jésus, à partir d'Abraham, elle comporte quarante deux générations, alors qu'elle se monte à soixante dix-sept, dans l'Evangile de Luc. L'un et l'autre pèchent à la base, en préconisant une généalogie masculine pour le Christ, fils exclusif de Marie, sans père biologique.

Le cardinal Danielou dénigre, pour défendre ces excentricités, la mentalité occidentale, l'ignorance du judéo-christianisme, qui ont égaré tant d'exégètes dans l'interprétation des Evangiles, influencés par les idéologies platoniciennes, cartésiennes, hégéliennes et heideggeriennes.

Mais, Bucaille note que "ces philosophes ne sont pour rien dans l'attitude critique que l'on peut avoir, vis-à-vis de ces généalogies fantaisistes".

Si on se réfère à la datation préconisée " scientifiquement " pour le type humain préhistorique, il y aura un hiatus de quelques millions d'années, au cas où les crânes fossilisés découverts, seraient réellement ceux des hommes adamiques. Le livre de Darwin : De l'origine des espèces (1859) déclencha un très vif débat entre ses partisans et les biblistes britanniques ; ces derniers perdirent la partie, pour s'être refusés à répondre que les sources du Livre de la Genèse étaient multiples (on le savait déjà), que les contradictions et erreurs s'expliquaient de ce fait et qu'il ne fallait pas prendre la Bible au pied de la lettre. A partir du XIX ème siècle, on va extrapoler et conclure à l'incompatibilité entre la science et la foi. Aujourd'hui, un tel débat n'aurait plus sa raison d'être, si l'on voulait bien accepter avec le Concile de Vatican II, que tout enseignement religieux mis à part, les livres de l'Ancien Testament " contiennent de l'imparfait et du caduc ".

La scientificité de la théorie évolutionniste de Darwin n'est pas démontrée par les savants modernes, dont maints chercheurs éminents dénient l'authenticité. La dimension – temps accordée à l'homme fossilisé est vertigineuse.

Le carbone quatorze aurait un rôle décisif, dans la détermination des maxima et minima temporels. Or, il s'est avéré que l'efficience commensurable de ce carbone-mesure ne saurait excéder un laps de temps très limité. Le savant pakistanais Kauzar Niazi a cité, dans son ouvrage  Creation of man, le Professeur Carleton, auteur d'une étude célèbre  The history of man , qui avance, avec assurance, que le monde a été créé, sept mille ans seulement avant l'ère chrétienne. H.G. Wells affirme dans son Traité intitulé  The outline of history, qu'on peut remonter jusqu'à douze à vingt mille ans, au maximum. Aucun savant n'a prétendu, avant Darwin, en 1858, que l'âge de l'homme atteint les durées préconisées par des statistiques exubérantes, à l'encontre des durées classiques décelées par le processus historique .

Le Coran n'a parlé que de la métamorphose ou transformation de certains transgresseurs en singes et non l'Univers, comme signe d'évolution du singe en homme. "Soyez des singes – dit le Coran, s'adressant à ceux qui avaient enfreint le sabbat – chassés (de la miséricorde divine). Nous en fîmes une dure leçon pour leurs contemporains et pour les générations à venir et un avertissement utile aux gens pieux " (Sourate 2, Versets 65 et 66).

Cette transformation doit être conçue au sens figuré, signifiant notamment, un rabaissement moral au niveau impudique et irrationnel des singes.

Le caractère réellement scientifique du Sacré, émanant d'un dogme authentique, n'est plus à démontrer.

L'Association  " Islam et Occident", (dont j'ai pu participer à la fondation à Genève) développe l'idée de cette symbiose, en montrant l'apport de l'Islam.

" La science et la technologie doivent être adaptées à un environnement donné et non l'inverse. Elles doivent être mises au service de l'homme et non l'inverse. A cet égard, la société occidentale contemporaine, sans doute, a beaucoup à apprendre d'autres cultures, quant à leur conception et à leurs principes du progrès et du bonheur de l'homme. "

" La civilisation islamique présente, ici, un intérêt particulier et jouit incontestablement, d'une mission beaucoup plus importante que celle d'avoir seulement servi – ainsi que les intellectuels occidentaux se l'imaginent souvent – de relais, pour les idées de l'Antiquité vers l'Europe médiévale. "

" La principale leçon de la science musulmane est son insistance sur la notion d'un équilibre balancé, quant à l'usage de l'énergie mondiale, qui ne détruirait pas l'équilibre écologique subtil de l'environnement, dont dépend finalement la survie collective. "

La technologie musulmane est en symbiose avec l'homme.

Le Baron Carra de Vaux affirme, dans ses  Penseurs de l'Islam  que " c'est bien l'Islam qui a donné au Christianisme un mode de philosopher, fruit du génie naturel de ses enfants. Malheureusement, cette harmonie, entre les adeptes des deux Religions Révélées, a été envenimée par les mobiles politico-économiques du colonialisme occidental, qui faussa le cours de l'histoire. Dans cette ascension vers les plus hautes destinées humaines, les rapports de l'Islam et de l'Occident ne sauraient marquer cette note discordante, qui doit accompagner, facilement, toute lutte pour la vie. C'est que les peuples du XXème siècle possèdent, en commun, une même morale individualiste et universaliste, qui prolonge l'homme au-delà de sa destinée terrestre ". Ce fait essentiel marque " l'humanisme moderne qui caractérise le Christianisme et l'Islam et que le rationalisme bien compris a contribué à enraciner, dans l'âme façonnée par les Religions Révélées ". Maurice Bucaille n'affirme-t-il pas : " Ces aspects scientifiques très particuliers du Coran m'ont initialement profondément étonné, car je n'avais jamais cru possible, jusqu'alors, qu'on puisse découvrir dans un texte, rédigé il y a plus de treize siècles, tant d'affirmations relatives à des sujets extrêmement variés, absolument conformes aux connaissances scientifiques modernes ".

" Ce qui frappe, d'abord, l'esprit de ce qui est confronté avec un tel texte, pour la première fois, est l'abondance des sujets traités : la création, l'astronomie, l'exposé de certains sujets concernant la terre, le règne animal et le règne végétal, la reproduction humaine. "

" Alors que l'on trouve dans la Bible de monumentales erreurs scientifiques, ici je n'en découvrais aucune. Ce qui m'obligeait à m'interroger : si un homme était l'auteur du Coran, comment aurait-il pu, au XIIème siècle de l'ère chrétienne, écrire ce qui s'avère aujourd'hui conforme aux connaissances scientifiques modernes? "

" Or, aucun doute n'était possible : le texte que nous possédons aujourd'hui du Coran, est bien, le texte d'époque, si j'ose dire. Quelle explication humaine donner à cette constatation ? A mon avis, il n'en est aucune, car il n'y a pas de raison particulière de penser qu'un habitant de la péninsule arabique pût, au temps où, en France, régnait le roi Dagobert, posséder une culture scientifique qui aurait dû, pour certains sujets, être en avance d'une dizaine de siècles sur la nôtre. "

" Il est bien établi qu'au moment de la Révélation coranique, qui se situe sur une période approximative de vingt ans à cheval sur l'Hégire (622 après JC), les connaissances scientifiques de l'époque étaient en phase de stagnation depuis des siècles, et que la période active de la civilisation islamique avec l'essor scientifique qui l'accompagna fut postérieure à la fin de la révélation du Coran. "

" On conçoit, dés lors, que , pendant des siècles, des commentateurs du Coran (y compris ceux de la grande période de la civilisation islamique) aient immanquablement commis des erreurs, dans l'interprétation de certains versets dont ils ne pouvaient pas saisir le sens précis. Ce n'est que beaucoup plus tard, à une période proche de notre époque, qu'on put les traduire et les interpréter correctement; cela implique que, pour comprendre ses versets coraniques, des connaissances linguistiques approfondies ne sont pas seules suffisantes. Il faut posséder, par ailleurs, des connaissances scientifiques très diverses. Une étude comme celle-ci est pluridisciplinaire, encyclopédique. "

Le Prophète Sidna Mohammed, ne cessait de répéter : "Je ne suis qu'un homme; quand Je vous commande quelque chose, ayant trait à la religion, faites-le; mais, quand Je vous donne des ordres sur les affaires du monde, alors, Je ne suis qu'un homme".



LA RAISON, EXCLUSIVITE HUMAINE

Q : La raison est-elle exclusive à l'homme ?

R : La raison, faculté de connaître et de juger, est en principe propre à l'homme. Le raisonnement, acte discursif de penser, tend à assurer l'enchaînement des jugements ; ce qui leur donne un cachet dit rationnel. La raison, c'est la sagesse, c'est le comportement équilibré, "qui fuit– comme le dit Molière – toute extrémité". Son summum est – précise le Prophète Mohammed –la complaisance et la bienveillance. C'est un don sublime octroyé par Dieu à l'homme ; tellement sublime, dans l'échelle des valeurs, que son " culte " éloigna certains hérétiques de l'adoration de l'Etre suprême. Il s'agit, selon certains exégètes du Coran d'un dépôt, un sublime dépôt – confié par Dieu à la garde de l'homme –. "Les cieux et la Terre et les Montagnes n'osèrent point en supporter le fardeau ; seul l'homme en eut cette audace, poussé, dans ses élans excessifs, par des sentiments excentriques d'aberrance et d'iniquité". Ce dépôt ne saurait donc être que la raison, lumière émanant de l'Eminente lumière, Allah qui est ,dit le Coran : "La lumière des cieux et de la terre". La raison en est ainsi le promoteur : "Nous avons proposé le dépôt aux cieux, à la terre et aux montagnes, mais ils refusèrent de le porter et en furent remplis de crainte. L'homme, lui, l'a pourtant porté. Il sera toujours un très grand injuste et un très grand ignorant". (Sourate 33, verset 72).

Commentant ce verset, le Dr Salah Eddine Kechrid, note dans son exégèse du Coran : " Tout ce qui est dans l'Univers obéit aveuglément aux lois strictes et immuables de la nature qu'on désigne par le nom de déterminisme scientifique " .

Seul l'homme a la faculté de juger et de choisir, grâce à la raison et à l'intelligence dont Dieu l'a dotées. Ce sont les facultés particulières et ce libre arbitre qui constituent le "dépôt" confié par Dieu à l'homme et que les cieux, la terre et les montagnes refusèrent de garder, effrayés par cette trop lourde charge.

