PREMIERE PARTIE: QUESTIONS D'HISTOIRE

- FINALITE DU MESSAGE CORANIQUE

- ISLAM ET MODERNISME

- L'OCCIDENT ET LA CULTURE DE L'ISLAM

- LE MONOTHEISME ABRAHAMIQUE EST LA RELIGION DE DIEU PAR EXCELLENCE

- LES TEXTES MONOTHEISTES ET L'ECRITURE

- LE SACRE FAUSSE PAR LES MANIPULATIONS HUMAINES

- ISLAM ET CHRISTIANISME

- JESUS, PROPHETE ET SERVITEUR D'ALLAH

- MONOTHEISME PUR DE L'ISLAM

- LE CHEMIN DE DIEU

- POURQUOI L'ISLAM A COMBATTU LES CHRETIENS ?

- LE MONACHISME CONDAMNE PAR JESUS ET MOHAMMED

- HERESIES ANTE-ISLAMIQUES

- LE PROPHETE SIMPLE GUIDE ET ORIENTATEUR

- LE PEUPLE ARABE ILLETRE

- JUSTICE SOCIALE REVELEE COMMUNE

- L'ISLAM , RELIGION D'ACTION

- SOCIALITE DU SACRE

- LE PARI DE PASCAL

- LA " KHOULLAH " DU PATRIARCHE IBRAHIM

- L'IMMOLE : ISMAIL OU ISAAC ?

- LE PROPHETE NOE ET L'ETHIQUE RATIONNELLE

- PROVERBES DES PROPHETES

- LA " DEHRIA " ET LA DOCTRINE DE LA NATURE

- QUI A CONSTRUIT LA MOSQUEE EL AQCA ?

- CHARTE DE MEDINE

- CONFRERIES RELIGIEUSES ET LEUR ROLE DE SENSIBILISATION

- SOUFISME ET FAUX-SOUFISME

- LES MALAMITIYA

- INNOVATIONS BLAMABLES


FINALITE DU MESSAGE CORANIQUE

Q : Pouvez-vous, nous rappeler brièvement, la finalité du message coranique, tant d'un point de vue temporel et profane, que du point de vue spirituel et éternel ?

R : Dans son sublime message, le Coran s'adresse à l'homme, dépeignant sa finalité sur terre, d'où découlerait son issue, dans l'au-delà. Cette finalité tend à assurer à l'être humain, pieusement, sans égoïsme ni bigotisme, un double bonheur, marqué par une potentialité innée, qui lui permet de pourvoir légitimement aux exigences de la vie d'ici-bas, passagère et transitoire, pour mériter la félicité, but sublime et suprême, de la vie future. C'est dans ce contexte idéal que la recherche de l'équilibre social, doit évoluer. La communauté islamique, que le Coran qualifie de " médiane ", est la communauté optimale, car le terme " médian " a été interprété par El Boukhari, par le " juste, ce qui signifie que cet équilibre constitue une justice immanente. L'Islam se présente, ainsi, comme une religion évolutionnaire, tout en étant révolutionnaire. Le Prophète est cité comme le symbole magnanime du " plus grand révolutionnaire ".

Cette finalité est donc, agissante, dans ses perspectives d'équilibre hautement humain, régie par les concepts rationnels de l'Islam.

De la conception du finaliste, jaillit un homme sans but précis, tiraillé par divers processus, marquant son indécision, sa profane indécision. Pour les uns, la finalité serait un critère où " la fin justifie les moyens ", même pervers ; d'autres, en matérialisent le but, pour n'en voir que la partie d'une symphonie humaine, d'une sonate, d'une consonnance terminale. Mais, la définition rationnelle et scientifique de l'état final, c'est l'état d'équilibre que les physiciens entrevoient, à la fin d'une transformation thermodynamique. Néanmoins, il ne faut guère aller jusqu'à un certain "finalisme", qui explique les phénomènes et le système de l'Univers par la finalité. Cette doctrine risque de sombrer dans un pragmatisme qui considère uniquement la réalité pratique des choses.

Cependant, l'Islam ordonne toute action, en vue d'assurer le bien, c'est-à-dire tout ce qui est bon, avantageux et profitable pour l'homme, sans se soucier d'un fatalisme dégénéré qui pense qu'il est vain de chercher à modifier le cours des évènements fixés par le Destin.

Rien n'est voué, d'après l'Islam, à un destin inexorable ; la fatalité entraîne le mal, comme elle peut entraîner le bien ; rien n'est , ainsi , moins vrai que l'attitude fataliste de ceux qui préconisent le contraire. Le khalife Omar a évoqué la double possibilité pour un croyant, doté d'un sentiment irréversible, du pouvoir que possède l'homme, assisté de Dieu, de choisir un champ opérationnel où il peut éviter ce qui est inévitablement fatidique. Et Omar de remarquer :

" Si deux bêtes sont, l'une dans un champ fertile et l'autre, dans un terrain stérile, inculte, les deux sont vouées au même Destin, bénéfique ou maléfique. L'homme est pourvu d'un potentiel qui lui permet de faire un choix judicieux, et de faire tout ce qui est apte à une reproduction bénéfiquement adéquate. Il faut, par conséquent, agir, avec l'aide de Dieu, sans se préoccuper de facteurs dont on ignore la nature ".

Le critère du Livre Sacré proclame : " Quand tu auras décidé, fie-toi à Dieu ". L'acte planifié d'abord, la confiance en Dieu, ensuite. C'est la finalité du message coranique.


ISLAM ET MODERNISME

Q : Ne pourrions-nous pas dire, pour reprendre une parole de l'architecte Mudéjar Gaudi, que "l'originalité est le retour à l'origine " ? Et de nos jours, lire le présent au regard de la Tradition, faire en sorte que l'un et l'autre s'alimentent mutuellement, n'est-ce-pas être vraiment moderne, voire même visionnaire ?.

R : L'originalité est, certes, le retour à l'origine, mais un retour d'une singularité neuve ; il s'agit donc d'une innovation. Ce retour à l'Islam originel, ne consiste guère , pourtant , à la création d'un Islam nouveau, mais à la restructuration de la forme primitive de l'Islam, dégagé de tous les fatras, esquissé à l'image de la réalité mohammedienne, concrétisé, d'une manière simple et concise, par quelques cinq mille hadiths, authentiques, retenus parmi un million de traditions apocryphes. Le retour donc à l'origine, c'est l'analyse objective du contenu réel de l'Islam, de son dogme et de ses principes, en vue de déceler les moteurs effectifs de sa vitalité et de son dynamisme. C'est, ainsi, remonter aux sources pures originelles auxquelles se sont référés les penseurs musulmans, dès les premiers siècles de l'hégire, tels Ibn Hanbal, Boukhari, Mouslim et autres, suivis par des réformateurs comme Ibn Taïmya, Ibn el Qayyim du VIIème siècle de l'hégire, et Abdou et Afghani, promoteurs modernes du Mouvement salafi. Ce fut le procédé le plus adéquat pour sonder l'ampleur de ce génie universel de l'Islam qui s'impose à l'esprit moderne de ses adeptes convaincus, de par sa souplesse et son adaptabilité à toutes les conjonctures et les conjectures, d'une manière sereine et souveraine. Dans cette confrontation objective des sources, l'esprit ouvert élimine tout pseudo-antagonisme préalable entre l'Islam bien conçu et la modernité. La réalité, dans son originalité pure, est certes, positive et une, quelles que soient ses perspectives. " La force de l'Islam à son avènement, résidait dans le caractère remarquablement humain de ses options. l'Ethique universelle a des composantes dont les valeurs n'ont pas de frontières", ai-je déjà dit , ailleurs.

C'est dans cette optique que doit s'effectuer notre analyse critique de l'Islam originel et de ses tendances modernes en pleine expansion.


L'OCCIDENT ET LA CULTURE DE L'ISLAM

Q : S'interrogeant sur la pensée de Jamal ad-Din al Afghâni, dans "Islam et modernité", Abdallah Laroui écrit: " il semble que l'Islam a posé, au départ, certaines valeurs que la société chrétienne d'Occident a fini par réaliser ", Rejoignez-vous cette opinion ? R : Cet avis est pertinent, car l'Occident (non la société chrétienne) a su puiser dans le creuset des valeurs islamiques, des concepts et préceptes, que les Musulmans avaient négligés, péchant par manque de connaissance ou attiré par des caprices excentriques. Nous assistons , chaque jour, dans le monde musulman, à des infractions qui dénotent des failles dans l'éducation islamique, aboutissant, parfois, à une inconscience maléfique intégrale. Le fructueux échange entre les civilisations occidentale et orientale, entre l'Islam et l'Occident, fut à sens unique. Mohammed Iqbâl, leader musulman indien, l'a bien souligné, dans ses six conférences sur la reconstruction de la pensée religieuse en Islam :

" le phénomène - dit-il - le plus remarquable de l'histoire moderne, est la rapidité étonnante avec laquelle le monde de l'Islam se meut spirituellement vers l'Ouest. Il n'y a rien de vicieux dans ce mouvement, car la culture européenne, dans son aspect intellectuel, n'est que le développement postérieur de quelques unes des phases les plus importantes de la culture de l'Islam...; rien de surprenant donc que la jeune génération musulmane d'Asie et d'Afrique demande qu'on oriente de nouveau sa foi ". Le manque d'éducation est,donc, la base de cette défaillance.


LE MONOTHEISME ABRAHAMIQUE EST LA RELIGION DE DIEU PAR EXCELLENCE

Q : l'Islam étant l'ultime religion révélée et son Envoyé, le Sceau des Prophètes, n'est-il pas, de par son origine même, et par le statut incréé de son Livre Saint, le Coran, "la Religion de Dieu ", par excellence ?. En ce sens, qu'elle englobe et rectifie les messages précédents, à l'instar de la vocation du Prophète Mohammed qui a déclaré : " Je suis venu pour parfaire la morale universelle "?.

R : La Révélation coranique invoque toujours la religion d'Abraham, comme véritable religion de Dieu, religion par excellence, basée sur un pur monothéisme, appelé Islam, c'est-à-dire soumission à Dieu. Le Coran cite constamment la Thorah et l'Evangile, comme Ecritures Saintes antérieures à l'Islam mohammadien, auxquelles tout musulman doit croire (Sourate 4, verset 136). Le credo islamique est conditionné par ce dogme primordial qui incite le croyant à ajouter foi aux missions successives d'Abraham, Moïse, Jésus et enfin, Mohammed. Un vrai Musulman vénère et respecte ces Envoyés de Dieu, en tant que tels ; et c'est pourquoi l'Islam est " la Religion de Dieu par excellence ". Pour s'unifier et s'harmoniser, les Religions révélées, n'ont qu'à revenir à nos credo, dogmes et concepts communs.

J'ai dépeint, à partir de quelques milliers de hadiths authentiques, le processus de cette morale universelle instituée par Allah dans Ses Saintes Ecritures .


LES TEXTES MONOTHEISTES ET L'ECRITURE:

Q : Les vrais textes monothéistes entretiennent un rapport distant avec l'écriture. Ainsi, dans la Thorah, il nous est rapporté que les Tables de la Loi , révélées à Moïse (Exode. Chapitre XXXII) sont "écrites du doigt de Dieu", puis brisées au pied de la montagne, dès lors que Moïse voit son peuple adorer le veau d'or. "Le doigt de Dieu" a utilisé quel alphabet ? Dans l'Evangile, l'enseignement de Jésus est oral. A notre connaissance, une seule fois, il se baisse pour tracer des signes (lesquels ?) sur le sol. Et comme Jésus l'annonce à ses disciples, le Prophète Muhammad "ne parle pas de lui-même" : " Cependant je vous dis la vérité : il vous est utile que je m'en aille; car, si je ne m'en vais point, le consolateur ne viendra point à vous ; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai. Et lorsqu'il sera venu, il convaincra le monde touchant le péché, touchant la justice, et touchant le jugement [...] Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ; car il ne parlera pas de lui-même ; mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il recevra de ce qui est à moi, et il vous l'annoncera " (Evangile selon Saint Jean. Chapitre XVI).Notons, au passage, que nous trouvons ici une confirmation de l'idée émise dans le verset coranique qui dit : " Jésus - fils - de - Marie a dit : " O fils d'Israël, je vous suis envoyé par Dieu pour confirmer le Pentateuque et vous annoncer la venue d'un Prophète, après moi qui s'appellera Ahmed " (Sourate 61, verset 6). Ahmed est celui qui soulage, qui aide. Ne pouvons-nous pas comprendre ce rapport ambigu et mystérieux à l'écriture, à la lumière du verset coranique : " Dieu abroge et maintient ce qu'Il veut. Le germe du Livre est en Lui " (Sourate XIII, verset 40) ?.