La raison est ainsi le promoteur et le catalyseur de tout acte humain équilibré. Il a été remis – disent les Soufis – au soin de l'être humain, comme garde, chargé de la sécurité de son corps, partie vivante de son être, en tant qu'adjoint de Dieu, veillant sur tout ce qui est temporel.


ISLAM ET RATIONALISME

Q : Qu'est ce que le rationnel ?

R : La raison est définie comme une faculté propre à l'homme, qui lui permet de connaître et de juger. Toute faculté humaine constitue, dans la conception des grands philosophes, tels Socrate, Aristote et Platon, une fonction psychique. De ce point de vue, la raison est l'ensemble des facultés intellectuelles. Ici, le psychique rejoint le rationnel, car celui qui ne jouit pas effectivement de toutes ses facultés, n'a pas toute sa raison. La raison et la psyché (d'où émane l'individualité) sont une osmose où des subtilités impondérables s'interpénètrent intimement. C'est pourquoi Ghazzali, grand philosophe musulman, voit dans la raison, le subtil osmotique qu'il qualifie de divin, donc de sacré. Même les poètes ou hommes de Lettres, comme Molière s'accordent, pour dire que "la parfaite raison fuit toute extrémité". C'est une symbiose qui structure la personnalité humaine, en associant deux impondérables qui semblent différents l'un de l'autre.

Il est vrai que le sentiment et l'instinct n'ont pas de place dans le vrai raisonnement, car, comme le dit Pascal, " le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point ". Le raisonnement est donc l'opération discursive de la pensée, loin de toute implication sensorielle. La science moderne, basée sur les tests du réél, décèle un début de solution, pour un problème considéré, jusqu'alors par la science, comme insoluble et qui touche un point essentiel de la connaissance: l'existence d'un dualisme sujet-objet, d'une unité psychophysique du monde et de l'homme. A partir de la nature de cet " impondérable ", on commence à entrevoir une éventuelle expression de l'homme à double essence, psychique et rationnelle. Robert Linssen a essayé d'en définir le concept, dans son ouvrage Spiritualité de la Matière (Edition Planète), préfacé par son maître, le Professeur Robert Tournaire, de la Faculté des Sciences de l'Université de Paris et de l'Ecole Supérieure Nationale de Chimie. L'évolution sensationnelle des sciences physique, biologique et psychologique, durant la dernière moitié de notre XXème siècle, a bouleversé certaines notions traditionnelles, révélant la nécessité d'une révision radicale de certains concepts, liés à l'idée de la dichotomie classique, Esprit et Matière. Cette conception est, aujourd'hui, sinon battue en brèche, du moins fortement ébranlée. Elle ne semble plus reposer sur un fond scientifique solide, à la suite des travaux entrepris par d'éminents physiciens et chimistes tels Lorentz, Einstein, Alexis Carrel et autres. Une nouvelle thèse se fait jour, identifiant le temps comme un aspect du mouvement et non de la substance, mettant ainsi en évidence l'unité énergétique de l'univers et la corrélation inhérente entre la physique et la biologie d'une part et la psychologie discursive et rationnelle, d'autre part.

Il s'avère, de plus en plus clairement, que certaines idées accumulées et cristallisées par le temps, ne sont que des créations mentales, dans le contexte du vrai sens de la mentalité qui fait promouvoir un état d'esprit, une habitude de pensée et de se représenter la réalité. Certaines valeurs ankylosées par un empirisme radical, basé sur la seule expérience, sans recourir au raisonnement équilibré, humainement équilibré, bute, alors, sur la révolution bouleversante de la technique, c'est-à-dire de la science, conçue dans son cadre humain, selon laquelle une théorie qui procède du seul raisonnement ou repose discursivement sur lui, s'extériorise et se précise matériellement. Ainsi, l'idée de complémentarité entre faits ou états jugés contradictoires, a été introduite en physique par Heisenberg et Bohr qui en font, désormais, l'une des clés fondamentales, permettant à l'homme d'accéder à la compréhension du paradoxal, sinon de l'incompréhensible.   " Nous pensons que l'électron est – par excellence –, l'intermédiaire et le messager servant de lien entre ces deux pôles de l'Univers : le physique d'une part et le psychique et le spirituel, d'autre part ..." souligne Robert Linssen. On ne saurait assez souligner l'impact du parallélisme existant entre la mémoire des "cerveaux" électroniques et celle de l'homme, entre le processus de la cybernétique et celui du cerveau humain.

Le physicien Alfred Hermann n'a pas hésité à avancer, avec assurance, que l'électron qui est le constructeur et l'animateur de tout ce qui est vivant, est "la seule unité matérielle qui puisse entrer en contact direct aussi bien avec le psychisme individuel que cosmique". Qu'est-ce que donc que cet électron doué de la faculté de comprendre " des ordres venant de la psyché "? Quelle est la nature de l'énergie que cet électron concentre ?. "Un nombre de plus en plus grand de savants et de penseurs s'accordent à considérer que l'Univers ressemble davantage à une grande pensée qu'à une machine régie par les seules lois du hasard". Les travaux du savant Anglais Lawden, du mathématicien et philosophe Lupasco, du mathématicien et chimiste Tournaire, du physicien Dirac, du Dr Godel, de Robert Oppenheimer, de Teilhard de Chardin, de Chauchard, et de tant d'autres, mettent en évidence certaines capacités de mémoire et d'intelligence, non seulement de la matière organisée, mais, aussi, de la matière inorganisée.

La science progresse à pas de géants : de la théorie, avancée, dès 1925, par le prince Louis de Broglie, sur un Univers à cinq ou sept dimensions (généralisation logique de la notion de relativité), Mircéa Eliade, passe à l'idée de l'existence d'une réalité intemporelle, se situant au-delà de nos catégories d'espace-temps. La métamathématique, vers laquelle s'orientent les savants, est la science de demain qui décèlera un champ différent du champ habituel des opérations mentales et révélera des dimensions nouvelles, basées sur l'idée avancée par le Congrès mondial de Physique de Pékin (1960), sur l'existence de formes extrêmement réduites et subtiles de l'énergie. N'est-ce pas là, la preuve de l'existence d'une superstructure psychologique, foncièrement liée à la fois au rationnel et au temporel ? Rien donc, ne doit être taxé à la légère, d'irrationnel, s'il semble contredire les concepts discursifs ; l'arationnel, élément non moins discursif, s'érige à coté du rationnel. L'âme, agent spirituel, esprit essentiel de la vie, élément vivant de toute chose, organisée ou inorganisée, évoluant dans le cosmos ou au sein de notre propre être, est le principe vital auquel le Coran fait allusion : "Les sept cieux proclament Sa louange, ainsi que la terre et tous ceux qui s'y trouvent " (Sourate 17, Verset 44).


CULTURE DES SCIENCES

Q : L'Islam incite-t-il l'homme au développement scientifique ?

R : La Loi de l'Islam possède son propre dynamisme : elle s'adapte à chaque lieu et à tous les temps. Le concept essentiel dans toute législation, notamment celle émanant du Coran et de la Sounna, reconnaît tout ce que le consensus général admet librement, dans le contexte des limites bien entendues de ces deux sources. Mais là, l'intérêt général bien conçu et largement défini, demeure le seul critère de légitimité. Le Khalife Omar a bien spécifié que l'Islam vrai est là où se trouve l'intérêt général.

Le licite est en adéquation avec cet intérêt global. Après la mort du Prophète-législateur, la Révélation cesse, mais la déduction par raisonnement continue. Le Coran qui oriente l'homme dans la plénitude de sa vie, aussi bien individuelle que collective, temporelle que spirituelle, nous enseigne un mode de pensée, éminemment créateur. Il répète sans cesse: "Réfléchissez, méditez, raisonnez". Cette dialectique est, chez l'homme moderne, la manière naturelle de procéder d'un intellect libre et souple qui conditionne toute évolution. Le secret des Religions Révélées réside dans la culture des sciences, et la prééminence des options humaines.

Allah nous a ordonné l'usage de tous les moyens de nature à nous aider à réaliser nos voeux. Ce sont des causes ou des mobiles à propriétés déterminantes. Cette causalisation constitue un catalyseur primordial dans lequel les canalisations confluantes ou affluentes n'infirment guère le principe d'unicité du système, dans sa suprastructure. L'intellect sain ne saurait ne pas admettre toute rationalité dégagée des "velléités imaginatives". La science, appelée "fiqh fi ed-din", doit procurer le dévoilement de la vérité, l'épuration de la conscience et le redressement des défaillances des cœurs, provoquées par certaines vicissitudes excentriques de l'âme, dans son ascension vers l'étape ultime et sublime de la quiétude; c'est-à-dire une "paix bien raisonnée". C'est le "forqâne" dont parle le Coran : "Si vous craignez Dieu, Il vous accorde le "forqâne", c'est-à-dire un flux lumineux qui se déverse sur la conscience.

Une clarté qui permet de distinguer nettement et indubitablement le bien du mal et le vrai du faux. L'Imâm Malik, chef du Rite qui porte son nom, a défini la science (canonique et éthique, certes), comme lumière projetée par Dieu dans le cœur des fidèles. Un quadruple processus ouvre alors au croyant, les voies d'un accès progressif à la vérité. Le premier volet de ce processus oriente doublement le fidèle, dans ses rapports avec Dieu et avec ses semblables. Dans un deuxième volet où le tact se raffine, un couronnement se réalise par une adaptation de l'homme à l'Ethique du Vrai, tout en restant soi-même, dans son humilité humaine, axée sur le Droit. L'homme tend, alors, à "idéaliser" ses comportements. Dans les autres volets, le fidèle, devenant un initié chevronné, tend à adapter ses humbles attributs, foncièrement relatifs, aux Attributs Absolus Divins de grâce et de miséricorde – comme dirait Al Ghazzali – qui déversent sur la créature Ses libéralités d'existence et de subsistance.


DU PARADOXE HARMONIEUX

Q : Dans de nombreuses formes à la fois métaphysiques, mythologiques et politiques, le thème de l'identité des contraires est récurrent. Terre et ciel, autorité spirituelle et pouvoir temporel se complètent comme pour mieux reconquérir l'unité primordiale. Dans quelle mesure et selon quels critères, les cadres socio-politiques peuvent-ils diffuser bénéfiquement et harmonieusement une sacralité de l'action ?

R : Certaines formes récurrentes ont tendance à remonter à la source unique qui leur donne naissance. Deux propositions contraires peuvent, en général, être toutes deux fausses, car elles ne sauraient être, à la fois vraies, l'une et l'autre. Mais, en les analysant parfois d'une manière foncière, elles peuvent s'avérer complémentaires. Ce critère se vérifie sur tous les plans.

Le particulier par rapport au général, loin de constituer une contradiction, n'est qu'une spécificité complémentaire dans un contexte générique.

L'exception qui confirme la règle n'est qu'une complémentarité, attestant l'identité de la source. Ainsi, une même réalité peut comporter deux éléments qui semblent contradictoires, tels, en science : " la propagation d'une onde et le déplacement d'une particule qui ne sont que deux aspects complémentaires ".

On peut aller plus loin, en nous référant aux contraires étymologiques dans diverses langues. Par euphémisme, on appelle, en arabe le goudron noir, le blanc : (el biâd) et le feu (nâr), el 'Afia (bonne santé) . En français, on atténue la brutalité du terme " mourir ", par l'expression " s'en aller ". Les exemples abondent.

Dans un contexte mystico-philosophique, " la conception avicennienne – dit Corbin – de la transcendance de l'être vers Dieu, trouve une certaine complémentarité dans la dialectique apparemment contradictoire d'Ibn 'Arabi, qui pense que le Dieu révélé est un Dieu qui pense et qui oeuvre, qui apporte les Attributs Divins et est capable de relations ".

Pour Avicenne (Ibn Sina), les connaissances rationnelles de philosophie et la connaissance de foi transmise par révélation, sont sur un même plan; il ne saurait y avoir contradiction entre ces connaissances. Ibn Sïna est donc sûr de ses conclusions philosophiques, " car la contradiction avec le dogme religieux n'est qu'une apparence qu'il conviendra de dissiper ". La pensée humaine commune tient compte du prolongement de l'homme dans sa destinée transcendante de l'équilibre, sciemment maintenu, dans le cosmos, entre les deux mondes, et chez l'homme, entre l'Esprit et la Matière. Ce point essentiel de la connaissance démontre l'existence d'un dualisme sujet-objet, d'une unité psychosomatique ou psychophysique du monde et de l'homme.

Aujourd'hui, l'évolution sensationnelle des sciences physiques, biologiques et psychologiques, durant un demi-siècle, a bouleversé certaines notions traditionnelles, battant en brèche, ou du moins ébranlant fortement, l'idée de l'antagonisme classique de l'Esprit et de la Matière. Cette transcendance de l'être et de toute " réalité " n'atteste-t-elle pas cette " sacralité " de toute action humaine équilibrée, si spontanément ?.


SCIENCE INFUSE

Q : Que veut dire la science infuse propre aux Prophètes ?

R : C'est une sorte de science émanant de l'omniscience divine que le Prophète appelle science secrète, que le Coran appelle " El 'Ilm elladonny ", science inspirée par projections luminescentes d'une connaissance vivante sur le for intérieur, illuminé par la foi et la pure piété. Avicenne, philosophe, et Ibn 'Arabi, grand soufi, évoquèrent plutôt les Anges ou intelligences séparées, formes épiphaniques par lesquelles les Noms de Dieu se manifestent. C'est la source de cette lumière. L'intellect du Prophète ou du Saint, ou même simplement du croyant qui prie, se trouve en union avec les Anges.

Alors, l'illumination se déverse, selon Avicenne, sur l'intelligence du sujet récepteur ou sur son imagination. La distinction essentielle est que les Prophètes sont, par nature, ce que les gnostiques et les saints ne deviennent qu'après une longue dialectique de purification et d'ascèse morale et intellectuelle. Les Prophètes possèdent en propre un puissant équilibre psycho-somatique qu'ils n'acquièrent pas. Rien n'altère cette science infuse qui n'émane guère de l'intellect, mais d'un flux divin. Ibn Arabi souligne que les sciences telles qu'elles sont conçues par les Prophètes et les Saints sont  extra-rationnelles, que l'intellect sain ne saurait ne pas admettre, s'il est réellement dégagé des velléités imaginatives. Cette science appelée " fiqh fi-ed-dine " tend au développement de la vérité, à l'épuration de la conscience (ou de l'oeil interne) et au redressement des défaillances du coeur, provoquées par les vicissitudes de l'âme. Dans son ascension vers l'étape ultime et sublime de la quiétude, l'initié et les Prophètes a priori, reçoivent l'inspiration qui leur ouvre l'accès aux états de présence sacrés : " Craignez Dieu et Dieu vous infusera la science ", dit le Coran.

Il s'agit du " forqâne " dont parle le Coran : " Si vous craignez Dieu, Il vous accorde le forqâne " ,c'est à dire un flux lumineux qui déverse sur la conscience une clarté qui permet de distinguer inévitablement le bien du mal, le vrai du faux, avec une précision nette quant à certains degrés et nuances. L'Imam Malek et son disciple l'Imam Chafiy avaient, tous deux, défini la science (notamment coranique), comme une lumière infuse, projetée par Allah dans le coeur des fidèles. Selon Larbi Ibn Sayah, il s'agit là d'une connaissance intime qui rend l'initié apte à se frayer un passage adéquat parmi les sentiers sinueux de l'Ethique soufie. Ce Compendium des vertus constitue le ressort et le substrat du soufisme. C'est le secret des dires soufis tel : " Notre coeur nous parle ".

Dans un hadith rapporté par Tabarâny, le Prophète dit : "  Prenez garde au regard intuitif d'un homme croyant ; car la pure luminescence de sa foi lui permet de tout appréhender, grâce à la Lumière d'Allah. Le coeur est le creuset ou le réceptacle de cette science infuse ". Le Messager d'Allah spécifie – dans un hadith cité par Ibn Hanbal et Mawsily – que " le péché est l'acte que le coeur rejette spontanément. Consulte bien ton coeur, même si des jurisconsultes disent le contraire. "

Dans son livre  Mon petit catéchisme, Jean Guitton souligne bien, concernant la Bible et les Evangiles, que " Dieu n'a pas écrit, mais il a fait écrire ses livres, en soufflant aux Apôtres et aux Prophètes ce qu'il voulait nous faire savoir. On appelle ce souffle l'inspiration; les livres écrits par les Prophètes sont appelés " livres inspirés".


CROIRE EN L'INVISIBLE

Q : Loin de tout sensationnalisme, l'Islam nous demande de croire aux anges et aux djinns. Comment la raison ou le savoir empirique peuvent-ils concevoir ou appréhender l'existence d'êtres invisibles ?

R : Le sensationnalisme est l'oeuvre ou la doctrine qui fait sensation ; un article sensationnel est marqué par son signe qui sort de l'ordinaire. On distingue, dans cet ordre d'idées, les organes sensoriels : facultés visuelles, auditives, tactiles, olfactives et gustatives; du sixième sens qui est l'intuition, définie comme le sens des connaissances spontanées. Ce sens est, parfois, défini comme " le caractère intelligible d'une chose, permettant de justifier son existence ".

L'Islam semble avoir donné le pas aux facultés sensitives, si on constate que le Coran, tout en affirmant la dualité Matière-Esprit de l'homme, ne parle que du " corpusculum " "petit corps humain"; "Er-Rouh" "l'esprit", demeure l'exclusivité d'Allah, selon le verset : " l'Esprit est l'ordre (affaire) de Dieu; et de la science, vous n'avez reçu qu'une partie infime ". C'est le souffle divin, esquissé vaguement dans l'expansion commune à toutes les Religions révélées : " Dieu a créé l'homme à son image ". D'après un autre verset " Si vous craignez Dieu, il crée pour vous un critère de discrimination ",  c'est à dire qui vous permet de distinguer le vrai du faux et le bien du mal, par illumination du for intérieur . Dans cette intuition, l'Islam entrevoit un processus de graduation du temporel, bien entendu, vers le spirituel, étape ultime de transcendance.Quoique sensorielle,  " l'intuition est une connaissance directe et immédiate, sans recours au raisonnement ". Par conséquent, une connaissance intuitive est effectivement " une faculté d'intuition développée ". Bergson, développe dans son " Intuitionnisme ", le principe qui pose la connaissance sur l'intuition. Quoique adversaire du néo-kantisme, du positivisme scientiste et du matérialisme, il s'est livré à une analyse critique de la connaissance, à l'aide notamment des concepts de mémoire, d'élan vital , ou de l'intuition.

Le philosophe allemand Kant a analysé " la légitimité du savoir ", dans sa Critique de la Raison Pure (1781), en démontrant que "  la connaissance scientifique est l'union d'une forme et d'un contenu : l'esprit humain fournit la forme; le contenir ne peut venir que de l'expérience sensible ". Kant ne manqua pas d'établir, en conséquence, que l'espace et le temps sont des " intuitions pures, des formes a priori de la sensibilité". Privée du contrôle de l'expérience, c'est à dire du sensationnalisme, la raison métaphysique sombre dans des contradictions insolubles. De là, Kant postule l'immortalité de l'âme et l'existence de Dieu, a fortiori celle des divers êtres invisibles. En 1794, Kant publia, dans ce contexte, une oeuvre des plus marquantes, intitulée La religion dans les limites de la simple raison. Dès la seconde moitié du XIXème siècle, un néo-kantisme vit le jour, inspiré par l'idéalisme transcendantal de Kant; avec d'éminents philosophes et scientistes, cette doctrine se développa pleinement, au cours du XX ème siècle.


L'OUVERTURE SPIRITUELLE

Q : Qu'est-ce qu'une ouverture spirituelle ?

R : Dés que l'initié en plein Dhikr (litanie ou liturgie) se sent apte à se concentrer, il est inspiré : un flot de lumière se projette, alors, dans son for intérieur; suit une insufflation intuitive, pertinemment adéquate, signe précurseur de l'ouverture. Ibn 'Arabi laisse entendre que, dans ce stade, l'élément discursif est dépassé. J'ai une vive impression, voire un pressentiment, que le grand gnostique andalou n'a pas décelé tout le processus; car, la raison demeure vaguement agissante, à travers une des formes mentales: le subconscient. Ghazzali n'a-t-il pas défini la raison, en tant qu'un des éléments du quatuor Raison-Esprit-Ame-Coeur. C'est, en l'occurrence, la conscience tout court, la 'bacira', sorte de vision spirituelle "d'où l'oeil de la conscience ".