R : Il semble que la tradition populaire, à réminiscence humaine, était le moyen exclusif de transmission de la pensée. L'alphabet n'était pas encore né. Ce furent les Phéniciens qui, à partir du IIème millénaire jusqu'à 1200 av. JC, introduisirent l'usage d'un alphabet permettant une écriture simplifiée. L'Egypte avait connu son hiéroglyphe (simples signes, dès l'an 3.000 av. JC); le Cunéiforme, fut certes l'écriture des Perses, des Mèdes et des Assyriens, mais fut aussi de simples signes combinés en " forme de coin et de fer de lance ". L'alphabet phénicien est le résultat d'un amalgame des deux, suivi au XIIIème siècle av. JC, date de l'avènement de Moïse, par le grec, qui employa la même nomenclature : alpha, bêta. Ce furent les deux tribus Achéens et Doriens, de l'Asie mineure, qui émigrèrent, alors, à la Mer Egée. La tradition était ainsi orale et chantée. E. Jacob cite des chants de l'Ancien Testament (Nombres, 21, 17), ceux du Cantique et de la Bible dont le Cantique de Déborah (Juges, 5, 1-32), les Maximes et les Proverbes. C'était le début de toute narration de l'histoire du Peuple " élu de Dieu ", qui devint vite fable, comme l'Apologue de Yotham (Juges, 9, 7-21). Le Peuple de Moïse, dont est issu le peuple de Jésus, n'a pu faire usage de l'écriture, qu'après sa fixation en Canaan, terre phénicienne, à la fin du XIIIème siècle av. JC. La loi, dont on attribue l'écriture même à la main de Dieu, le Décalogue, est transmise dans l'Ancien Testament , selon deux versions : Exode (20, 1-21) et Deutéronome (5, 1-30).

Pour ce qui est de l'Esprit de vérité ou de l'Esprit Saint, il s'identifie avec le mot Paraclet dans l'Evangile de Jean. Ce mot désignait le premier intercesseur ou consolateur, suivi selon Jean (14, 16), par un autre paraclet, ou intercesseur, comme il l'a été lui-même, auprès de Dieu , en leur faveur. Bucaille conteste même l'existence des mots Esprit-Saint, dans le texte évangélique, " destinée à modifier le sens primitif d'un passage qui, en annonçant la venue d'un Prophète après Jésus, était en contradiction avec l'enseignement des Eglises Chrétiennes naissantes, voulant que Jésus fût le dernier des Prophètes"; comme l'affirme le Coran (Sourate 61, verset 6), en précisant que " Dieu avait envoyé Jésus-fils-de-Marie, pour confirmer le Pentateuque et annoncer la venue d'un Prophète, après lui, appelé Ahmed ".

" Peut-on, demandez-vous, comprendre ce rapport ambigu et mystérieux à l'écriture, à la lumière du verset coranique ".  " Dieu abroge et maintient ce qu'Il veut. Le germe du Livre est en Lui " (Sourate 13, verset 40) ?.

C'est plausible, c'est même pertinent, si l'on adjoint d'autres versets qui définissent le but de cette abrogation : " Si nous remplaçons un verset par un autre, Dieu sait mieux que tous, ce qu'Il fait descendre " (Sourate 16, verset 101). " Dieu abroge ce qu'Il veut ou le maintient et Il détient l'Ecriture-mère " (Sourate 14, verset 39).

Q : Ce verset si souvent cité : " Nous t'avons révélé le Livre, expression de la vérité, pour confirmer et assurer leur permanence.Juge entre eux d'après le Livre, ne suis pas leur penchant, pour négliger la vérité que tu as reçue. A chaque peuple, Nous avons donné une loi et une voie. Si Dieu avait voulu, Il vous aurait groupés en un seul peuple. Mais , Il a voulu voir l'usage que chaque peuple ferait de ce qu'Il leur a donné. Rivalisez d'effort pour le bien. Vous retournerez tous à Dieu. Il vous éclairera sur le sens de vos désaccords ". (Sourate 5, verset 50). Ne pourrions-nous pas être tentés de croire à une égalité des Religions Révélées, mais également à leurs différences. Ainsi, nous pourrions rejoindre la pensée du Père Teillard de Chardin qui disait que " tout ce qui monte converge ". Donc, égalité dans l'origine, mais différences et nuances , dans quel but ?.

R : Ce verset ne fait que corroborer la pertinence de toute motivation concrétisée par l'Envoi successif de Prophètes et de Messagers d'Allah ; car, si le Dogme demeure le même, d'après maints versets coraniques, la législation temporelle ou similaire, varie, selon les nouvelles conjonctures . Il y a donc homogénéité dans la pensée révélée, mais cette homogénéité est nuancée par un concours de situations et d'évènements nouveaux. Haute Sagesse divine oblige !


LE SACRE FAUSSE PAR LES MANIPULATIONS HUMAINES

Q : Les Textes Sacrés n'ont-ils pas été faussés ?

R : Les Trois Religions Révélées, basées chacune sur un Livre d'Ecritures Sacrées, constituent un compendium de la foi, pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans. Les trois recueils révélés sont l'Ancien Testament, les Evangiles et le Coran. La Bible hébraïque est le Livre du Judaïsme, révélé à Moïse; quelques livres y ont été surajoutés, pour constituer l'Ancien Testament, découpé lui-même par l'Eglise catholique, pour élaborer le Nouveau Testament, comportant quelques écrits dont les quatre Evangiles, affairant à la vie de Jésus. Le Coran, renié par le Christianisme, prescrit, pourtant, aux Musulmans de croire à la Thorah et à L'Evangile (Sourate 4, verset 136). L'Eglise n'admet aucune révélation postérieure à Jésus, notamment l'Islam. Le Judaïsme rejette, à la fois, le Coran et l'Evangile, considérant la Bible, comme le Sceau exclusif de la Révélation, éliminant toute Ecriture postérieure à la sienne.

L'Evangile,comportant selon l'Islam,des éléments authentiques, a été admis, en bloc, par le Coran, qui s'ingénie à esquisser une fresque sacrée, sur l'unicité du dogme et du credo, dans les Trois Religions.

Pourtant, ces négations de l'Eglise constituent une amorce de critique indirecte, jalonnée de quelques faits et anecdotes de transgression, à la foi abrahamique commune. L'essentiel pour l'Islam est " l'unicité de croyance en Dieu " , sur laquelle le Vatican lui-même a mis l'accent, dans un document intitulé "Orientations pour un dialogue entre Chrétiens et Musulmans", publié en 1970. Le Concile du Vatican II, auteur de cet écrit, "reconnaît les injustices du passé dont l'Occident, d'éducation chrétienne, s'est rendu coupable à l'égard des Musulmans". Cette attitude d'objectivité bienveillante s'inscrit à l'actif du pape Paul VI "animé, comme il le reconnaît lui-même, d'une foi profonde dans l'unification des mondes islamique et chrétien, qui adorent un seul Dieu". Il faut, à notre sens, aller plus loin, en analysant le fond originel de cette unicité, en dressant un parallélisme critique adéquat. "Il apparaît, en effet, tout à fait légitime, lorsqu'on étudie tout aspect révélé d'une religion monothéiste, de l'aborder par comparaison avec ce que les deux autres offrent de ce même point de vue". Notre collègue et ami, Maurice Bucaille, qui émet ce vœu, se pose "une question préalable fondamentale ; à savoir, quelle est l'authenticité des textes (évangéliques) que nous possédons de nos jours ?"... Cette question implique – fait-il remarquer – un examen des circonstances qui ont présidé à la rédaction des textes et de leur transmission jusqu'à nous.

Deux différences essentielles marquent l'Islam et le Christianisme : d'une part, "l'absence pour le Christianisme d'un texte révélé fixe" et stable, alors que "le Coran répond à cette définition"; d'autre part, " l'Islam, lui, possède dans les hadiths – pense M. Bucaille –, l'équivalent des Evangiles : les hadiths sont des recueils de propos et des narrations des actes de Mohammed", Messager de l'Islam, et les Evangiles qui "ne sont rien d'autre que cela, pour ce qui concerne Jésus".

Certes, les hadiths et les Evangiles ont été écrits, tous deux, des décennies après Mohammed et Jésus. Mais, d'un million de hadiths recensés par l'Imam Ahmed Ibn Hanbal, chef du Rite qui porte son nom, il n'a pu retenir qu'une partie relativement minime qu'il intégra, dans son "Musnad", soit vingt quatre mille, alors que les deux célèbres traditionistes Boukhari et Mouslim n'avaient retenu, des trois cent mille qu'ils avaient réunis, que quelques milliers, se prévalant d'une méthodologie objective rigoureuse, appelée "Sanad" (chaîne de transmission). Le reste des hadiths a été rejeté comme apocryphes.

Cette procédure d'authentification a duré des siècles, alors que l'Eglise a "tranché", dès le début, "d'une façon définitive, entre les multiples Evangiles, proclamant comme officiels ou canoniques, quatre seulement de ceux-ci, malgré les nombreuses contradictions entre eux, sur bien des points, et ordonnant que tous les autres soient cachés, d'où le nom qui leur a été donné d'apocryphes.

La critique des traditions du Prophète se base sur l'analyse des chaînes de transmission, comportant entre autres, tous les éléments qui pourraient authentifier le "hadith" ou l'apocryphier.

L'élément historique jouait éminemment, dans l'admission de tout rapport traditionnel. Ibn el Qayyim cite, comme exemple, l'erreur commise par Tirmidhy, dans son Recueil de hadiths, prétendant que, lors de l'entrée victorieuse du Prophète à la Mekke, il était accompagné du poète Ibn Rawâha, qui chanta, alors, quelques vers, à l'encontre des polythéistes qoreïchites. Ibn el Qayyim réfuta cette anecdote, démontrant que ce célèbre poète, était déjà décédé, lors de la bataille de "Mouta", en l'an huit de l'hégire. (au mois de Joumadâ II, c'est-à-dire quelques mois avant la victoire de la Mekke, le 10 Ramadan de la même année).

Saint Augustin (354-430 ap. JC), évêque africain, père de l'Eglise, a bien noté que la concordance entre Ecritures et science est un élément nécessaire de l'authenticité du texte sacré. St Augustin a vu, dans la connaissance tout court, une participation à la connaissance divine et a fait des idées platoniciennes, les idées mêmes de la sagesse de Dieu.

L'Islam, qui reconnaît l'apostolat de tous les Prophètes, dont il fait remonter le nombre à cent vingt quatre mille (le nombre des Messagers Envoyés – Roussoul – ne dépassant guère trois cent treize), ne saurait exclure de cette prophétie, tout être génial tels Confucius, Pythagore, Aristote, Platon et autres. Quelques uns, parmi eux, avaient un livre sacré, comme l'Avesta de Zoroastre (VIII ou VII avant JC) dont Nietzsche (1844-1900), philosophe allemand, a fait le porte-parole de ses idées sur le surhomme, et sur l'Etre, comme une donnée absolue et immuable. Confucius (VIème siècle av. JC) a instauré une morale sociale axée sur la vertu de l'humanité, l'équité et le respect des rites cultuels.

Dans de longs chapitres, M. Bucaille démontre, des cas spécifiques à l'appui, l'incompatibilité entre le texte biblique et la science, mettant en exergue, les erreurs d'ordre historique et les diverses contradictions et invraisemblances. Le Révérend Père de Vaux, dans son introduction de la Genèse, admet le bien fondé de ces critiques, dû à la confection d'écritures "dont on prétend qu'elles sont sacrées et contiennent la parole de Dieu" et aux "ingérences humaines dans le divin", concrétisées par "les manipulations humaines des textes bibliques".

Saint Augustin , parlant des Livres de l'Ecriture dans sa lettre n°82, dit : "quand, dans ces livres, je rencontre une affirmation qui semble contredire la vérité, alors je ne doute pas que, ou bien que le texte (de mon exemplaire) ne soit fautif, ou bien que le traducteur n'ait pas rendu correctement le texte original ou encore que mon intelligence ne soit déficiente".

Ce malaise, régnant dans les milieux chrétiens, touchant la révélation, s'est accentué, lors du Concile de Vatican II (1962-1965) où il ne fallut pas moins de cinq rédactions, pour que l'on se mît d'accord sur le texte final, après trois ans de discussions, et qui prit fin par cette douloureuse situation qui menaçait d'enliser le Concile ". Mais, dans une déclaration d'ensemble, le Concile admet que ces Livres, bien qu'ils contiennent de l'imparfait et du caduc, sont pourtant les témoins d'une véritable pédagogie divine.