La psychanalyse moderne n'est, en fait, qu'une méthode de psychologie fondée sur l'exploration des " processus mentaux " inconscients. Le subconscient n'est autre que " l'inconscient qui renferme l'ensemble des données psychologiques; non actuellement présentes à la conscience. Il est, selon Freud " intemporel, indifférent à la pensée logique ". La conscience est alors " une activité psychologique consciente, une intuition qu'a l'esprit de lui-même ". Quel en est le processus de réalisation ?.

Comment donc se présente cette ouverture spirituelle, chez le gnostique?.

Tant que l'initié demeure dans le stade de simple Elu, il ne peut pas accéder à l'ouverture; mais, en transcendant cet état ou étape, il atteint le 'maqâm' d'élite, de l'élite "Khassatu Al Khassâ", dont la transcendance vers la Haqiqa "Vérité divine", n'est, pour lui, qu'une transgression ou, comme disent les philosophes modernes, un dépassement des possibilités de l'entendement. Mais, dans cette phase de son processus évolutif, le grand Elu demeure lui-même, sans aucun détachement de son concert social. Il revient à la Chariya (Droit exotérique), comme le commun des croyants, donnant à Allah ce qui est dû, sans oublier ce qu'il doit à Sa créature. Il voit celle-ci, la respecte, l'aime, à travers Son Créateur. La multiplicité est, alors, entrevue dans l'Unité (Haqiqa) et l'Unité dans la Multiplicité (Chariya). C'est l'équilibre somato-spirituel qui demeure, à notre sens, le signe stimulateur constant, dans l'ouverture, dégagée de toute extase luciférienne. C'est l'état sublime, auquel sont parvenus les Prophètes et les Messagers d'Allah. Là, l'élite de l'élite a déjà parcouru le trajet de l'extinction ou de la lumière de l'extinction (Nour el Fana d'où le Nirvana chez les Indous) où toute réalité autre qu'Allah est éliminée. L'Elu réintègre son être réel et son propre sentiment de subsistance (Al-baqâ) où l'illumination, la grande ouverture (Al-Fath Al Akbar ), se réalisent dans un double état de constance et de quiétude.

Point n'est besoin de signaler, que dans ce processus initiatique, le Saint évolue, parfois, en 'emboîtant le pas' à un des Prophètes dont le nombre s'élève à cent vingt quatre mille. Tout en étant croyant musulman, il se comporte à l'image de ce Prophète, s'agissant, en l'occurrence, du credo abrahamique commun à tous, où seules certaines contingences temporelles sont sujettes à changement. Ibn 'Arabi affirme, dans ses Illuminations Mecquoises, avoir été lié étroitement à maints Prophètes. Il déclare, notamment, avoir appris du vénéré Messager Moïse, la science de la grande ouverture et du bien-aimé Jésus-fils-de-Marie, la manière de persévérer dans la transcendance vers la Présence Sublime.


LA SENSATION DE DIEU

Q : De quelles manières nos sens nous permettent-ils de nous rapprocher de Dieu le Réel ?

R : Nos sens sont des facultés permettant la perception des réalités matérielles. Un de ces sens consiste dans ce qu'on appelle, le sens de connaissance spontanée intuitive. Le sens commun ou sixième sens est un ensemble de jugements ou d'idées et concepts représentés par un signe ou ensemble de signes, ayant pour essence une vision introspective, sorte d'observation de la conscience par elle-même.

De là (cette osmose ou interpénétration de la science), l'idée de dualisme classique du sensuel et du spirituel est fortement ébranlée; elle ne semble plus reposer sur un fond scientifique solide, à la suite des travaux entrepris par d'éminents physiciens et chimistes tels Lorentz, Einstein et autres. L'imaginaire s'efface, alors, pour laisser poindre le réel. C'est le dogme de la Présence effective d'Allah, pas seulement à l'état d'idée ou de mot. Dans ce contexte, l'initié soufi, aussi bien que le philosophe bergsonien, orientaient leur intellect, pour recevoir l'illumination des substances séparées dans le miroir purifié de leur âme, s'élevant jusqu'à la compréhension intime qui s'oppose carrément au positivisme scientiste du Néo-Vantisme, pour se livrer à l'analyse de la connaissance, à l'aide de concepts d'intuition et des données immédiates de la conscience. Là, Avicenne emploie le même langage qu'Ibn Arabi, en précisant l'un et l'autre, que l'homme, dans son élan spontané, non vicié par un discursif outrancièrement visuel, est apte à pénétrer et vivre l'harmonie secrète qui le relie au cosmos. C'est la pratique, bien conçue et bien menée, des actes cultuels, qui facilitera au croyant initié, la mise en relation avec le Corps du ciel, la captation de l'influx des sphères célestes et l'intensification de la sympathie qui rattache le microcosme au macrocosme.


ATTRIBUTS DIVINS ET INTUITION

Q : La raison, comme capacité réflexive, n'est-elle pas intrinsèquement limitée, quant à la connaissance de Dieu ?. L'intuition ne lui est-elle pas supérieure en ce domaine ?. Si oui, Quels sont les principaux Attributs de l'Essence ?.

R : Les deux questions sont liées l'une à l'autre.

Les Attributs de l'Essence sont ceux qui se déduisent du Nom Allah et constituent un forum, alors que les autres attributs, voués à la Divinité Seigneuriale, sont autant de " stimulus " et de points de référence, pour un moralisme proéminent.

L'initié doit emprunter, dans son processus comportementiel, l'Attribut qui sied à son état et auquel il ne saurait s'identifier que relativement, car l'Attribut divin est Absolu. La nature de l'Essence divine ne saurait être saisie, ni par notre intellect, ni par notre subconscient, ni faire l'objet d'une vision intuitive : on ne peut connaître Dieu que par Ses Attributs, qui sont à la portée de la perception directe du gnostique. Cette conscience de l'insaisissabilité de l'Essence est le signe d'une véritable connaissance d'Allah. C'est l'idée exprimée par Abou Bekr-Siddiq et Pascal. Dieu s'est défini, Lui-même, dans le Coran, comme lumière des cieux et de la terre. Or, la science n'est pas en mesure de sonder la nature intrinsèque de cette lumière ; l'homme ne saisit de l'électricité que ses effets, en tant qu'énergie. Toute controverse sur la connaissance d'Allah est motivée par le fait qu'elle ne saurait être conçue, qu'en dehors de l'entendement. L'âme humaine raisonnable est, en principe, apte à recevoir, par degrés, une communication, toujours plus haute, de cette lumière du flux émanateur, dont elle est formée elle-même, et qui découle, en nécessaire surabondance de l'Essence divine. C'est la nature même de la connaissance mystique, chez Ibn Sina ; cette conception avicennienne de la transcendance de l'être humain vers Dieu, trouve une certaine complémentarité,dans la dialectique,apparemment contradictoire, du grand soufi andalou: Ibn Arabi.

Les Attributs divins sont comme des états, dans lesquels la divinité se révèle à Son serviteur, qui n'est que la forme épiphanique, en qui il est manifesté. Chez le philosophe Ibn Sina et le mystique Ibn Arabi, l'objet d'aspiration ultime est identique, mais les moyens d'accès et les étapes de procession et de transcendance diffèrent.

Allah nous a permis l'usage de tous moyens, de nature à nous aider à réaliser nos voeux ; ce sont des causes ou mobiles à propriétés déterminantes ; chacun de nos actes est ainsi " actué " ou " mobilisé ", grâce à un Attribut dont il est la manifestation théophanique .


SUPERSTITION

Q : La Tradition rapporte les vertus particulières attachées à la récitation de certaines Sourates. Par exemple, réciter la Sourate 110, équivaut en mérite au tiers du Coran. Ainsi, il est de notoriété que les sourates 113 et 114 offrent une protection efficace, contre tout le mal de la création. Un esprit positiviste, ne crierait-il pas à la superstition ?

R : En effet, les deux versets du Coran : " l'Aurore éclatante " (Verset 113) et les " Humains " (Verset 114) parlent, le premier des sorcières qui, au figuré, désignent les vieilles mégères calomnieuses, tendant, avec leurs méchants commérages, à rompre les liens de mariage ou de parenté ; le deuxième verset dépeint l'oeuvre des mauvais esprits, parmi les démons ou les hommes, qui insufflent le mal et inspirent les idées de malchance, troublant la sérénité et suscitant le désagrément et l'ennui. La récitation de ces deux versets constitue une formule d'incantation contre les sortilèges. Le fait de croire à la réalité de ces enchantements, qui attirent soit la chance, soit la malchance, pourrait être considérée comme une superstition, concrétisée par un attachement formaliste irrationnel. En Islam, il faut faire la distinction entre une litanie authentique, cristallisant une véritable invocation d'Allah, en vue d'éliminer certains effets magiques, et un talisman ou amulette, auxquels on attribue des vertus magiques, c'est-à-dire des effets surnaturels. C'est recourir à la magie noire émanant d'esprits infernaux ou à la magie blanche dont on croit l'effet bénéfique ...

Il est vrai que, sur d'autres plans, il existe une certaine puissance, dont il serait difficile de définir la nature, et qui a le pouvoir d'enchanter et d'ensorceler. Un poète génial peut nous charmer; un violoniste chevronné peut susciter, en nous, un effet magique. La musique d'une poésie séduit par son charme spécifique; elle est incantatoire; c'est là un effet naturel, rien d'irrationnel.

C'est pourquoi la guérison, sous l'effet d'un verset coranique, est plausible. Maints hadiths authentiques, en recommandent la récitation. Des titres jalonnent les Recueils de hadiths tels " le traitement par le Coran ", " le Coran remède ". Des dizaines de propos du Prophète nous incitent à recourir à ce moyen de médication par voie surnaturelle : le Pouvoir Divin.

On cite, dans ce cas, la Sourate 112, dite Sourate de la " foi pure ", qui équivaut, en mérite, à un tiers du Coran. Dans un même contexte, on allègue, à l'appui de ce fait surnaturel, le hadith rapporté par Aïcha, épouse du Prophète, et qui dit : " Chaque fois que le Messager d'Allah s'alite pour dormir, il récite le verset de la "foi pure" ou ceux de "l'Aurore éclatante" et des "Humains" (appelés Mouawwidhateïn) c'est-à-dire incantatoires ".

Le Verset des " Mécréants " (Verset 109) a le même effet, selon Tabarâny, ainsi que le premier verset coranique, appelé " l'Ouverture ou le Prologue ", d'après Boukhari et Mouslim, et qui vaut, en mérite, l'ensemble du Coran.

D'autres hadiths signalent les vertus attachées à la récitation d'autres versets, comme les versets 115 et 23 de la Sourate des " Croyants ", qui dit : " Avez-vous donc pensé que Nous vous avons créés, en pur amusement ? "

Allah signale, ainsi, dans Son Livre Sacré, le Pouvoir surnaturel, attaché au Coran: " Nous avons descendu (révélé), parmi le Coran, des versets dotés de la faculté de guérison et de clémence ".


LES FLEAUX DIVINS

Q : Qui ou que peut-on sciemment ranger, sous l'étiquette galvaudée de " fléaux divins " ?

R : En effet, l'acception réelle de cette étiquette de " fléaux divins " a été travestie par de fausses perspectives et conjectures. Le Coran dit : " Que ceux qui transgressent les ordres de Dieu prennent garde d'être victimes de tortures douloureuses " (Sourate 24, Verset 63). Il y a donc, effectivement des fléaux d'ordre divin, qui sont de deux sortes, tous provoqués par Décret péremptoire d'Allah, à l'encontre de Ses serviteurs récalcitrants ; l'un est d'ordre moral, tendant à altérer, sinon perturber la quiétude de l'homme rétif et l'autre à le déstabiliser, profondément atteint par des calamités, de toutes sortes. Dieu leur inflige ce double malheur, si douloureux. C'est donc là, un rappel tendant à avertir et enjoindre à tout un chacun, d'éviter les mobiles provocateurs de cette pénible anicroche.

Dans ce contexte, les fléaux déstabilisateurs et tumultueux sont faits d'agitation, de désarroi, autant d'épreuves, suscitées par ordre d'Allah, par amour pour Sa créature, qu'Il veut voir fidèle et intègre. Dans maintes conjonctures, le fidèle est inconscient de ses méfaits. Il n'en ressent le poids que s'il est éprouvé.

Il est donc mis à l'épreuve, pour ressentir le remords et le chagrin et mesurer le danger qu'il encourt, en vue d'être plus conscient de sa responsabilité et sentir le besoin impérieux de se rectifier et de se rétablir. Les athées eux-mêmes sont sensibilisés par la déstabilisation que connaît le monde, aujourd'hui se sentant astreints à retourner à Dieu.

Des hadiths authentiques, rapportés par Boukhari, Mouslim et les Sonan, citent une série de fléaux, dépeints par le Prophète, et dont quelques uns constituent, déjà, des signes précurseurs mineurs, prévenant un avenir sombre, qui constituera le commencement de la fin. Il est fait d'un tas de profonds tourments concrétisés par des guerres, des conflits mondiaux, des séismes, des éruptions volcaniques et même des phénomènes qui nous paraissent normaux, telles les inflations. Ce double supplice physique et moral est pire que le supplice de Tantale. Les exaspérations impérialistes sournoises, opérées au sein même de l'O.N.U., sont prévues par un hadith d'Abou Dawoud, comme l'un des signes mineurs. D'autres fléaux plus graves, consistent dans l'avènement du " Messie Jésus " et de " Mahdi l'Attendu ", dont le double avènement tend à redresser les torts et ramener une certaine quiétude, dans les coeurs des fidèles. Ces fléaux seront les signes majeurs de l'Apocalypse, prévue par toutes les religions.


L'ASTROLOGIE

Q : La tradition cite des jours fastes et néfastes et, bien sûr, comme toute civilisation, l'influence des astres est reconnue ; s'agit-il d'une science bien établie ?.

R : Le Coran dit : " Nous avons effectivement orné le ciel inférieur, avec des lampes (étoiles) dont nous avons fait des projectiles pour frapper les démons ". (Sourate 67, Verset 5). Qatâdah, compagnon du Prophète, commente ce verset, en précisant qu'Allah avait créé ces étoiles, pour trois raisons : comme ornements du ciel, projectiles contre les démons, et balises pour signaler l'orientation, dans une circulation aérienne ; et, il termine, en affirmant " que celui qui imagine autre chose est dans l'erreur, se représentant une figuration qu'il ignore " (Boukhari). Selon le premier exégète du Coran, autre compagnon du Messager d'Allah, Abdellah In Abbâs, il s'agit là, du " plafond " du Monde Astral où astres et planètes, sont accrochés, à l'instar des lustres, au " celing " plafond du monde, qualifié parfois, de sublunaire: on peut établir un parallélisme entre cet ensemble astral qui évolue, dans l'espace cosmique, bien au-dessous des cieux, et, ce qu'on a appelé, le système solaire ; ce point de vue coranique cadre avec les données de la science astronomique moderne, à l'encontre des concepts astrologiques qui ont faussé les interprétations. L'astrologie s'est alors dégradée au Moyen Age, pour devenir une sorte de science fictive, imprégnée de magie.


L'ISLAM COSMIQUE

Q : Qu'est-ce le cosmos par rapport à l'Islam ?

R : L'Islam abrahamique est cosmique, c'est-à-dire universel dans sa double conception de l'Absolu et du relatif. Le cosmos évolue entre deux axes : le divin qui est l'Absolu, l'humain qui est le relatif; toute cause émanant de l'Absolu qui peut se relativiser, peut, alors, être à notre portée. Allah s'est "relativisé", dans le Coran, dans le but d'expliciter, en l'approchant, l'Omnipotence divine.

Mais, l'effet, qui, lui aussi se relativise, devient la cause d'un autre effet.

"Dieu est la Lumière des cieux et de la terre, l'image de Sa Lumière serait une niche où se trouverait une lampe. La lampe serait dans un récipient en cristal, le récipient serait tel un astre, ayant l'éclat d'une grosse perle. Sa flamme serait alimentée à partir d'un arbre béni : un olivier d'orientation ni Est ni Ouest. Son huile éclairerait presque, même sans avoir été touchée par le feu. Lumière sur lumière" (Sourate 24, Verset 35).

La Religion Universelle, est , en fait, une osmose unificatrice. Elle incite les Humains, tous les Humains, à invoquer le Dieu Unique, à travers les dogmes révélés à Abraham et aux trois Messagers d'Allah : Moïse, Jésus et Mohammed.

L'Islam abrahamique universel est celui dont les perspectives cosmiques enveloppent les mondes, "scientifise" le céleste et sacralise toute la terre, toute l'humanité que Dieu, l'Absolu, aime, en tant que Ses créatures, abstraction faite de leurs options (apparemment croyantes ou mécréantes).Car, en chaque être, réside un subconscient adorateur. La terre toute entière est considérée par l'Islam "comme une vaste mosquée pure et sacralisée".

"Certes, il y a dans la création des cieux et de la terre, dans la différence entre la nuit et le jour, dans le navire qui vaque en mer avec ce qui profite aux gens, dans ce que Dieu fit descendre du ciel comme eau, avec laquelle Il fit revivre la terre, après sa mort, pour y disséminer, ensuite, toutes sortes d'animaux, dans la distribution méthodique des vents et dans le nuage soumis entre ciel et terre, il y a dans tout cela des signes, pour un peuple doté de raison" (Sourate 2, Verset 164).

Définissant l'esprit universaliste de l'Islam, Eva de Vitray Meyrovitch, précise que "ce qu'elle trouve tout a fait remarquable, c'est que la prière de l'Islam est une prière cosmique; elle se relie aux saisons, à la lune, au soleil (...) elle est une mise au diapason d'un cosmos sacralisé ".


LA QUESTION DU TEMPS

Q : Existe-t-il un temps antérieur à notre temps physique ?

R : Le temps, c'est la dimension de l'univers, selon laquelle semble s'ordonner la succession irréversible des phénomènes cosmiques. L'échelle du Temps Universel se déduit de la rotation de la terre autour de son axe et de son mouvement autour du soleil. Le Cosmos, c'est aussi l'univers, mais considéré comme un tout, organisé et harmonieux, englobant spécifiquement l'espace extra-terrestre. C'est l'espace-temps, non euclidien, base de la théorie de relativité générale d'Einstein et de la réalité coranique concrétisée par les différences dimensionnelles du temps, définie par les deux journées seigneuriale et ascensionnelle. Cette osmose universelle est englobée au sein du " Korsy divin " (Trône), car Allah existait seul, en " Thesaurus secret", avant la création de ce Temps Universel; " Allah était et nul autre que Lui, son Trône était sur l'eau, puis Il créa les cieux et la terre " (Boukhari). " Il élabora les portées et les dimensions de Ses créatures, cinquante mille ans avant la création des cieux et de la terre" (Mouslim). C'est le temps en puissance, c'est le credo des Religions Révélées. Notre propre existence, en tant qu'êtres humains, c'est à dire notre temps physique, commence avec Adam, père de l'humanité.

Y avait-il une autre espèce extra-adamique, avant nous? Les Ecritures, dont le Coran, sont muettes. Le grand soufi andalou, Ibn Arabi, parle d'une quarantaine d'autres "Adam qui nous auraient devancés sur la terre ". Une théorie avancée par l'Anglais Darwin (1809-1882) préconise un certain évolutionnisme ou sélection naturelle des êtres vivants, basé sur la découverte de fossiles, tirés du sous-sol, comme empreintes concrètes d'autres êtres disparus.

A cette théorie darwinienne s'oppose le Lamarckisme, dont le promoteur est le naturaliste français Lamarck (1744-1829) dont le mouvement, rénové par le néo-Lamarckisme, demeure vivace dans son élan conservateur de la théorie classique, cadrant avec le dogme " temporel " monothéiste.


FINITUDE DE L'UNIVERS

Q : De nombreux versets coraniques font allusion à la finitude de l'univers, tandis que d'autres expriment l'idée de vie présente et de vie future, après l'anéantissement du monde. Cette extinction doit-elle s'entendre d'un point de vue strictement astronomique ?