Nous avons la conviction que les Livres sacrés que sont la Bible, l'Evangile et le Coran ne sauraient se contredire, ni entre eux, ni avec le fond immuable de la sagesse humaine. Mais, des éléments nouveaux, intégrés dans l'Ancien et le Nouveau Testament, en font " une pluralité de textes et non un texte unique". Plusieurs versions furent élaborées, différentes les unes des autres; certains textes dits "moyens", ont été confectionnés, à titre de compromis, entre les diverses versions hébraïque, grecque, latine, syriaque, araméenne et arabe.

" Ainsi, apparaît considérable la part humaine dans le texte de l'Ancien Testament. On réalise, sans peine, comment, de version en version, de traduction en traduction, avec toutes les corrections qui en résultent fatalement, le texte original a pu être transformé en plus de deux millénaires ".

Certes, la Bible elle-même, pourtant révélée et digne de toute confiance, n'est plus " un recueil de livres ", mais " une tradition populaire ". Il est vrai qu'à la fin du XIIIème siècle avant JC, l'écriture a été employée, pour transmettre et conserver la tradition, mais sans une entière rigueur, même quand il s'agissait des lois; les genres littéraires sont amalgamés, dans chaque livre, parmi les cinq premiers qui forment la Thorah ou la Bible. L'Ancien Testament en est devenu un ensemble disparate ; mais, malgré ce parallélisme, marqué de discordance, entre la Bible et la littérature profane des chansons de geste où le réel se mêle à la légende, nous continuons, nous Musulmans, à croire à la véracité des commandements de Moïse, qu'une synthèse rigoureuse pourrait réintégrer, dans leur contexte original sacré.

Concernant les Evangiles notamment, le Révérend Père Roguet publia, en 1973, un livre dans lequel il nota les discordances, les invraisemblances et les erreurs flagrantes dans les diverses versions évangéliques. Dans leur "Synopse des Evangiles", les Révérends Pères Benoît et Boismard, professeurs à l'école biblique de Jérusalem citent "la contradiction, chez Luc, entre son Evangile et les Actes des Apôtres", l'expliquent par un "artifice littéraire". Pourtant Roguet, objectif et réaliste, ne manqua pas de constater la présence, dans ces Evangiles, "de passages obscurs, incompréhensibles, contradictoires, invraisemblables, pouvant aller jusqu'à l'absurdité". La réalité se fait, de plus en plus, jour. Les Evangiles n'ont pas été écrits, comme on le croyait, par les témoins directs de la vie de Jésus. "Après Jésus, le petit groupe des apôtres forma une secte juive fidèle aux observances et au culte du Temple". Le Christianisme paulinien s'ébranla ; pour les Judéo-chrétiens, Paul est un traître. Ce fut dans "cette ambiance de lutte entre communautés" qu'ont été écrits les Evangiles. De 70 (ap. JC) à une période que l'on situe avant (110), vont être produits les Evangiles de Marc, Matthieu, Luc et Jean... Apparus dans la période de lutte intense entre les deux communautés (paulinienne et judéo-chrétienne), ces "écrits de combat", comme les qualifie le Révérend Père Kannengiesser, ont émergé de la multitude des écrits, parus sur Jésus, lorsque le Christianisme constitua son Recueil de textes officiels : le "Canon" qui exclut, comme contraires à l'orthodoxie, tous les autres documents qui ne conviennent pas à la ligne suivie par l'Eglise. Parmi ces documents figure l'Evangile de Barnabé.

Dans quelle mesure doit-on accepter l'affirmation du Révérend Père Kannengiesser selon laquelle : "il ne faut plus prendre au pied de la lettre les Evangiles , "écrits de circonstance" ou de "combat", dont les auteurs "consignent par écrit les traditions de leurs communautés sur Jésus? ". Pourtant, le Concile Vatican II précise "qu'on doit trouver dans les Evangiles une transmission fidèle des actes et paroles de Jésus ! Nous avons la conviction que l'Evangile de Matthieu a été réellement, sur plusieurs points, la prolongation de l'Ancien Testament, d'après lequel Jésus se comporte comme le Messie attendu par les Juifs. C'est conforme à la conception coranique, à propos, notamment, de l'apostolat universel du Message de Jésus et de la continuité de la tradition judéo-chrétienne. Mais, il semble, d'après le savant Tricot (dans son Commentaire de la traduction du Nouveau Testament, de 1960), que Matthieu a largement utilisé l'Evangile de Marc qui n'était guère, comme lui d'ailleurs, un disciple de Jésus. Matthieu a pris "de sérieuses libertés avec les textes, insérant des récits incroyables". Le facteur politique a joué pleinement dans ces "insertions" excentriques de Matthieu, soucieux – paraît-il – de demeurer dans la ligne de l'Ancien Testament, s'accommodant avec la communauté judéo-chrétienne, tout en rompant avec le Judaïsme. Quant à Luc, auteur d'une autre version de l'Evangile, il est taxé de "chroniqueur" par l'érudit Culmann et de "vrai romancier" par le Révérend Père Kannengiesser . Païen converti au Christianisme, il omit (comme le constate Culmann) de "reprendre les versets les plus judaïques de Marc, mettant en relief les paroles de Jésus contre l'incrédulité des Juifs : mais, pour certains épisodes, il est en contradiction, avec les autres Evangiles.

Quant à l'Evangile de Jean, nettement différent des trois autres, il est qualifié par le Révérend Père Roguet comme "un autre monde" (Initiation à l'Evangile). Il y a, pour Culmann, différence en tout, même dans les perspectives théologiques. L'identité même de Jean est contestée; ce serait un autre Jean (selon Tricot et Roguet); Jean, fils de Zébédée et frère de l'Apôtre Jacques. Quoi qu'il en soit, des additions ultérieures sont manifestes, dans cet Evangile, tel le chapitre 21 (selon Culmann), qui marque maintes discordances avec les autres évangélistes. "L'aperçu général que l'on a donné des Evangiles, suite à l'examen critique des textes, fait ressortir du décousu", un "manque de continuité", et "le reflet de ce que les communautés chrétiennes primitives connaissaient de la vie et du ministère de Jésus et celui de leurs croyances et de leurs conceptions théologiques".

Parlant de l'Evangile de Luc, Bucaille refuse d'accepter un texte "déclaré authentique et inspiré par Dieu" (chapitre 3, versets 23-28), précisant bien que "vingt générations seulement ont existé entre le premier homme et Abraham. Ce n'est là, au fond, que "le produit de l'imagination humaine", d'autant plus que toute généalogie masculine n'aura aucun sens pour Jésus, issu de Marie, sans père biologique. Dans un même ordre d'idées, le Prophète Mohammed, ne daigna guère admettre sa propre généalogie, au-dessus – précise-t-il – de l'ancêtre Adnân. Dans un tel domaine objectif, une "Révélation" effective est la seule attestation digne de confiance. Le Prophète Mohammed n'osa, donc, point proclamer ce qui ne lui a été guère révélé, quoique lui tenant bien à cœur. C'est l'inspiration imaginative qui incite Luc à placer 42 noms dans la généalogie de Jésus, entre lui et le Prophète David, alors que Matthieu n'en mentionne que 27. Ce qui frappe, d'autre part, dans l'Evangile de Jean, c'est l'absence du récit de l'institution de l'Eucharistie, pourtant capitale dans la conception catholique de la "consubstantialité", c'est-à-dire l'unité et l'identité de substance entre les trois personnes de la Trinité. Néanmoins, l'Evangile de Jean est le seul à parler du Paraclet. Un tel testament spirituel de Jésus fait défaut chez Matthieu, Marc et Luc. La traduction œcuménique de la Bible, Nouveau Testament, cite des passages sur le Parakletos :

" Il (le père) vous donnera un autre Paraclet " (Sourate 14, versets 15-16), " le Paraclet, c'est l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom ". (verset 26), "si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous, si au contraire je pars, je vous l'enverrai. Et lui, par sa venue, il confondra le monde en matière de péché, de justice et de jugement..." ( Evangile selon St Jean ).

Pourtant, Barnabas a révélé, dans sa version de la Bible, le nom de ce Paraclet. Né à Chypre, de son vrai nom Josés , Barnabas écrit :

"Quel est le nom du Messie que tu mentionnas et comment comprendrons-nous qu'il est venu? Jésus a répondu : "Le nom du Messie est admirable. Quand Allah a créé son âme, Il lui a donné ce nom et Il l'a posé dans la splendeur céleste. Et Il a dit : "J'ai créé le Paradis, l'Univers et de nombreuses créatures en ton égard. Je te les donne comme présents. Celui qui te sanctifie retrouvera Mon bienfait. Celui qui te blasphème sera maudit par Moi. Je l'enverrai au monde, comme Mon Messager. Ta parole sera entièrement la vérité. La terre et le ciel peuvent être anéantis. Mais, ta foi restera toujours éternelle". Son nom sacré est Mohammed. Sur cela, le peuple réuni autour de Jésus, a dit à haute voix : "O Mohammed ! Viens vite pour sauver le monde".

Barnabas a écrit une Bible comme les quatre autres Apôtres. Il a enregistré, dans cette Bible, sans faire aucune modification, ce qu'il a entendu ou appris de Jésus. Pendant les premières 300 années de la religion chrétienne, cette Bible était lue avec les autres Bibles. Quand le Concile Oecuménique de Nicée a décidé, en l'an 325 ap. JC, d'abolir toutes les Bibles écrites en langue hébraïque, la Bible de Barnabas aussi a été brûlée. Les autres Bibles ont été traduites en latin ; mais celle de Barnabas a disparu soudainement. Cependant, en 383 ap. JC, le Pape Damasus a gardé un exemplaire de la Bible de Barnabas, qu'il avait obtenu, par hasard, dans la bibliothèque de la papauté. Fra Marino, ami du Pape Sixtus (Fra signifie en italien le frère et le moine), a trouvé la Bible de Barnabas, dans la Bibliothèque où elle a été gardée, jusqu'à l'an 993 de l'hégire (1585 ap. JC). Saint Irénée (130-200), l'un des savants chrétiens, avait déclaré, vers l'an 160, "qu'il y avait un seul Allah et que Jésus n'était pas le fils d'Allah". Saint Paul a voulu introduire la Trinité, inspirée de l'habitude des Romains d'adorer plusieurs dieux. Et, en critiquant Saint Paul, Saint Irénée prenait à témoin la Bible de Barnabas, qui précise qu'il y a un Allah unique. Fra Marino, qui connaissait cette assertion, a lu attentivement cette Bible et l'a traduite en italien, entre les années 1585-1590. Ce manuscrit italien, après avoir maintes fois changé de mains, a été acheté par Cramer, l'un des conseillers du Roi de Prusse. Et, en 1125 de l'hégire (1713 ap. JC), Cramer a fait cadeau de ce précieux manuscrit au Prince Eugène de Savoie (1663-1736), qui jouissait d'une bonne réputation en Europe. Après sa mort, la Bible de Barnabas a été transportée, avec sa Bibliothèque Royale à Vienne (Hofbibliothek), en 1738.

Deux Anglais, Mr et Mrs Ragg, ont trouvé, la version italienne de la Bible de Barnabas, dans cette bibliothèque, et l'ont traduite en anglais. Cette traduction anglaise a été imprimée à Oxford en 1325 de l'hégire (1907 ap. JC). Mais, cette traduction a disparu mystérieusement. Seulement, l'une de ces traductions existe au British Museum et une seconde à la Bibliothèque du Congrès Américain à Washington. Le "Concile coranique du Pakistan" a réussi à imprimer, de nouveau, son exemplaire anglais en 1973. Les passages suivants sont cités de ce livre :

Dans le chapitre 7, de la Bible de Barnabas, il est dit : "Jésus est très fâché de Petrus qui lui a dit : "Tu es le fils d'Allah". Il l'a grondé. Il lui a dit : "éloigne-toi de moi !. Parce que tu penses aux mauvaises choses et tu veux me faire du mal". Puis, en se tournant vers ses Apôtres, il dit : "Malheur à ceux qui me disent ça ! Parce que Allah m'a ordonné de les maudire".

Dans le même chapitre, il est écrit : "Je suis venu à ce monde, pour préparer la voie du Resûl (Messager) d'Allah, qui apportera le salut, la sécurité sur le monde. Mais, vous, soyez attentifs ! plusieurs faux Prophètes peuvent apparaître, jusqu'à son arrivée. Ma Bible peut être corrompue". Sur la question des Apôtres : "Peux-tu nous indiquer quelques signes sur ce Resûl, que tu dis qu'il viendra?", il a dit : "Ce Resûl viendra après votre temps. Quand il viendra, ma Bible sera corrompue et les vrais Chrétiens ne dépasseront pas trente personnes. Et alors, Allah, ayant pitié des êtres humains, enverra le vrai Messie. Un nuage blanc se trouvera toujours au-dessus de sa tête. Il sera très puissant, il brisera les idoles et punira ceux qui adorent les idoles. Grâce à lui, les hommes connaîtront Allah et le glorifieront. Il se vengera de ceux qui disent que je suis divin...".