R : La croyance en une vie future, après la mort, constitue un article fondamental, dans la profession de foi des Religions Révélées. C'est une des bases de " l'Imân " ; l'Islam – d'après un hadith rapporté, notamment, par Mouslim et Boukhari – est la formulation du dogme ; la foi en est l'acte qui se concrétise, dans notre vie présente, par le comportement idéal où la foi comporte – comme souligne un autre hadith cité par les Sonan – plus de soixante dix branches, dont la plus infime consiste à " écarter d'une voie publique, tout obstacle pouvant nuire aux passants ". Le culte est donc, en principe, spécialement social, d'autant plus que la vie est conditionnée, selon un hadith, par l'Ethique de la vie présente. C'est pourquoi, Boukhari fait état, dans son " Adab el Moufrad ", d'une tradition authentique du Messager d'Allah : " Si – dit-il – les signes de l'Apocalypse ou la fin du Monde venaient à se manifester au moment où vous vous apprêtez à mettre un plant en terre, n'hésitez pas à le planter ". L'acte bénéfique cristallise, ainsi, le comportement de l'homme dans sa vie présente.

La vie future n'est que le prolongement de notre existence physique, quand notre âme sera transportée, dans un Purgatoire (barzakh) où séjournent les bienheureux et les Elus, après la mort. Et l'anéantissement de la vie de l'homme sur terre n'est que la phase finale, dans l'enchaînement des phénomènes, assurant l'évolution de nos organismes biologiques, depuis la naissance jusqu'à la cessation de nos facultés corporelles ; autrement dit, notre vie présente qui évolue, dans le cosmos ou l'Univers, est suivie d'une autre vie éternelle, dans un au-delà, " un monde dit de lumière ".

La datation de cette finitude de l'Univers est symbolisée, dans un hadith, par une parabole ou récit allégorique : le Prophète compare la vie de l'homme sur terre à la rotation galactique ou mouvement propre du soleil : " Quand, dit-il, signalant le peu qui reste à l'homme pour vivre sur terre, on voit le soleil à la cime d'une montagne, prêt à coucher, cet écart entre la journée passée et le reste du temps que met le soleil pour disparaître sous l'horizon, concrétise l'espace temporel restant de la vie de l'homme sur terre ". Dans d'autres hadiths, cette finitude est soulignée, effectivement, par la venue de Jésus le Messie et la courte durée de son règne sur terre. Le millénarisme, doctrine du millenium qui fait prolonger cette phase à un millier d'années, manque de fondement.

Quant à l'effondrement de l'Univers, à l'occasion du Jugement Dernier, il est dépeint dans le Coran (Sourate 82, Versets 1-2-3). L'extinction de l'Univers s'entend donc, doublement finalisée par l'effondrement astronomique de la galaxie.


L'HOMME NÉ DANS L'ARGILE ?

Q : Divers versets coraniques soulignent la nature argileuse de l'être humain, quelles sont les données de la science?

R : " C'est (Allah) qui a bien fait toute chose qu'Il a créée et qui, à partir de l'argile, a amorcé la création de l'homme " (Sourate 32, verset 8). D'autres Sourates le répètent, comme la ( Sourate 35, verset 11.)

La théorie selon laquelle la vie est née dans l'argile, a été élaborée dans les années soixante (1960) par le chimiste Graham Cairus-Smith de l'Université de Glasgow. Elle va à l'encontre de celle qui veut que la vie ait émergé de la " soupe originelle " des Océans, à la suite de réactions chimiques fortuites. La théorie argileuse avait été mise en avant, dans les années trente, par le chercheur soviétique Oparine. Elle fut annoncée au cours d'un symposium, réuni au centre de recherches  de la NASA, à Mountain View (Californie) : on démontra, alors, que l'argile possède deux propriétés essentielles à la naissance de la vie. A savoir : la capacité de stocker et celle de transférer de l'énergie.

La théorie darwinienne a été battue en brèche dans les Conceptions scientifiques morales et sociales d'Einstein, et dans le livre  Nombre et pensée  du soviétique Kontratov (1967), Toi ce petit Dieu de Pierre Gracé, Origine de l'homme de Pierre Biberson...pour ne citer que ceux-là.

Q : Pourquoi l'argile et non la lumière ?

R : Dans un hadith rapporté par Mouslim "Les Anges sont créés de lumière, les génies d'une flamme ardente et sans fumée; Adam d'argile et d'un souffle divin " l'Ange, être immatériel, n'obéit guère aux lois du temps et de l'espace. La flamme symbolise l'orgueil et la violence. L'argile éteint le feu, auquel il est réfractaire, symbolisant la paix et l'humilité.

La lumière, chez l'Ange, est représentée par les particules élémentaires, qui se déplacent à très grande vitesse et présentent les caractères d'une onde d'où la luminescence avec son rayonnement fluorescent ou phosphorescent. Mais, la luciférienne produit aussi de la luminescence de certains insectes. Lucifer est le nom sous lequel le démon est souvent désigné par les Pères de l'Eglise. D'ou l'orgueil luciférien.


CLARTE ET PRECISION DANS L'ADORATION

Q : La confusion et le dérèglement de l'esprit sont-ils les signes de l'élection divine ?

R : Non, il s'agit seulement d'une clémence d'Allah ; à l'avantage de ceux dont le potentiel discursif a été réduit par Dieu jusqu'à l'anéantissement ; ils ne sont guère responsables de leurs actes; certains sont appelés malàmitya et mejdoub (aliénés attirés vers Dieu). La base de toute responsabilité est, en Islam, le pouvoir d'entendement qui permet de distinguer le bien du mal et le vrai du faux. Cette " raison " est le seul catalyseur où le rationnel prime le cultuel et en régularise la codification. Le Prophète décommande toute litanie confuse dont les termes risquent d'exprimer des notions contraires aux Prescriptions divines. La simplicité est de rigueur.

" Les propos dont le sens est inaccessible constituent un motif de perturbation pour ceux dont l'esprit est inapte à les saisir ". (Mouslim : rapporté par Ibn Messaoud). Le hadith incite à la clarté et la précision dans tout propos, qu'il soit scientifique ou terre-à-terre. Le Messager d'Allah, répétait trois fois Ses sermons et remontrances, pour éviter le doute et l'incompréhension.

" Ne dites aux gens – affirme Ali, gendre du Prophète – que ce qu'ils peuvent connaître; voulez -vous, qu'Allah et son Messager soient l'objet de mecréance ?"  (Boukhari).


"CHATAHAT"OU PROPOS EXTATIQUES

Q : Certains soufis semblent avoir des options discordantes, pouvant inciter le profane à en voir une marque d'égoïsme; pourquoi ce désaccord ?

R : Chacun des Elus qui sombre dans la lumière de l'extinction, dite " noûr el fanâ " (d'où le nirvâna chez les Bouddhistes), demeure, néanmoins, conscient de l'existence cosmique ; certains sont engloutis dans les Océans de la Divinité, émettant, parfois, des propos excentriques, voire même hérétiques, sous l'impact de cette emprise divine qui les écrase ; c'est ce qu'on appelle " Chatahât " (propos extatiques). Ibn Taymiya, le grand réformateur salafi, adversaire déclaré du soufisme, tel qu'il est conçu par certains " puritains ", acquiesce, pourtant, à ce genre de déviance, qu'il taxe d'irresponsabilité, puisque le patient n'est pas dans son état normal. Dans une telle conjoncture, l'initié devient le réceptacle de faveurs, qu'il croit exclusives, lui donnant l'impression, dans ses intervalles lucides, d'être le seul favori, d'où les dénégations mutuelles entre initiés qu'on ne saurait taxer d'égoïsme.

C'est ce qu'entend Ibn 'Ataà Allah, dans ses sages adages, quand il dit : " Les actes varient selon les inspirations ", c'est-à-dire , selon les connaissances insufflées au cœur du àrif (connaisseur). Mais, ce cas exceptionnel, véritable privilège, octroi exclusif d'Allah, n'implique aucune prééminence .

Q : Mais, ces marques exceptionnelles de privilège ne confirment-elles pas certaines règles structurelles de classification des voies soufies ; entre autres les " Mejdoubs " (attirés) ?

R : Ces attirés sont choisis par Allah, de façon préférentielle ; ce choix est un élément compensateur d'un dommage qui est le dérèglement de l'esprit de l'Elu. Ibn Ataâ Allah signale l'existence de deux groupes d'initiés, dont les liturgies, chez l'un, devancent toute luminescence, de sorte que nulle lumière ne saurait jaillir de son cœur, sans un lot préalable de "dhikr " ; pour le second groupe, la luminescense qui s'identifie à un don inconditionnel d'Allah, est le mobile implacable qui incite l'initié à réciter des litanies, qui dépurent et illuminent la conscience. Les attirés, eux, s'installent dans un concert de légère aisance, sans effort, ni peine. Le Cheikh el Morsi y voit deux ensembles, dont l'un accède à la foi, par la grâce divine, l'autre atteint cette grâce, par ses exploits cultuels. Le premier, providentiellement actué, brûle les étapes qui libèrent les accès à l'approche d'Allah ; mais cela ne veut pas dire que l'attiré n'a aucune voie à suivre ; bien, au contraire, cette voie a été ployée pour lui, donc écourtée par la Providence et la Grâce prééternelle. Le ploiement du chemin de Dieu n'en est point une absence, car l'initié absent par son moi, c'est-à-dire son ego, est présent par son Seigneur.

" Allah – dit le Coran – élit qui Lui plaît et oriente vers Lui qui Il veut ".

Q : Mais selon cette conception de la grâce divine, comment expliquer la double tendance classique du soufisme, prenant en considération la nature éducationnelle ou comportementielle ?

R : Ces deux tendances, marquent chacune une école distincte : celle du Choukr ou gratitude, fondée sur un sentiment initial de reconnaissance à Dieu, pour Ses gracieuses faveurs. La seconde école, celle du "riâdat en-nafs " (mortification de l'âme) s'identifie à une ascèse de la chair.