(Dans le chapitre 136, après avoir présenté l'explication sur l'Enfer, on raconte comment Mohammed sauvera son peuple de l'Enfer). Du chapitre 163 : "Sur la question des Apôtres, quels sont les signes de ce personnage que tu as dit qu'il viendra?", Jésus, avec toute la joie de son cœur, a dit : " Son nom est Mohammed. Quand il viendra, les arbres s'élèveront de la terre, même s'il ne pleuvait pas depuis longtemps. Avec la grâce d'Allah, qu'il leur apportera, les hommes trouveront l'occasion de faire de bonnes choses. La grâce d'Allah tombera sur les hommes, comme de la pluie". Sur les derniers jours de Jésus, la Bible de Barnabas nous donne l'information suivante (chapitre 215-222) : quand les soldats Romains sont entrés dans la maison pour attraper Jésus, les chérubins (les quatre grands anges) : Djebraïl (Gabriel), Israphil (Séraphin), Mikaïl (Michel) et Azraïl (Azrael), en l'embrassant et sortant de la fenêtre, l'ont enlevé au ciel par le commandement d'Allah. Les soldats Romains ont attrapé, au lieu de Jésus, Judas qui les guidait, en lui disant : "Tu es Jésus ! " Malgré tout son refus, ses cris et son imploration, ils l'on emmené, en le traînant jusqu'à la croix et l'ont crucifié. Puis, Jésus est paru à sa mère et à ses Apôtres. Il a dit à Marie : " O mère ! Tu vois que je ne suis pas crucifié. Au lieu de moi, c'est le traître Judas qui a été crucifié et qui mourut ". Dans les encyclopédies européennes, il y a ce renseignement sur la Bible de Barnabas : un manuscrit défini sous le nom de la Bible de Barnabas, est un livre inventé, écrit par un Italien converti à l'Islam au XVéme siècle". Il faut noter que la Bible de Barnabas a été supprimée par excommunication, au 3ème siècle (A, JC), c'est-à-dire, 300 ans avant l'apparition de Mohammed. Il est impossible qu'il soit écrit par une personne qui ne peut pas être musulmane, avant l'avènement de l'Islam. Quant à Fra Marino, qui l'a traduite en italien, il était un moine catholique et nous n'avons aucun document qui suggère qu'il devint musulman. Pour cela, il n'y a pas de raison qu'il ait modifié la traduction. Il ne faut pas oublier, qu'entre les années 300 et 335 après JC, plusieurs personnages importants de religion chrétienne n'avaient pas admis que Jésus soit le fils d'Allah ; et ils avaient soutenu la Bible de Barnabas, pour démontrer que Jésus était un homme comme nous. Le plus important parmi eux est Lucien, Evêque d'Antioche. Mais, plus connu que Lucien, est Arius (250-336) qui est son disciple. Bien qu'Arius ait été excommunié par l'évêque d'Alexandrie, il avait réuni tant de partisans autour de lui, qu'il ne fût pas possible de l'attraper et l'emprisonner. Même la sœur de Constantin, l'Empereur de Byzance, s'est inscrite à la secte des "Arianes", qu'il avait fondée. Après lui, Honorius, qui était pape au temps de Mohammed, avait déclaré que Jésus est seulement un homme et qu'il n'est pas permis de croire à trois Allah. Le pape Honorius, mort en l'an 630, a subi l'anathème du Concile spirituel, réuni à Istanbul en l'an 638, soit huit ans après sa mort. Sozzini, influencé par Camillo qui était un savant mystique Sicilien, s'adressant, en 1547, à Calvin (1509-1564), l'un des plus grands savants français du Christianisme, lui porta un défi, en lui disant, " je ne crois pas à la Trinité " ; et il lui déclara qu'il préférait l'ordre d'Arius et refusait la théorie suivante, qui est un important dogme chrétien : "Le grand péché originel d'Adam que les êtres humains ont créé, pour le rachat de ce premier péché ". F.P. Sozzini, le neveu du précédent a nié définitivement la divinité de Jésus, en publiant un livre en 1562. Sozzini était allé à la ville de Klausenburg, en 1578, en Transylvanie, parce que Sigismund, le seigneur de cette contrée, était contre la Trinité. Et là, l'évêque Francis Davie (1510-1579) était aussi foncièrement opposé à la Trinité. Il avait fondé une secte qui la refusa. Ses adeptes étaient appelés "Racoviants", parce que cette secte avait été fondée à Racov, en Pologne.

Q : Vous faites référence à l'Evangile de Barnabé. Or, dans une note comprise dans le "Sceau des Saints", Michel Chodkiewicz affirme qu'il s'agit d'un faux évident, apparemment rédigé par des auteurs morisques et rejoint, ainsi, la thèse de Michel de Epalza : " Le milieu hispano-moresque de l'Evangile de Barbané " (Islamo Christiana, n°8, Rome 1982).

R : Taxer la Bible de Barnabé de faux n'est pas une prétention nouvelle. Dans maintes encyclopédies européennes, ce manuscrit serait – dit-on – un livre inventé, écrit par un italien, converti à l'Islam, au XV ème siècle. On ne dispose, certes, guère d'un argument péremptoire, quant au fait que la Bible de Barnabé fut, parmi les Bibles brûlées, en l'an 325 de l'ère chrétienne, sur ordre du Concile Oecuménique de Nicée. Il a, en tout cas, disparu, quelques décennies plus tard, en l'an 383.

Le même manuscrit est retrouvé, par le Pape Damasus, dans la Bibliothèque du Vatican où il a été gardé, jusqu'à l'an 1585.

A partir de cette date, les prétentions eurent libre cours : Le Pape Sixte V (1520-1590) (promoteur de l'édition dite Sixtine de la Vulgate, version latine de la Bible) était l'ami de l'italien Fra-Marino. Il l'aida à mettre la main sur ce manuscrit. Ce dernier le traduisit en italien, entre les années 1585-1590. Une suite de traductions virent, alors, le jour, notamment en anglais. Un récit romancé démarra, à partir de cette traduction, qui demeura, semble-t-il, la seule assise cataloguée au British Museum, à la Bibliothèque du Congrès Américain, et, peut être, à la Bibliothèque Royale de Vienne.


Dans le parallélisme effectif, existant entre le Coran d'une part et l'Ancien et le Nouveau Testament, d'autre part, une unité foncière tranche, dans la symbiose "foi chrétienne" et "dogme islamique".

Ce qui fausse cette osmose originelle, c'est le manque d'objectivité et la tendance, chez les uns et les autres, à alimenter un sectarisme prononcé et des passions religieuses excentriques.

Les prophètes croyaient à la mission sacrée des messagers antérieurs. " Allah prit l'engagement des prophètes; leur disant : "quelle que soit l'importance du Livre et de la sagesse que Je vous ai donnés, s'il vous vient un messager croyant à ce qui est avec vous, croyez en lui et aidez à sa victoire " (Sourate 3, Verset 81).

Dis: " Nous avons cru en Dieu, à ce qui a été descendu sur nous, à ce qui a été descendu sur Abraham, Ismaël, Isâac, Jacob et ses douze fils, à ce qu'a reçu Moïse, Jésus et les prophètes de la part de leur Seigneur. Nous ne faisons aucune différence entre eux ". (verset 84).

" Il (Allah) a fait pour vous, à partir de la religion, une législation comportant les recommandations qu'Il a faites à Noé, ainsi que ce que Nous t'avons inspiré (révélé) à toi-même et ce que Nous avons recommandé à Abraham, Moïse et Jésus, à savoir : "  Pratiquez correctement la religion et ne vous désunissez pas à son sujet ". (Sourate 42, Verset 13).

Dans un hadith, le Prophète Mohammed proclame cette consécration de l'unité et de l'universalité de la Religion Révélée : " Suivez – dit-il – les commandements du Coran et ajoutez foi à ceux de la Bible et de l'Evangile, ainsi qu'à tout ce qui a été révélé aux prophètes et messagers antérieurs ". (Tabarâny dans son Jâmiy).

" Certes, la religion est pour Dieu l'Islam ". (Sourate 3, Verset 19); mais l'Islam, c'est la soumission aux prescriptions divines, telles qu'elles ont été révélées à tous les prophètes et messagers,depuis Noé. Chaque prophète a rappelé le dogme et le credo, qu'Allah avait fait descendre aux Apôtres antérieurs dont Mohammed est le dernier, dans ce processus multimillénaire.

Le Coran mecquois traite essentiellement de la foi nouvelle, en rappelant le monothéisme abrahamique, l'œuvre des messagers d'Allah, les terribles châtiments qui éprouvèrent les idolâtres et les récalcitrants, tout en érigeant les concepts généraux du dogme mohammadien, dans leur développement temporel permissif et prohibitif.

Après la hijra (exil) à Médine , le Coran , érigeant la première cité islamique, décréta le substrat juridique, administratif et sécuritaire, tout en jetant, entre autres, les fondements des rapports socio-économiques, du code personnel (matrimonial et successoral).

" Mohammed n'est qu'un messager, avant lequel les messagers sont déjà passés... ". (Sourate 3, Verset 144).

" Nous avons effectivement envoyé, avant toi, des messagers à leur peuple et ils leur apportèrent les preuves évidentes. Nous nous vengeâmes, alors, de ceux qui commirent le crime (de la dénégation) et c'était de Notre devoir de faire vaincre les croyances ". (Sourate 30, Verset 47).

Dis : " Je ne suis nullement une innovation, parmi les messagers, et je ne sais pas ce qui sera fait de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui m'est inspiré et je ne suis qu'un avertisseur bien clair ". (Sourate 46, Verset 9).

" Nous t'avons inspiré, de même que Nous avons inspiré Noé et les prophètes, après lui, et Nous avons inspiré Abraham, Ismaël, Isâac, Jacob et ses douze fils, de même que Jésus, Job, Jonas, Aaron et Salomon et Nous avons donné à David un Psautier ". (Sourate 4, Verset 163)

" Des messagers porteurs de bonne nouvelle et d'avertissement, afin que les gens n'aient plus d'arguments contre Dieu, après les messagers ". (Sourate 4, Verset 165).

" Que les adeptes de l'Evangile jugent, d'après ce que Dieu a fait descendre ". (Sourate 5, Verset 47).

Dis: " O Gens du Livre ! Vous n'avez aucun fondement (valable), jusqu'à ce que vous appliquiez scrupuleusement la Thorah, l'Evangile et ce qui vous a été descendu de votre Seigneur ". (Sourate 5, Verset 68)

Dis : " O gens du Livre ! Ne débordez point dans votre religion de la stricte vérité ". (Sourate 5, Verset 77).

" Nous avons bien envoyé des messagers avant toi. Nous t'avons rapporté le récit de certains d'entre eux et Nous t'en avons lu d'autres ". (Sourate 40, Verset 78).

" Les gens formaient une seule communauté. Dieu envoya alors, les prophètes comme porteurs de bonne nouvelle et comme avertisseurs. Il fit descendre, avec eux, le Livre, en toute vérité et justice, afin qu'il soit arbitre entre eux, dans leurs sujets de désaccord ". (Sourate 2, Verset 213).

" Il (Dieu) a descendu sur toi le Livre, en toute vérité et bon droit, confirmant ce qui est avant lui, et Il fit descendre la Thorah et l'Evangile " (Sourate 3, Verset 3).

"A chaque nation un messager ; une fois qu'est venu leur messager, il est jugé entre eux, en toute équité, et ils ne subissent aucune injustice ". (Sourate 10, Verset 47).

" O fils d'Adam ! Si des fois, il vous venait des messagers de votre propre espèce, vous relatant Mes signes, ceux qui seront pieux et répareront (leurs erreurs), ceux-là, aucune crainte à leur sujet et nul chagrin ne les afflige ". (Sourate 7, Verset 35).

" Un enseignement, destiné aux hommes doués d'intelligence, se trouve dans les histoires des prophètes. Ce n'est guère là, un conte imaginé ; mais, c'est la consécration de ce qui existait avant l'exposé détaillé de toute chose ". (Sourate 12, Verset 111).

"  Nous les (Noé et Abraham) fîmes suivre de Nos Messagers et enchaînâmes avec Jésus-fils-de-Marie. Nous lui donnâmes l'Evangile et plâçames, dans le coeur de ceux qui l'ont suivi, une compassion, une miséricorde et une vie monacale de leur propre invention, que Nous ne leur avions jamais prescrite " (Sourate 57, Verset 27).

Obadatou bnou Es-Sâmit rapporte le hadith suivant : " Celui qui atteste qu'Allah est Dieu Unique, que Mohammed et Issa (Jésus) sont Ses serviteurs et Ses Messagers, que Issa est le Verbe inspiré à Marie, aura droit au Paradis " (Boukhari et Mouslim).

" Le jour où Nous appellerons les gens, chaque communauté par son prophète " (Sourate 17, Verset 71).

Ils seront aussi appelés : O adeptes de Moïse ! O adeptes de Jésus. "Il y a, parmi les gens du Livre, des hommes qui croient en Dieu, à ce qui vous a été révélé, et à ceux qui leur a été révélé . Humbles devant Dieu, Ils n'ont pas vendu, à vil prix, les signes d'Allah. Ceux-là trouverons leur récompense, auprès de leur Seigneur. Dieu est, en vérité, prompt dans Ses comptes". (Sourate 3, Verset 199).

Le Messager d'Allah a dit : " On a fait défiler devant moi les communautés religieuses. Je vis, alors, un tel prophète et, avec lui, moins de dix adeptes, un tel autre, avec un ou deux partisans et un tel autre, n'en ayant aucun. Tout à coup, on éleva vers moi une foule énorme et je crus que c'était ma communauté, mais on me dit : " Voilà Moïse et sa Nation ". (hadith unanimement authentifié, rapporté par Ibn 'Abbas).

La nuit de l'Ascension, le Messager Mohammed se dirige, d'abord, en compagnie de l'Ange Gabriel, vers Jérusalem, où il présida la prière des Prophètes, puis au Ciel le plus proche " où il rencontra Adam; au deuxième ciel où il trouva les Prophètes Jean et Jésus ; dans ses visites successives aux autres cieux, il contacta Joseph au troisième, Idriss au quatrième, Aâron au cinquième, Moïse au sixième et Abraham au septième.

Le Prophète Mohammed proclame, chaque fois, sa reconnaissance du Prophète et l'apostolat de ses frères Messagers d'Allah.

Dans ses messages aux empereurs chrétiens contemporains, le Prophète leur répétait le verset suivant : " O gens du Livre : venez à une parole de vérité et de justice entre nous et vous, à savoir que nous n'adorions que Dieu, que nous ne lui associons rien, que nous ne nous prenions guère, les uns les autres, pour seigneurs, en dehors de Dieu " (Sourate 3, Verset 64).

" Adam, ayant désobéi à son seigneur, tomba dans l'errance. Puis, son seigneur le rapprocha de Lui, lui agréa son repentir et le remit sur le droit chemin... " (Sourate 20, Verset 122).

Allah a donc accordé Son absolution à Adam, pour le péché originel.

Abraham a vécu à Our, en Chaldée, près de deux mille ans avant Jésus. Ce fut un Araméen, donc un sémite. Il avait, le premier, proclamé un monothéisme pur, se soumettant à Allah, Dieu Unique et Immatériel. Il est le promoteur de l'Islam, qui n'est autre que cette soumission complète à la loi d'Allah et à Sa justice.

" Nous t'avons inspiré la religion d'Abraham, pur monothéiste, et ce n'était guère un Associateur ". (Sourate 17, Versets 120, 121, 122, 123).

Dieu dit à Abraham : " Je vais faire de toi, pour les humains, un exemple à suivre et un guide " (Sourate 2, Verset 124).

"Qui donc trouve mieux que la voie religieuse d'Abraham, si ce n'est celui qui s'accuse lui-même de débilité mentale ?. " (Sourate 2, Verset 130)

"  Nous lui (Abraham) avons donné Isaâc et Yacob que Nous avons, tous deux, bien guidés. Et Noé, de même, Nous l'avons bien guidé auparavant, et de sa progéniture sont David, Salomon, Job, Joseph, Moïse et Aaron.... Et Zacharie, Jean (Baptiste), Jésus et Elie, tous font partie des Vertueux. De même Ismaël, Elisée, Yonas et Loth. A tous, Nous avons donné une prééminence sur les humains. Nous les avons élus et guidés à une voie rectiligne " (Sourate 6, Versets 84, 85, 86, 87).

" Qui a meilleure religion que celui qui ne vise en exclusivité que Dieu, tout en étant homme de bien et qui a suivi la religion d'Abraham, dans toute la pureté de son monothéisme? Dieu S'est fait d'Abraham un ami aux sentiments sans mélange". (Sourate 4, Verset 125).

" Nous avons donné à la famille d'Abraham le Livre et la Sagesse et Nous leur avons donné un royaume immense. " (Sourate 4, Verset 54).

" Et lorsque Nous fîmes de la maison (la Kaaba), un point de retour et un lieu de sécurité ". Et adoptez le sanctuaire d'Abraham comme lieu de prière!. " Nous confiâmes, alors, à Abraham et à Ismaêl, le soin de purifier Ma maison, pour ceux qui y font les sept tours rituels de la Kaâba, pour ceux qui observent une retraite contemplative et pour ceux qui se courbent et se prosternent ". (Sourate 2, Verset 25).

" Médine a été sacralisée pour moi, dit le Prophète Mohammed, comme l'a été la Mekke, pour l'Apôtre Abraham ". (Boukhari et Mouslim).

" Nous avons réellement apporté à Moïse la bonne direction et avons fait hériter du Livre, les fils d'Israël ". (Sourate 40, Verset 53).

" Nous avons effectivement apporté à Moïse le Livre. Ce fut là l'objet de leur désaccord ". (Sourate 41, Verset 45).

" Mentionne Moïse dans le Livre; il était sincère, ce fut un apôtre et un prophète " (Sourate 19, Verset 51).

" Quand il (Moïse) atteignit sa pleine force et sa maturité, Nous lui donnâmes sagesse, force de jugement et science " (Sourate 28, Verset 14).

Moïse eut seul le mérite d'avoir reçu la communication d'Allah, derrière un écran. Autrement, tout contact direct de l'homme avec son Seigneur est absolument interdit, ici-bas; Allah a communiqué avec Ses autres créatures élues , soit par inspiration, soit par l'entremise d'un Ange-messager ( l'Ange Gabriel ou Saint-Esprit).

Un autre mérite de Moïse est que "Dieu lui parla de vive voix" (Sourate 4, Verset 164).

Le Prophète Mohammed a bien précisé " qu'Allah aime Moïse, quoiqu'ayant un certain caractère aigu ".

Dans maints hadiths, le Prophète signala d'autres caractéristiques, glorifiant l'éminent Messager du peuple juif.

" Nous avons effectivement apporté aux fils d'Israël le Livre, la Sagesse et la Prophétie. Nous leur avons accordé leur lot de bonnes choses et leur avons donné préférence sur les autres humains. Nous leur avons donné des épreuves évidentes du bien fondé de la chose (de la mission de Mohammed) " (Sourate 45, Verset 16 et 17).

" Il y eut avant lui (le Coran), le livre de Moïse, en tant que guide et source de grâce divine, et ceci (le Coran) est un Livre venant le confirmer, exprimé en arabe, afin qu'il mette en garde les injustes et qu'il annonce la bonne nouvelle aux gens de bien ". (Sourate 46, Verset 12).

" Allah m'a accordé, dit le prophète Mohammed, les sept longues sourates, à la place de la Bible (Ancien Testament) et les "centaines", au lieu des Evangiles (Nouveau Testament) (Hadith rapporté par Abou Oumâma) ".

Citant les miracles des Saints, selon Abou Horéïra, le Prophète a dit : " Nul n'a parlé au berceau (parmi les fils d'Israël), si ce n'est trois et il cite les noms de Jésus- fils-de-Marie et le compagnon de Joreyj (ascète juif) " (hadith unanimement authentifié).

" Nous avons effectivement préféré certains prophètes à d'autres et avons apporté à David un Psautier ". (Sourate 17, Verset 55).

" Nous avons effectivement écrit dans le Psautier (de David), après le Livre de rappel, (la Thorah) que la terre est héritée par Mes serviteurs vertueux ". (Sourate 21, verset 105).

" Dieu lui (David) donna la royauté et la sagesse et lui enseigna tout ce qu'il désirait savoir " (sourate II, verset 251).

" Nous avons effectivement donné à David et à Salomon une science. Ils dirent : " la louange est à Dieu qui nous a préférés à beaucoup de Ses serviteurs croyants ". (sourate 27, verset 161).

" Jeûne! ordonne le Prophète, comme le faisait David ; il était le plus dévot de son temps ; il lisait entièrement le Coran, une fois par mois ". Ce hadith donne David comme exemple et condamne ceux qui s'imposent de jeûner continuellement (tout le temps), en terminant la lecture du Coran, chaque nuit. (Boukhari et Mouslim).

Le Prophète David est l'exemple idéal pour tout croyant ; " il vivait – disait le Prophète Mohammed – des gains que lui rapportait son travail manuel ". (Boukhari).

L'expression " Au nom de Dieu, le Clément et le Miséricordieux " (sourate 27, verset 30) était, selon ce verset, écrit, au début de la lettre envoyée par le Prophète Salomon à Balqîs, reine de Saba (capitale du Yémen).

" Elie fait certainement partie des Messagers ". (sourate 37, verset 123) " Yonas fait certainement partie des Messagers ". (sourate 37, verset 139).

" Nous l'envoyâmes comme Messager à cent mille hommes ou un peu plus. Nous leur donnâmes jouissance pour un certain temps ". (sourate 37, versets 147-148).

Quelle cité a donc tiré profit de sa foi (après avoir vu le supplice douloureux) ?.

" Excepté le peuple de Yonas ; une fois qu'ils ont cru, Nous les soulageâmes, dans la vie, ici-bas, du supplice de l'approche (infamant) qui les accablait et leur accordâmes jouissance, jusqu'à un certain moment ". (sourate 10, verset 28).

Zacharie, XIème des Prophètes au VIème siècle avant J.C, était menuisier, suivant le bon example de David.

" Nous avons effectivement donné à Moïse le Livre et Nous avons fait venir à sa suite les Messagers. Nous avons donné à Jésus-fils-de-Marie les épreuves évidentes (miracles) et Nous l'avons appuyé par le Saint-Esprit (Gabriel) ". Coran (Sourate II, Verset 88).

" Oui, le Messie, Jésus-fils-de-Marie est le Prophète de Dieu, Sa parole qu'Il a jetée en Marie, un Esprit émanant de Lui ". (sourate 4, verset 171).

" Nous avons accordé des preuves incontestables à Jésus- fils-de-Marie et Nous l'avons fortifié par l'Esprit de sainteté ". (sourate 2, verset 87).

" L'image de Jésus pour Dieu est comme celle d'Adam. Il le créa de terre et puis lui dit : sois et il se réalise " (verset 59). " Il parle aux gens, au berceau et adulte, et il fait partie des vertueux.. ". (verset 46).. " Il (Allah) lui enseignera le Livre, la sagesse, la Thorah et l'Evangile. Il sera Messager, auprès des fils d'Israël.. ". (Verset 48 et 49).

" Dieu est mon Seigneur et le vôtre. Adorez-Le : voilà une voie rectiligne ". (Verset 51)

Lorsque Jésus est venu avec des preuves manifestes, il dit : " Je suis venu à vous avec la sagesse, pour vous exposer une partie des questions sur lesquelles vous n'êtes pas d'accord. Craignez Dieu et obéissez-moi ! ". (sourate 43, verset 63).

" Il (Dieu) a descendu sur toi le Livre, en toute vérité et bon droit, confirmant ce qui est avant lui, et Il fit descendre la Thorah et l'Evangile ". (sourate 3, verset 3). " Je viens confirmer – dit Jésus – ce qui m'a précédé comme Thorah " (sourate 3, verset 50).

" O gens du Livre ! Ne sortez pas de la juste mesure dans votre religion et ne dites, sur Dieu, que la vérité " (sourate 4, verset 171).

" Le Messie Jésus- fils-de-Marie n'est que le Messager de Dieu, son verbe qu'Il a jeté à Marie et un esprit venant de Lui. Croyez donc en Dieu et en ses Messagers et ne dites point Trois. Dieu n'est qu'un Dieu Unique, loin de Sa gloire et de Sa pureté qu'Il ait un enfant ". (sourate 4, verset 171).

" Le Messie-fils-de-Marie, n'est qu'un Prophète ; les prophètes sont passés avant lui. Sa mère était parfaitement juste. Tous deux se nourrissaient de mets ". (sourate 5, verset 75).