La première est appelée, parfois, la voie châdhilite (attribuée à l'Imam Châdhili, originaire du Rif marocain), l'autre la voie de Ghazzali où les initiés sont absorbés par leurs actes cultuels, éprouvant une crainte atroce des écarts de conscience, égoïsme ou vaine gloire. Les Châdhilytes, qui leur sont supérieurs, voient, dans tout acte, une émanation d'Allah qui les actue. Ils sont " agis " et dégagés, par là, de toute psychose de vanité ou d'auto-estime. Mais ils partagent, avec leurs collègues ghazzalites, la ferveur dans l'adoration, l'abstinence scrupuleuse, la pieuse continence et la pudeur intime, se démarquant ainsi par leur cognition secrète , vision intuitive et rejet de tout exploit miraculeux que les ghazzalites s'ingénient à actualiser,l'exhibant, parfois, publiquement et avec ostentation. Aucun acte surérogatoire ne les distingue du commun des croyants, à l'instar des compagnons du Prophète, absorbés, la plupart du temps, par leur besogne temporelle. Leur comportement normal n'attire guère l'attention, car ils s'isolent, intérieurement, dans la contemplation de Dieu, sans s'en départir. Ils s'installent, ésotériquement, dans leur sentiment de déférence vassale, à l'encontre des autres, accaparés par leurs actes d'adoration, strictement cultuels. Ils ne dégustent, nullement, la saveur enivrante de l'emprise de la Suzeraineté divine, sur leur cœur, évoluant ainsi, avec aisance et élégance, dans les cycles de vérité transcendante.


L'ASCESE

Q : Qu'est ce que l'ascèse ?

R : Les compagnons les plus proches du Prophète, les dix auxquels il promit le Paradis, sont les plus riches : deux parmi eux,Talha et Zoubeïr, possédaient le premier, trente cinq millions dirhams (le dirham équivalant à l'époque à un demi-gramme d'or) et le deuxième, une trentaine de millions. Le Messager d'Allah leur reconnut même le privilège d'être " ses deux frères, dans la vie paradisiaque ".

L'ascèse ne consiste pas en une dépossession radicale des biens terrestres; ceux-ci peuvent – disent les soufis – " remplir les mains ", sans avoir d'impact sur le cœur, qui doit être dégagé de tout attachement aux douceurs de la vie. C'est une condition sine qua non, pour toute évolution, dans les étapes hiérarchiques de l'initié.

Le prédicateur soufi ne doit pas en être dépourvu complètement ; c'est pourquoi, les Cheikhs incitent leurs " mourids " à exercer un métier, pour mieux se jouir des délices d'une liberté entière, vis-à-vis de tous.

Leur dignité n'en est ainsi que rehaussée, se retrouvant dans l'état sublime recommandé par le Prophète, " d'avoir la main haute ", c'est-à-dire la possibilité de donner (l'aumône), plutôt que de la recevoir. Le dénigrement de toute félicité terrestre dénoterait, chez celui qui le proclame, un attachement latent, à certaines potentialités matérielles. L'Imam Châdhily disait : "Vous glorifiez la vie d'ici-bas, si vous prétendez vous en dégager par ascèse; on raconte l'anecdote du Prophète Jésus qui, rencontrant un ascète, lui dit : "De quoi te nourris-tu ?"; "c'est (répondit-il) mon frère qui me fournit de quoi vivre". "Ton frère – réplique Jésus – est meilleur adorateur de Dieu".

L'Imam Chafiy, chef du grand Rite qui porte son nom, disait : "Agis pour acquérir l'argent, afin de ne dépendre de personne".

Dieu révéla à David : "O ! Pourquoi David je te trouve solitaire, menant une vie, à l'écart des gens ? ". Il répondit : "O Mon Dieu! J'ai détesté le monde, par amour pour toi !". Le Seigneur lui répliqua : "O David ! Sois vigilant et fais-toi des frères, en rebutant tout compagnon qui ne t'aide pas à t'assurer Mon agrément; c'est un ennemi qui endurcit ton coeur et t'éloigne de Moi".


ASCESE ET PRIVATION

Q : Il semble donc, que l'ascèse a des limites, que le croyant ne doit guère dépasser. Quel serait le critère de cette différenciation?.

R : Une véritable adoration d'Allah n'exclut point la plénitude d'un avantage légitimé par la Charya. L'initié doit y entrevoir le secret de la Beauté initiatrice de Dieu dont la Providence a créé, pour nous , les biens de ce monde, que nous ne saurions rejeter ou délaisser, sans enfreindre les prescriptions divines.

L'ascèse, certes, a des limites érigées notamment, pour ceux qui craignent une déviation du chemin de Dieu. Celui qui se mortifie outre mesure, se détachant des actes et des options légitimés par le Coran et la Sounna , risque de retomber dans les tourments de la privation. Une richesse octroyée par Allah est un Don du Seigneur que le vrai croyant vénère.


LA MEDECINE DANS LES HADITHS

Q : Maints ouvrages ont vu le jour sur la médecine prophétique élaborée par d'éminents traditionistes. Dans quelle mesure peut-on se fier à certains de ces hadiths, dont l'authenticité serait douteuse ?

R : Du temps du Prophète, un seul médecin, El Hârith Ben Kalada méritait ce titre, car il a pu assurer une application adéquate des théories qui fondaient la science médicale. Le Prophète ne manquait pas de lui envoyer ses compagnons, pour consultation. On cite, néanmoins, quelques trois cents hadiths, réunis par Hajjy Khalifa dans son ouvrage " Kechf ed-Dhonoun ", où il a parlé de six ouvrages sur "et-Tib en-Nabawy" (médecine prophétique) dont ceux de Souyouty, d'Ibn el-Jezzar et d'Abi Soleiman Dawoud. Deux autres épîtres anonymes, sur le même thème, ont été analysées, l'une par Risk dans ses épîtres médicales et l'autre par Canier dans sa Vie de Mohammed où il a hautement apprécié les connaissances du Messager d'Allah.

Néanmoins, si quelques hadiths authentifiés expriment la conception prophétique sur certains états pathologiques et leur médication appropriée, d'autres reflètent seulement – comme le rappelle Aïcha, épouse du Prophète – certains éléments médicamenteux, ayant des propriétés curatives ou préventives, qui étaient en usage, dans les tribus arabiques.

Notre ami Maurice Buccaille a cité des hadiths, précisant qu'on souscrit difficilement de nos jours, à certaines explications données sur quelques sujets, concernant la pathologie, parmi, ces hadiths. Certains sont rapportés par El-Boukhari, comme celui de la mouche: " Si une mouche est tombée dans un récipient- dit le Prophète - il faut l'y plonger tout entière, car une de ses ailes contient un poison et l'autre son antidote, (la mouche) apporte d'abord le poison et ensuite le remède ".

Cette motivation, avancée par le Prophète dans ce hadith authentique, s'est avérée exacte. Un Congrès médical  qui a tenu ses assises, à Londres, en l'an 1930, a entrepris l'analyse des ailes de la mouche, décelant la véracité des préventions du Prophète.

Je me rappelle avoir lu, dans un rapport médiatique sur le Congrès, les noms latins, des éléments pathologiques ou curatifs dans ces ailes.

Dans la même page, Maurice Bucaille souligne " L'absence de contagiosité des maladies dans les hadiths mentionnés par El Boukhari, en plusieurs endroits.Ces considérations (dit-il) côtoient des affirmations contradictoires de ne pas aller là où il y a la peste et de fuir les lépreux ". Mais, Mouslim cite un hadith , rapporté par Abou Horéïra : "  Ne mettez pas en contact une vache malade, avec une autre en bonne santé ". Abou Horéïra , voit même dans ce hadith authentique, une nette affirmation de la possibilité d'une éventuelle contamination.


DOUBLE MEDICATION

Q : Le croyant se voit parfois, devant un dilemme bouleversant : deux sortes de thérapie, l'une matérielle, dans sa double nature préventive et curative, et l'autre spirituelle. Quelle option dans cette alternative ?

R : Le Prophète semble donner la priorité à la thérapie classique, si on tient compte de ses recommandations, maintes fois réitérées. Hârith Ibn Kalada était le médecin qualifié, du vivant du Prophète; les compagnons allaient le consulter, sur ordre du Messager d'Allah. Mais, cela n'empêchait guère Sidna Mohammed d'user des deux thérapies, temporelle et spirituelle, en même temps. C'est, ainsi, que selon Sidna Ali, après avoir été mordu par un scorpion, le Prophéte imbibe la morsure d'un mélange d'eau et de sel, en guise de désinfectant, tout en lisant quelques versets du Coran. " le meilleur médicament est le Coran " aurait-il affirmé.

Ibn Al Qayyim, citant les hadiths de médication par le Coran, précise que ces versets, ainsi que toutes les litanies ou invocations, nécessitent l'existence d'une force de foi, chez le lecteur et le patient. La guérison peut ne pas survenir, par manque d'efficience spirituelle, chez le premier ou par inaptitude à faire intervenir une foi adéquate, en croyant vivement à l'admissibilité du flux guérisseur, chez le second..

Alexis Carrel, prix Nobel de médecine, constata, avec quelques collègues, spécialisés dans les diverses branches de la médecine, l'émergence de phénomènes troublants, lors de ses pérégrinations, à Lourdes. Il fait état de ses impressions, dans un ouvrage intitulé  L'homme, cet inconnu. Poursuivant ses tests, dans ce domaine, où l'analyse des eaux de Lourdes ne donna aucun résultat probant, il aboutit à une certaine conception, élaborée à la suite d'une expérimentation concrète où il a démontré, sans en déceler le catalyseur et le promoteur rééls, que là où la thérapie classique nous semble inopérationnelle, l'invocation d'Allah s'avère efficace. Alexis Carrel, foncièrement ému, et, sans se départir de ses convictions médicales hautement positivistes, ne put que signaler cette réalité, dans un deuxième ouvrage, dont un chapitre fut consacré à l'effet de la prière.

Certes, cette dualité, équation harmonisante du temporel et du spirituel, recèle une symbiose rationnelle, découlant d'un certain équilibre de l'osmose humaine. Lors du Congrès médical, tenu à Pékin en 1966, il s'est, alors, avéré, qu'autant la matière a son électron, autant la spiritualité a le sien.


CECITE PSYCHIQUE

Q : La cécité de Yacob, attristé par l'absence de son fils Joseph, est-elle un cas de cécité psychique ?

R : La science moderne envisage certaines sortes de cécités telles les cécités congénitale, accidentelle et corticale (due à une lésion cérébrale, sans atteinte de l'oeil). La cécité psychique est une perte de la reconnaissance de la nature et de l'usage des choses. Néanmoins, si on se réfère à la définition même du "psychique", qui concerne la pensée, en tant que principe auquel on rattache une catégorie de faits d'expérience, telle la perception (c'est-à-dire la représentation d'un fait édifié par la conscience à partir des sensations), on peut qualifier de psychique l'état de Yacob. "Ses yeux blanchirent de chagrin, car il refoulait toujours sa tristesse" (Sourate 12, verset 84). Yacob retrouva sa vue, dès lors que les mobiles du chagrin disparurent (Sourate 12, Verset 96).