" Tel est Jésus-fils-de-Marie ; c'est le langage même de la vérité qui fait l'objet de leurs doutes. Il ne convient nullement à Dieu de s'attribuer un enfant, gloire et pureté à Lui ! ". (sourate 18, verset 34, 35). " Et Marie, la fille de Imran qui préserva son organe pudique, Nous y insufflâmes, alors, de Notre Esprit. Elle crut aux paroles (messagers) de son Seigneur et à ses Livres et elle fait, à jamais, partie des humbles dévôts ". (sourate 67, verset 12). " Et celle (Marie) qui défendit l'intégrité de sa chasteté. Nous avons alors, insufflé en elle, de notre souffle vital, et fîmes d'elle et de son fils un signe (miracle) pour les habitants de l'Univers ". (sourate 21, verset 91).

" Dieu a élu Adam, Noé, la famille d'Abraham et la famille de Imrân, au-dessus des humains ". (sourate 3, verset 33). La famille de Imrân est la progéniture de Aaron, frère de Moïse. La femme de Imrân fit le voeu de consacrer l'enfant dont elle était enceinte au service du Temple. Cet enfant fut Marie dont Allah a fait la vierge immaculée dont naîtra Jésus. Les Anges dirent : " O Marie ! Dieu t'a élue, t'a purifiée et t'a choisie au-dessus des femmes, des humains! O Marie ! Sois pleine de dévotion à ton Seigneur, prosterne-toi et courbe-toi avec ceux qui se courbent ". (sourate 3, versets 42 et 43). " O Marie ! Dieu t'annonce la bonne nouvelle de la prochaine venue d'une parole de Lui. Son nom est le Messie, Jésus-fils-de-Marie, notable dans ce monde et dans l'autre et parmi les rapprochés ".

" La plus pieuse des femmes de son temps est Marie (mère de Jésus) et la meilleure des femmes de son époque (époque du Prophète) est son épouse Khadija ". (Hadith rapporté par Boukhari).

" Tu trouveras (O. Prophète) que ceux qui ont l'amitié agissante la plus proche de ceux qui ont cru (c'est-à-dire des Musulmans), sont ceux qui ont dit : Nous sommes chrétiens " (sourate 5, verset 82).

" Jésus est, en vérité, l'annonce de l'Heure, N'en doutez pas, suivez-moi. Voilà un chemin droit " (sourate 43, verset 61).

Le Prophète Mohammed, proclama, dans un Hadith rapporté par El Boukhari, que Jésus-fils-de-Marie reviendra sur la terre, arbitre intègre et juste ; Tabarany ajoute : "avant le Jour du Dernier Jugement ".

Les Imams Boukhari et Mouslim, plus explicites, proclament, d'après des hadiths authentiques que :

" Le vrai messie, libérateur et rédempteur est Jésus-Christ. Le faux messie, appelé "Dejjâl", viendra du côté de l'Orient, se dirigeant vers Médine ; mais, il sera refoulé vers la Syrie par les Anges, dont deux se tiendront aux aguets, le guettant aux sept portes de la ville ".


JESUS, PROPHETE ET SERVITEUR D'ALLAH

Q : Tout Prophète, quel qu'il soit, ne saurait prétendre à une filiation divine inconcevable, en se proclamant "Fils de Dieu". Que signifie-t-elle pour le vénéré Christ ?

R : La dogmatique originelle de l'Evangile est dépourvue de toute appellation de ce genre. La véritable pensée de Jésus est toute autre, aussi bien selon le Coran que le Nouveau Testament. C'est l'oeuvre de l'Eglise catholique et de ses conciles. Le grec, langue de la Septente, entend effectivement par fils, le véritable enfant, tandis que chez Isaïe, il signifie le serviteur. C'est la constatation faite par notre collègue et amie, Eva de Vitray-Meyerovitch, qui se livra à l'étude du grec pour relever ce caractère foncier de la langue de Socrate. Elle a puisé dans le patrimoine chrétien, pour nous livrer cette extraordinaire pensée du cardinal allemand de Cues qui, dès 1437 ap. JC, lisait le Coran en arabe et soulignait : " Quand le Coran dit qu'il ne faut pas dire Fils de Dieu, il a bien raison", quand le Coran dit : " Quand vous parlez de Dieu, ne parlez pas de Trinité, il a bien raison, parce que les gens croient que c'est trois Dieux ".

Il y avait aussi Marsile Ficin, Arnaud de Villeneuve, très proches de l'Islam. Tout ce mouvement a été complètement étouffé au XVème siècle par l'horrible Pape Borgia.


MONOTHEISME PUR DE L'ISLAM

Q : La tradition biblique fait état de mobiles supérieurs qui obligent les Juifs et les Musulmans à se traiter mutuellement avec respect et amitié. Qu'en-est-t-il aujourd'hui ? R : Maints publicistes et historiens hébreux se sont ingéniés à esquisser des fresques palpitantes sur cette fraternité millénaire qui unit Juifs et Musulmans. Nous nous contentons d'en citer une seule, élaborée par le grand Rabbin de la communauté Marocaine de Pafa (Brésil), Abraham-Hamou:

"Les Arabes sont des descendants d'Ismaël, fils du Patriarche Abraham et frère d'Isaac... Le Judaïsme a offert au frère Ismaël, pour paraphraser le Midrach (homelie talmudique), une perle précieuse, conservée par l'Eternel, deux mille ans avant la création : la Thorah. Israël a transmis à la race d'Ismaël le monothéisme que le peuple arabe a su garder dans sa pureté originale, avec ardeur et abnégation, ce que le peuple d'Edom (traditionnellement, les Chrétiens) n'a pas su faire. C'est l'ardeur des Mahometans, dans la préservation du monothéisme, qui fit dire à Maïmonide : "il n'y a pas un monothéisme aussi pur que celui de l'Islam".

Ismaël, à son tour, retourna royalement le cadeau reçu, puisque ce sont les Arabes qui ont civilisé la fraction sépharade du Judaïsme. En fait, quand l'Europe était plongée dans les ténèbres les plus profondes, l'Islam redevable au génie hellénique, mit à la disposition des Juifs de l'Europe occidentale et du bassin méditerranéen, les plus beaux produits de la pensée humaine : philosophie, poésie, musique, philologie, médecine, mathématiques, astronomie. Tandis que les Juifs de l'Europe centrale et orientale, qui ne furent pas conquis par les Arabes, stagnaient à côté de leurs voisins chrétiens, la branche sépharade évoluait d'une manière fantastique, donnant au monde une pléiade de génies dans toutes les branches de la pensée humaine. Il n'y a plus de doute que sans la présence des Arabes dans la péninsule ibérique, ni Maïmonide, ni Judah Halevi, ni Salmon Ibn Ezra et autres n'auraient existé, et ces génies sont, jusqu'à aujourd'hui, la source à laquelle nous nous abreuvons. "

L'assimilation de la culture arabe par nos célèbres maîtres fut aussi profonde et complète qu'on pourrait dire que nous ne savons pas, si c'est Maïmonide qui averroécisse, ou si c'est Averroès qui maïmonidise, pour reprendre une image d'époque hellénique, qui disait qu'on ne savait pas si c'était Philon (philosophe juif de l'ère grecque) qui platonifiait, ou Platon qui philonisait.

Les chercheurs qui ont réellement assimilé, aussi bien la culture arabe que la culture hébraïque des X, XI, XII, XIII, XIVème siècles, connaissent très bien cette vérité, hélas bien moins connue qu'elle ne devrait l'être, étant donné qu'il est plus fréquent de trouver des érudits qui dominent uniquement une de ces cultures, tandis que ceux qui dominent les deux, à la fois, sont peu nombreux.

Il serait convenable d'insister, d'une manière spéciale, sur ce que le Judaïsme doit à la culture arabe, en matière de philologie : en prenant comme modèle la grammaire arabe, nos grammairiens sépharades modernisaient et rationalisaient les travaux de l'école de Tibériade, ce qui permit aux Sépharades de conserver la pureté initiale de la langue hébraïque, ce qui n'arriva pas chez les Ashkenazes orientaux.

Le Judaïsme, qui a fourni "la Perle Précieuse" aux Arabes et reçu, en échange, les trésors que nous venons de citer, doit réactiver cette fraternité que seront capables de faire ensemble, les fils de Sem (les sémites), pour le bien d'une humanité appauvrie par des siècles de matérialisme.

Le Saint Coran, qui reflète les pensées de Moïse et qui a su tirer des ténèbres des centaines de millions d'êtres humains, de l'idolâtrie et de la superstition, est un modèle d'éthique pour l'humanité.

Une union profonde et complète entre les fils d'Abraham, orientée par la communion de croyance et de langue, constituerait un potentiel incalculable au service de l'humanité.

Malachie, Livre de la Bible, attribué au dernier des douze petits Prophètes, au Vème siècle av. JC, dit : (Ch. II, verset 10) : "N'avons-nous pas le même père ? Le même Dieu ne nous a-t-il pas tous créés ? Pourquoi méprise-t-on son frère ?"


LE CHEMIN DE DIEU

Q : Les Religions Révélées, et même d'autres religions qui ne paraissent pas l'être, parlent du "Chemin de Dieu", comme seul moyen de transcendance et d'approche sublime, vers Allah. Y a-t-il un dénominateur commun entre ces Religions ?

R : "Dieu a acheté des croyants – dit le Coran – leur vie et leurs richesses, en leur promettant le paradis. Ils combattent sur le chemin de Dieu, en tuant et en se faisant tuer. C'est là une promesse authentique qu'Il a prise sur Lui-même dans la Thorah, l'Evangile et le Coran (Sourate 9, verset 112).

" Ceux qui ont cru, ceux qui sont revenus au droit chemin avec Moïse (les Juifs), les Nazaréens (les Chrétiens) et les Sabéens, ceux qui ont cru à Dieu et au Jour dernier, dans le bien, ont leur salaire auprès de leur Seigneur. Nulle crainte à leur sujet et ils ne ressentent eux-mêmes aucun chagrin ". (Sourate 2, Verset 62), corroborée (par la sourate 5, verset 69).

Les Mages et les Sabi'yn sont similaires aux Gens du Livre, selon Ali Ibn Abi Tâlib ; les Sabi'yn qui croyaient aux astres, sont intermédiaires entre les Mages et les Chrétiens. Les Sabéens avaient pratiqué la religion de Noé, l'avaient ensuite reniée, pour adorer les étoiles.

" Celui qui œuvre pour nourrir une veuve et un mendiant, est considéré comme un combattant dans le chemin de Dieu " (Boukhari, Mouslim).

" Une veillée de surveillance d'un garde-côte prime sa prière, pendant un millier d'années, au milieu de sa famille " (Mausily) : Anass.

Ce hadith est corroboré par un autre, rapporté par Nassaiy et Tabarâny, à propos de celui qui lutte sur le chemin de Dieu.

Le chemin de Dieu, c'est la lutte commune, engagée par les Gens du Livre et autres, contre la subversion, la déstabilisation sociale, pour rétablir la paix et la cohabitation.

" Combattez-les, afin qu'il n'y ait plus de foyer de subversion (persécution ou guerre civile) et que la religion soit entièrement à Dieu. S'ils cessent, Dieu voit très clairement ce qu'ils font " (Sourate 8, Verset 39).

" Le Prophète a accordé leur part dans le butin, à un groupe d'israélites, qui avaient combattu à ses côtés " (Tabarâny).

Dans cette patrie commune, définie par la charte de Médine, tous les Gens du Livre, sont des "citoyens" ou sujets égaux, jouissant, notamment, d'une vaste liberté de confession. Leur devoir commun, est de lutter, dans le chemin de Dieu, pour faire régner la quiétude, à la fois morale et physique. "Pas de contrainte dans la religion".

Un pays soumis par les Musulmans a le droit de choisir entre deux solutions :

1) embrasser l'Islam et devenir un citoyen jouissant de devoirs et droits égaux;

2) garder sa religion et payer l'impôt foncier (Kharâj) correspondant à l'impôt de la Zakât, payé par les Musulmans et l'impôt de capitation (Jizia) qui les exempte du service militaire imposé aux Musulmans. Ces citoyens dhimmi sont protégés contre toute exaction ou expropriation de leurs biens.

L'Islam protège ainsi les biens, non seulement des citoyens musulmans, mais ceux qui vivent dans un pays musulman, en tant que "dhimmi", protégés, pour avoir accepté la loi de l'Islam, qui ne leur impose guère, cependant, une taxe d'obédience islamique. C'est une marque de la tolérance confessionnelle. Cette garantie a attiré toutes les ethnies, pour vivre au sein de l'Islam, loin de tout despotisme et arbitraire, vécus dans des pays où règne, par exemple, le communisme qui ose déposséder les possesseurs légitimes de leurs biens, pour les partager entre des gens qui n'ont rien fait pour constituer un tel patrimoine.

Le " dhimmi ", vivant sur la terre de l'Islam, a droit de préemption, comme les citoyens musulmans.

L'impôt de capitation n'est point exigible des femmes et des enfants. Selon l'imam Malek, seuls y sont astreints les pubères de sexe mâle, à l'exception des aliénés.

Mais, même au sein de cette lutte commune, sur le chemin de Dieu, les faibles, quoique mécréants, doivent être respectés. " Comment oses-tu combattre Dieu, en nuisant à Ses créatures? " (Lahssen Baaqili, T.I.P 23). " La politesse du comportement, vis-à-vis de ces créatures, c'est de les aimer, pour l'amour de leur Seigneur ". (p.35).

L'Islam a prohibé aux combattants de tuer les femmes, les enfants, les malades, les vieillards, les moines, les ermites. Il a interdit la mutilation, le massacre des animaux, la destruction des récoltes, la pollution des sources d'eau et des puits, la démolition des maisons d'habitation; il a réprouvé tout coup de grâce à l'encontre d'un blessé, ainsi que la poursuite d'un adversaire qui prend la fuite. (Se référer aux Recueils de Mouslim et Boukhari).

Le Messager d'Allah s'est toujours proclamé, dans ces circonstances, comme bâtisseur et non démolisseur, précepteur (éducateur) et non percepteur (d'impôt).

Ainsi, les salariés et les fellahs sont assimilés aux femmes, enfants, vieillards, malades qui sont mis, par ordre du Prophète, hors d'atteinte, épargnés par les expéditions de guerre engagées par l'armée musulmane.

Ces deux membres actifs d'une communauté même athée, sont bien respectés, en tant que promoteurs de l'extension économique du pays. L'Islam œuvre, pour instituer la paix, dans toutes les conjonctures, prêchant l'élimination de toutes conjectures éventuelles.

" Si l'ennemi demande le dépôt des armes, la réconciliation et la paix, on doit y répondre positivement, même s'il y a risque de traîtrise, en prenant toute précaution ". (Sourate 8, versets 60 et 61).

Q : Y a-t-il d'autres séquences, à propos du chemin de Dieu, où l'œuvre individuelle est prise en considération, abstraction faite de toute option confessionnelle et d'origines.

R : Nous avons développé, dans la rubrique afférente à la socialité du sacré, certains aspects où le social prime le cultuel. (C'est-à-dire l'acte effectué dans le service du culte). Nous en esquissons, ici, une petite fresque :

" Deux frères vivaient du temps du Prophète ; l'un d'eux était assidu, se rendant constamment chez le Prophète ; son frère vaquait à son métier ; il s'en plaignait auprès du Messager d'Allah qui lui dit :  c'est peut-être, grâce à lui, que tu reçois ta subsistance ". (Tabarâny).

" On a parlé au Prophète d'une femme pieuse qui ne cesse de prier, mais qui nuit aux voisins, par ses propos malsains ; il a tenu à souligner qu'elle est vouée à l'Enfer ". (Hadith rapporté par Ibn Hanbal et Bezzar).

" Une femme est descendue en Enfer, à cause d'une chatte qu'elle aurait ligotée et emprisonnée, sans nourriture, l'empêchant ainsi de chercher à se nourrir des produits et déchets de la terre ". (Boukhari et Mouslim).

Un croyant qui se suicide est damné. Il n'a pas le droit de se mystifier ou se mortifier.

" Un homme a fait le vœu de demeurer, constamment, debout sous le soleil, sans jamais s'asseoir ou se mettre à l'ombre, ou parler ou rompre son jeûne, au coucher du soleil. Informé de cet état excentrique, le Prophète lui ordonna de se mettre à l'aise, sous l'ombre, de s'abstenir de tout vœu de silence et de pratiquer le jeûne dans les normes ". (Boukhari).

On interrogea, un jour, Aïcha, épouse du Prophète, sur ce que son mari faisait, en rentrant au foyer : " Il se comportait – affirma-t-elle – comme tous les humains... " (Boukhari)

" Allah a pardonné à une femme de mœurs légères, pour s'être empressée à apaiser la soif d'un chien haletant et essoufflé (qui risquait de mourir), en remplissant d'eau un de ses souliers qu'elle attacha avec son foulard, pour puiser l'eau ". (Boukhari).

" Un homme a vu un chien, mangeant de l'herbe, pour apaiser sa soif ; il s'empressa de remplir ses souliers d'eau, pour l'abreuver , Allah lui rend grâce, pour son geste méritoire ; il lui ouvre les portes du Paradis ". (Boukhari).

" A la suite d'une bataille sainte, on amena au Prophète un prisonnier (non-musulman) qui ne portait pas d'habits ; il enleva un de ces qamiss (chemise longue, jusqu'aux pieds) et l'en vêtit ". (Boukhari).

Même, certaines cérémonies mondaines, mais chastes, s'insèrent dans l'œuvre accomplie au service de Dieu, agrémentée par un acte innocent où le croyant lui-même, cherche à s'amuser par souci d'alternance.

" Ayant vu un groupe de femmes et d'enfants, revenant d'une cérémonie de noces " (le Prophète dit en s'adressant à eux : " Vous êtes parmi ceux que j'aime le plus ". (Boukhari).

" Tenez bien compte de l'état de la jeune fille, qui est dans la fleur de son âge et qui aime se divertir ". (Boukhari).

Allah aime sa créature ; la meilleure communauté est celle qui englobe l'ensemble des humains, quelles que soient leurs confessions ; car – dit le hadith – les créatures sont les "pourvoyées" d'Allah, qui aime tous ceux qui rendent service à Ses serviteurs " Si le mécréant sait ce que Dieu déverse comme providence et clémence, il ne désespère guère d'intégrer le Paradis ". (hadith rapporté par Boukhari, Mouslim et Tirmidhy).


POURQUOI L'ISLAM A COMBATTU LES CHRETIENS ?

Q : L'Islam, qui proclame le monothéisme abrahamique, a pourtant combattu le Christianisme, religion révélée.

R : Au début de l'Islam, le Prophète n'a jamais combattu les Chrétiens. Ses combats offensifs visaient les polythéistes et les idolâtres seuls. Mais, après le pacte de Hodeïbya, passé à la Mekke, avec les Arabes Qoreïchites, il envoya des émissaires, auprès de certains empereurs de confession chrétienne, tels César et Najâchy (Empereur d'Ethiopie). Ce furent les Chrétiens syriens qui déclarèrent la guerre contre le promoteur de l'Islam, en assassinant certaines personnes qui avaient adopté, spontanément, la nouvelle religion abrahamique. Le Prophète, attaqué ainsi indirectement, se voyait dans l'obligation de réagir. Il dépêcha à Mouta, cité syrienne, une expédition, commandée par Zeïd Ibn Hâritha, Jâafar et Ibn Rawâha ; ce fut la première bataille engagée contre les frères Chrétiens que le Prophète respectait, en tant que Gens du Livre Sacré. Elle fut couronnée par la victoire du commandant suprême, Khalid Ibn el Walid. Le Jihad consistait donc en une guerre défensive contre l'agression, pour la protection d'une campagne pacifique, menée, sans contrainte aucune, dans le cadre d'une liberté confessionnelle, pleine et entière. L'histoire a rarement donné l'impression d'une spontanéité aussi nette et agissante, dans la conquête pacifique des cœurs.

En général, jamais l'Arabe, dans toute l'ardeur de sa foi nouvelle, n'a songé à éteindre , dans le sang, une foi concurrente.

Si le Musulman a prêché l'Islam, il s'est toujours abstenu de faire pression sur le cœur des infidèles. Quand le monde de l'Islam était à l'apogée de sa puissance et de son épanouissement, des communautés chrétiennes et juives menaient, dans son sein, une vie heureuse et paisible.

L'Islam, loin d'être la religion imposée par le conquérant arabe, n'avait même pas besoin de propagande, pour gagner du terrain. L'Anglais Thomas Arnold nous cite deux cas – les seuls, peut être, dans l'histoire de l'humanité – où le vainqueur non-musulman, s'empressa d'adopter, de plein gré, la religion des musulmans vaincus. En effet, dans l'apogée de leur puissance et de leur barbarisme, les Tartares et les Turcs du XIème siècle ne purent résister à l'attrait de la foi musulmane.

L'Islam a toujours vénéré les Nazaréens (chrétiens), détenteurs de la Bible. Quand la Syrie catholique fut battue par la Perse polythéiste, du temps du Prophète, l'Islam se mit en deuil. Il se voyait lui-même atteint, dans sa conviction, de religion révélée.

Un document publié par le Vatican, sous le titre "Orientations", oppose l'idée répandue de l'Islam, religion de la crainte, à l'Islam, religion de l'amour, amour du prochain enraciné dans la foi en Dieu. Il réfute l'idée qu'on a propagée faussement, selon laquelle il n'y a guère de morale musulmane, et cette autre, partagée par tant de Juifs et de Chrétiens, du fanatisme de l'Islam qu'il commente en ces termes : " De fait, l'Islam ne fut guère plus fanatique, au cours de son histoire, que les cités sacrales de chrétienté, quand la foi chrétienne y recevait en quelque sorte, valeur politique ". Ici, les auteurs citent des expressions du Coran qui montrent que ce que les Occidentaux traduisent abusivement par "guerre sainte", " se dit en arabe Al jihâd fi sabîl Allah, l'effort sur le chemin de Dieu ". " Effort pour propager l'Islam et le défendre contre ses agresseurs ". Et le document du Vatican de poursuivre : " Le Jihâd n'est aucunement le kherem biblique, il ne tend pas à l'extermination, mais à étendre à de nouvelles contrées les droits de Dieu et des hommes (...) Les violences passées du Jihâd suivaient en général les lois de la guerre; et du temps des Croisades, ce ne furent pas toujours les Musulmans qui perpétrèrent les plus grandes tueries ".


LE MONACHISME CONDAMNE PAR JESUS ET MOHAMMED

Q : Le monachisme, tel que le pratiquent actuellement certains Chrétiens, a-t-il un fondement dans le Christianisme?

R : Aucun fondement. Le fait a été déjà condamné, dès le IIIème siècle de l'ère chrétienne, par l'Archevêque Tirtullien. Cette absence de fondement est relevée dans le Coran, par ce Verset : "Poussés uniquement par le désir de satisfaire Dieu, ils ont inventé une vie monacale – que Nous ne leur avons point prescrite – mais ne l'ont pas observée, comme il se doit ".

L'Islam condamne la vie monacale, parce qu'elle proscrit le mariage, ce qui est contraire à la nature humaine. Il nous conseille de jouir pleinement de la vie, sans toutefois oublier que nous devons rendre compte de nos actes à Dieu :

"O croyants, ne vous interdisez pas les choses saines que Dieu a déclarées licites pour vous " ... " Cherche à gagner avec les biens que Dieu t'a accordés, la demeure éternelle. Ne néglige pas ta part de la vie de ce monde ".

" Nous avons enraciné en l'homme l'amour des plaisirs : femmes, enfants, trésors d'or et d'argent, chevaux marqués, animaux domestiques, champs. Tout cela est l'objet de jouissance temporaire, alors que près de Dieu, il y a belle retraite " (Sourate 3, verset 13).

Dieu S'est fait une obligation d'aider à la réalisation de trois projets que peut avoir le Musulman, dont le mariage, considéré comme un bouclier de chasteté!.

Tirtullien condamne, indirectement, la vie monacale, en disant : " Nous ne sommes pas des Brahmanistes et des ascètes hindous. Nous ne fuyons pas les gens, mais pour notre sécurité, nous avons dû nous enfermer ".

Le monachisme a pris forme entre le IIIème et le XIIème siècle. Les fondateurs en sont les Pères du désert, moines qui, à partir de la fin du IIIème siècle, peuplèrent les déserts d'Egypte, de Palestine et de Syrie. Le " monachus " (mones en grec = moine) est celui qui mène une existence retirée, plus ou moins solitaire, où le contact avec les hommes est réduit au strict minimum... Mais le terme " monacaux " revêt un autre sens, car, " monazein " en grec veut dire " réduire à l'unité ". Désormais, le moine sera celui qui réduira tout, dans sa vie, à l'unique oeuvre de la foi, tendant au continuel service de Dieu dans la solitude.


HERESIES ANTE-ISLAMIQUES

Q: Quelle est la position de l'Islam par rapport aux hérésies ante-islamiques ? La loi et la voie musulmanes peuvent pousser la tolérance, jusqu'à quel point ?