LE CYCLE DE L'EAU

Q : Quelle est la conception coranique du " cycle de l'eau " et de ses interférences? Est-elle conforme aux données de " l'hydrogéologie " moderne ?.

R : Nous avons réservé un long chapitre à cette question, dans notre ouvrage  l'Islam et la morale universelle* , étayé par des versets coraniques et des hadiths authentifiés. Il s'avère, de l'analyse de ces textes, qu'ils expriment des idées corroborées par la science. C'est un nouvel argument de l'authenticité divine du Livre, qui n'a pas été faussement manipulé par les concepts mythiques en cours au temps du Prophète. L'Encyclopedia Universalis fait état de ces conceptions erronées accumulées, depuis l'Antiquité. Un millier d'années après l'avènement de l'Islam, " la première conception nette du cycle de l'eau reviendra, en 1580, à Bernard Palissy, confirmée par Mariotte et Perrault au XVIIème siècle ".

Notre collègue et ami Maurice Bucaille a cité plus d'une dizaine de versets coraniques, précisant que " des conceptions inexactes qui avaient cours à l'époque de Mohammed ,on n'en trouve nul écho, dans le Coran.... ".

* Ma fille Fatima Ezzahra, Ingénieur d'Etat, spécialiste en pédologie ( science du sol ), a élaboré cette étude, que j'ai insérée dans mon ouvrage " l'Islam et la Morale Universelle "


CYCLE DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE

Q : Le Coran a défini le cycle de l'eau. A-t-il élaboré également une assise sur le cycle de développement agricole ?.

R : Les études agronomiques ont établi un cycle de développement d'une céréale, comportant trois grandes périodes:

- la période végétative, qui s'étend de la germination au tallage et pendant laquelle le bourgeon végétatif se transforme en futur épi; la période reproductrice, qui s'étend du tallage à la fécondation; la période de maturation, qui s'étend de la fécondation à la maturité complète du grain. (Larousse Agricole p. 251)

Le Coran (dans sa Sourate 26, verset 29) a comparé le croyant, dans son processus évolutif, à un champ dans lequel se développe le processus de croissance agronomique.

"  Mohammed – dit le Coran – est le Messager de Dieu et ceux qui sont avec lui sont durs avec les Mécréants, miséricordieux entre eux-mêmes. Tu les vois souvent se courber et se prosterner, recherchant un effet de la générosité de Dieu et Sa satisfaction entière. Leurs signes distinctifs sont dans leurs visages du fait de leurs prosternations. Telle est leur image dans la Thorah ; et leur image dans l'Evangile est celle d'un champ ayant fait sortir ses épis qui l'alourdissent, deviennent de plus en plus gros et se desserrent solidement sur leurs tiges. Il plaît aux agriculteurs ".

Afin que Dieu en fasse mourir de jalousie les Mécréants, Dieu a promis à ceux d'entre eux qui ont cru et accompli les bonnes œuvres, une absolution et un salaire immense ".


REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES


* Despois J. : le Djebel Amour (Algéria), 1956
* Damas, M.J.E. : le Sahara Algérien, 1845
* Ali F. Khushaim ( Zarrouq the Sufi), Tripoli, 1976
* Traduction de la Bible en français, Editions du Cerf, Paris
* Bible de Walton, Londres, 1657
* Ancien Testament, Presses Universitaires de France. Coll. " Que sais-je "
* R.P. de Vaux 1. Introduction à la Genèse
2. Histoire ancienne d'Israël, J. Gabalda et Cie, 1971
* O. Lorez , " Quelle est la vérité de la Bible ", le Centurion, 1972
* Mgr Weber, Introduction au document conciliaire n°4 sur la Révélation ( Le Centurion , 1966)
* R.P. Roguet, Initiation à l'Evangile , Ed. du Seuil , 1973
* A. Tricot, Petit Dictionnaire du Nouveau Testament de la Bible de Crampon, édition Desclée et Cie, 1960
* RR. PP., Benoît et Boismard , la Synopse des 4 Evangiles, Ed . du Cerf, 1972
* R.P. Kannengiesser, "  Foi en la Résurrection , Résurrection de la foi " ( éd. Beauchesne, coll. " Le Point théologique ", 1974
* Introduction à la Traduction œcuménique de la Bible, Nouveau Testament, Ed. du Cerf, 1972
* O. Culmann, Le Nouveau Testament, Presses universitaires de France, 1967
* Jésus-Christ Superstar, film américain faux , C.V. de Jésus ( Généalogie falsifiée de Jésus par Matthieu)
* Novum Testamentum graece, Ed. Nestlé et Aland, 1971
* Codex Vaticanus, Ed. par la Cité du Vatican, 1965
* W. Trilling, l'Evangile selon Matthieu, Ed. Desclée, coll. " Parole et Prière "
* Daniéliou ( le cardinal…), Les Evangiles de l'Enfance, Ed. du Seuil, 1967.
* Dozo Hussein, Kur'an na stranim jezicima (Qur'an in foreign languages)
* Draz, Mohammed, A :
1. Initiation au Koran, le Caire, El Maaref, 1949, (169pp)
2. La Morale du Koran , le Caire, El Maaref, 1950, (715pp)
* Durrang, M.H. , The Qur'anic facts about Jesus, Karachi, Intern. Islamic Publishers,1983.
* Gatuee Helmut, The Qur'an and its Exegesis, Swiss Edition 1975,XIV (313 pp)
* Ansari. Fr. , The Qu'ranic Fondations of Muslim Society, 2 Vol.
* Baljon, J.M.S. , Modern Muslim Koran Interpretation (1880- 1970), Leiden, Brill (135PP), Reprint of 1961 éd.
* Baselti-Sani, Giulio, The Coran in the light of Christ, Chicago, Franciscan Herald Press, 1977 (223pp)
* Ebrahim Trust Peer Mohammed, Subject Index of English Qur'an, Iran, 1974 (152 pp).
* Salah S., La vie future selon le Coran, Paris, Vrin, 1971,(176pp) , (Etudes musulmanes : XIII)
* Merchand, Muhammad, Valiveas Cur'anic Laws (206pp)
* Masson, Traduction des sens du Saint Coran , Dar el Kitab Allubnani, Beyrouth
* Muhammad Marmaduke Pickthall, The Meaning of the Holy Qur'an, Allen and Unwin, 1939
* Maurice Bucaille, The Qur'an and Modern Science, Islamic Academy of science, Kaula Lumpur, Malaysia, 1978.
* Yusuf Ali, The Holy Quran : Text , Translation and Commentary, Beirut, Dar Al Arabia, 1968, Nouvelle éd. 2 Vol., Dar Rabitat al- Alam al-Islâmi, Muslim League, Mecca
* Jonier, J. : le Commentaire coranique du Manâr. Tendances modernes de l'exégèse coranique en Egypte, Paris, Maison-neuve " Islam d'hier et d'aujourd'hui ", vol. XI, 1954
* Jung, Sir Nizmat, An Approach to the Study of the Qur'an, 1947, (84pp)
* Masson, Denise : Le Coran et la Révolution judéo-chrétienne,Etudes comparées, Paris, (Adrien-Maisonneuve), (Librairie d'Amérique et d'Orient), 1958, 2 Vol. (829pp)
* Ali A. Yusuf, The Holy Qur'an , english translation and commentary (6.000 notes)
* Ali Hamir
1. The Message of the Qur'an, 1974 (705pp)
2. The Studens Qur'an , 1961 (154pp)
* Ali Mohammed
1. A manual of Hadith (690 traditions from Boukhari (408 pp)
2. The Holy Qur'an, English translation (2828 notes), 1917 (1256 pp)
3. Ali S. Mir Ahmed , Commentary of the Holy Qur'an, 1975 (1085pp)
* Arberry Ad.
1. The Koran illuminated,Chester Beauty Library,1967
2. Translation (675pp)
3. The Koran interpreted ( World classics,Oxford University Press,1964
* Azad, Abulkalam , The Tarjuman al Qur'an
vol. 1 : (194 pp of first seven verses of Qur'an, Fatiha with 47 pp)
vol. 2 : trans. with some comment of next seven Surats (II, XIII) (503pp)
* Azizullah, Muhammad, Glimpes of the Hadith ,T.I (69pp), T.II (122 pp)
* Al-Bukhari,Selections from the Sahih al-Bukhari,Ed.C. Torrey 1906 and 1969
* Al-Assouyouty, S.A.,Théories des sources. Evangiles et Corans apocryphes. Logia et hadiths forgés, 1987 (82pp)
* Bouman, J., Gott Und Mensch in Koran, 1977 (256pp)
* Ali Akbar, Israel and the Propheties of the Holy Qur'an Kaula Lumpur and Syngapore, 1974
* R. Blachère
1. Trad. du Coran, Ed. Maisonneuve et Larose,Paris, 1966
2. Le Problème de Mahommet, Presses Universitaires de France, 1952
* Hamidullah, Traduction du Coran, Club Français du Livre,1971
* Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, éd. Desclée de Brouwer, 1970
* P. Montet, l'Egypte et la Bible , éd. Delachaux et Niestlé, Neuchatel,1959
* R.P.B. Couroyer, commentaires de la Traduction du Livre de l'Exode ( éd. du Cerf, 1968)
* Mohammed Ali es-Sabouny ( En-noubouwwatou wal Anbiâ)
( la prophétie et les prophètes), Papéterie Ghazali, 2ème éd. Mekke,1980
* Abdel wahhâb en Nejjar, ( Qasas el Anbiâ), (Contes de prophètes) éd. Dar el Fikr, Beyrouth, 1934
* Lings Martin and Safadi Yasîn, Le Qur'an (1976)
* Parrinder, Geoffrey, Jesus in the Qur'an, 1976
* Richard Bell ,The Introduction of the Qur'an , Edinburgh , 1970
* Cragg, Kenneth
1. The event of the Qur'an
2. The mind of the Qur'an (Cambridge scholar,1973)
* Mufassir,S. ,Jesus et Coran. F. Solana, Madrid, Association musulmane en Espana,1983, M.M. Pickthall
* The Meaning of the Glorious Koran, Mentor Books (New-york)
* Cuperus, W.S., Al Fatiha dans la pratique religieuse musulmane du Maroc), Leiden : Brill, 1973 ( 188pp)