R : L'Islam attache à la responsabilité une obligation péremptoire exclusive. Toute responsabilité suppose la possibilité d'agir en connaissance de cause. Un être responsable est celui qui a le pouvoir de prendre des décisions, et d'opter pour une idée ou une idéologie, dans des conjonctures et des conjectures déterminées. Une double motivation, est exigée au sens de l'Islam : une connaissance adéquate et une raison qui juge, ce qui peut se réduire à un seul mobile: un entendement sain, serein et souverain ; car la raison est la faculté propre à l'homme pour connaître et juger, à la fois ; quand ce pouvoir discursif qui est le raisonnement est déréglé, il ne peut guère distinguer le vrai du faux ou le bien du mal. L'homme devient irresponsable. L'Islam tient compte, des deux mobiles, mais dans deux cas différents. Il est tolérant pour les hérésies ante-islamiques, car les hommes sont censés avoir perdu – lors de la longue durée des six siècles, qui séparent Jésus de Mohammed – toute notion de la religion chrétienne. L'existence de quelques moines ou ermites confirment la règle. Mais, en pleine période islamique, si en principe, chacun est censé ne pas ignorer la loi, sa responsabilité est, pourtant, mitigée ou parfois complètement annihilée. Il faut atteindre l'âge de raisonner, pour être responsable, c'est l'âge de distinction ; seul le pouvoir de bien raisonner est exigé, non un degré d'intelligence déterminé. Un fils d'athée qui a atteint l'âge de la puberté, sans avoir repris sa raison, qu'il aurait perdue lors de son enfance, est considéré comme croyant. Au regard de la loi musulmane, il n'a plus la possibilité de choisir.

Un hadith rapporté par Boukhari, dans son Recueil de Traditions Authentiques, souligne que "Toute responsabilité est dégagée de l'enfant jusqu'à sa puberté, de l'insensé jusqu'au moment où il reprend raison, et de celui qui est en état de sommeil, jusqu'à son réveil ".

La tolérance, dans ces cas spécifiques, est normale. Il ne s'agit point d'une quelconque indulgence ou facilité à excuser et pardonner, mais bien d'une dérogation légale, humainement légale, admise dans toutes les Religions Révélées et dans toutes les lois positives.


LE PROPHETE, SIMPLE GUIDE ET ORIENTATEUR

Q : Avant l'exil à Médine, de nombreux versets du Coran insistent sur la fonction de simple " avertisseur " du Prophète Mohammed : "Tu n'a pas pour mission, ô Prophète : de convertir les hommes. C'est à Dieu que cette mission incombe". (Sourate II, verset 272)

R : Il y a une nuance dans la traduction de ce verset. Allah a bien dit textuellement : "Ce n'est pas à toi de les mettre sur le droit chemin, mais Dieu y guide qui Il veut". (Exégèse Kechrid)

Il y a deux autres versets où le mot " hada " est employé, avec deux sens différents : "Certes, tu guides dans le droit chemin" ; "Tu ne peux guider qui tu veux". Dans ce dernier verset, le mot " hada " signifie, selon un hadith, "orienter le coeur " ; fait qui n'est pas à la portée du Prophète ; mais qui est le propre de l'Omnipotent.

Le Messager d'Allah a défini ce processus d'orientation dans un hadith rapporté par Boukhari, Mouslim et les Sonan ; comme suit:

" Mon avènement en tant que Messager d'Allah, doté de bonne orientation et de science, est telle une pluie bienfaisante, ayant arrosé une terre dont une partie féconde put absorber l'eau; en faisant croître, abondamment, herbe et verdure. La partie stérile retint l'eau et Allah en fit profiter les gens, en buvant, en abreuvant leurs animaux, et arrosant leurs champs. Une troisième partie, plane et sablonneuse, ne retint guère l'eau et ne fit pousser aucune verdure. Cette parabole nous donne d'abord, l'image d'un bon croyant, bien conscient des normes de la Religion, qui en profite, en les enseignant aux autres; une deuxième personne qui, tout en connaissant cette science, n'en profite nullement; et enfin, celui qui rebute les enseignements que j'ai reçus d'Allah".


LE PEUPLE ARABE ILLETTRÉ

Q : Pourquoi le peuple arabe était qualifié d'illettré ? R : Ce serait la Bible qui l'aurait ainsi qualifié, soit à cause de son analphabétisme, en tant que peuplade primitive et farouche, soit par manque d'Ecriture révélée, comme chez les détenteurs des Ecritures, c'est-à-dire l'Ancien et le Nouveau Testament.

Le Coran répète cette appellation, en citant les propos et des hommes de la Bible : " Il n'y a aucune procédure contre nous, en faveur des illettrés ". (Sourate 3, verset 75)

Les Arabes illettrés, convertis à l'Islam, respectaient les Juifs de Médine, en tant que " Gens du Livre ". Mais, le chauvinisme de certains d'entre eux, leur fit perdre cette dignité, car ils commencèrent à renier le Coran qui confirme, pourtant, la Thorah, préférant les athées et les païens aux croyants arabes. De là, vient cette malédiction proclamée par le Coran : " Ne vois-tu pas ceux qui ont reçu une partie du Livre, comment ils croient aux choses diaboliques et aux fausses divinités, et disent au sujet de ceux qui ont nié " : Ceux-là sont sur une voie meilleure que ceux qui ont cru. Ce sont ceux-là que Dieu a maudits". (Sourate 4, verset 51).

Mais, " parmi le peuple de Moïse, il est une communauté – précise le Coran – qui se guide, selon la vérité et le bon droit et qui juge sur leur base ". (Sourate 7, verset 160)

" Dieu prit effectivement sur les fils d'Israël leur pacte ; Nous suscitâmes d'entre-eux douze chefs de tribu (les douze fils de Jacob). Et Dieu dit : " Je suis avec vous, si vous accomplissez correctement la prière, si vous faites l'aumône légale, si vous croyez à Mes Messagers ". (Sourate 5, verset 12)

" Etant donné leur négation et les énormes mensonges effrontés qu'ils dirent à propos de Marie ". (Sourate 4, verset 156)

Le Coran fait, ici, allusion à la mécréance des Juifs qui ne croient guère en la conception immaculée de Jésus, prétendant que Marie l'a eu d'un contact sexuel avec Joseph le menuisier. Ils avaient fait, de même, à propos d'Aïcha, épouse du Prophète. Allah la disculpa ainsi, dans le Coran : " Si les Gens du Livre avaient cru, c'eût été bien meilleur pour eux. Il en est qui ont cru, mais la plupart d'entre eux sont des dévergondés ". (Sourate 3, verset 110)


JUSTICE SOCIALE REVELEE COMMUNE

Q : Les Religions Révélées ont-elles un rôle social ? R : Il y a une corrélation étroite entre les préceptes des textes révélés ou des traditions et propos des Apôtres et Messagers. Le Prophète Mohammed dit : " je suis contre tous ceux qui ne paient point son dû à l'ouvrier, avant que sa sueur ne se dessèche ".

" Que le salaire du journalier ne reste point par-devers toi jusqu'au lendemain". (Lévitique, Chapitre XIX.) " Ne cause point de tort au journalier pauvre et nécessiteux... Le jour même, tu lui remettras son salaire, avant que le soleil ne se couche " (Deutéronome, chap. XXIV, versets 14, 17, 19-21)

Il a été bien spécifié que la véritable fidélité (fond de toute servitude à Allah) réside dans le fait d'aimer son frère comme soi-même. " (Lévitique, Chapitre XIX).

Zacharié proclama :

" Rendez des jugements de vérité... N'opprimez pas la veuve et l'orphelin, l'étranger et le pauvre". (Rois, Chap. 9 et 10)

" Quand tu moissonneras, tu ne ramasseras point la glanure de ta moisson... Tu ne recueilleras point les grains épars de la vigne. Abandonne-les au pauvre et à l'étranger... Si un étranger vient séjourner avec toi, ne le moleste point; il sera pour toi, comme un de tes compatriotes... et tu l'aimeras comme toi- même " (Lévitique, Chap.XIX, Versets 9-10,13,15, 33, 34)

" Le jeûne que J'aime – dit le Seigneur – : est de rompre les chaînes de l'injustice, de dénouer les liens de tous les jougs, de libérer ceux qu'on opprime, de briser ,enfin, toute servitude, puis de partager son pain avec celui qui a faim, de recueillir, dans ta maison, les malheureux sans abri; quand tu vois un homme nu, de le couvrir, de ne jamais te dérober à ceux de ta chair qui sont en détresse. "

Safwân Ibn Assal rapporte: "Un Juif dit à son compagnon : " Allons donc voir ce Prophète! " Ils allèrent au Messager de Dieu et l'interrogèrent sur neuf signes évidents. Safwân cita tout le Hadith jusqu'à ces mots. Ils lui baisèrent la main et le pied, en disant : " Nous attestons que tu es Prophète " (Tirmidhy). Les neuf signes sont – selon Attayby – les neuf interdits communs aux Juifs et aux Musulmans que le Prophète leur décela , pour les convaincre de sa qualité de Prophète et ajouta le dixième qu'ils avaient tu :

Ces dix interdictions sont les suivantes :
1) associer à Dieu qui ou quoi que ce soit,
2) le vol,
3) l'adultère,
4) le meurtre non justifié par la loi,
5) dénonciation injuste d'une personne innocente, afin qu'elle soit tuée,
6) sorcellerie (ou magie noire),
7) calomnie d'une femme chaste,
8) prêt à intérêt,
9) fuite au combat (désertion),
10) transgression du sabbat (propre aux Juifs).

Q : Pouvez-vous nous citer un cas de prohibition sur le plan social, dans les Livres Révélés ?

R : L'intérêt est le surplus ajouté au capital prêté. Il est prohibé par tous les Livres Révélés (Coran, Ancien et Nouveau Testament).

Dans le Coran (Sourate 2, versets 275-276 ; Sourate 2, verset 279). Dans les Hadiths authentiques, rapportés par l'ensemble des traditionnistes. Egalement dans l'Ancien Testament (Livre de l'Exode, chapitre 22, verset 25 - Livre Lévitique, ch. 25, verset 35) et aussi dans le Nouveau Testament (Evangile Saint Luc, ch. 6, versets 34 et 35).

Cette interdiction est motivée par des raisons d'éthique sociale, dans le but de baser tout rapport socio-économique, entre les hommes, sur la nécessité d'une coopération saine, dégagée de tout égoïsme ou exploitation et où l'altruisme doit dominer. L'intérêt, tend selon la conception islamo-chrétienne, à créer une classe sociale nantie et inactive dont le capital pécuniaire grossit aux dépens des moins favorisés ; l'effort déployé par le croyant, pour s'assurer honnêtement son gagne-pain, sans porter atteinte à autrui , est une marque de rectitude qui encourage l'esprit d'entreprise, incite à un rehaut indélébile, chez tout individu, animé immanquablement, alors, par le double souci de se rehausser, à la fois le talent dynamique et la morale psychique.


L'ISLAM, RELIGION D'ACTION

Q : Le bouddhisme est une doctrine contemplative. Quelle est la position de l'Islam?

R : Le bouddhisme qui n'est pas une véritable religion, est effectivement une doctrine, prônée par Bouddha (560-480 av. JC); c'est une philosophie, basée sur l'Ethique, qui tend à la réalisation d'une sorte de béatitude contemplative où l'initié atteint, dans un stade ultime, l'extinction des illusions qui forment le fond de l'existence de l'individu. Diverses écoles se sont formées, à partir d'un ordre devenu monastique (le sangha), essaimées dans toute l'Asie, surtout au Tibet, en Chine et au Japon , comptant plus de 200 millions d'adeptes. Il semble que le sanskrit, une des langues du Bouddhisme, soit devenu le véhicule littéraire et sacré du Brahmanisme, à base aussi de béatitude et d'illumination contemplative. Il aurait, à notre sens , puisé lors de ses pérégrinations, à travers le soufisme de l'Inde musulman, certaines motivations afférentes au principe de l'extinction, dans son aspect passif. Deux termes en usage dans le bouddhisme actuel, nous incitent à croire à cette interférence : le mot "nirvana" où la notion d'illumination devient une des motivations de l'extinction ;  il n'est, d'ailleurs, que la transposition de deux termes arabes nour (lumière) et fana (extinction), pour exprimer l'idée de la lumière de l'extinction. L'autre terme est "mahayana" (du mot arabe mo'ayana, c'est à dire vision contemplative).

Même dans le soufisme, cette attitude contemplative n'est qu'un stade, dans la phase de l'extinction; le croyant, musulman ou autre, est un homme d'action. Ses actes cultuels, son comportement, sont marqués par l'action ; l'exercice d'un métier est le propre d'un initié idéal. " Dis (proclame le Coran) : agissez et Dieu verra votre action, de même que son Messager et les Croyants ". (Sourate 9, verset 105). L'Islam est donc une religion énergétique où tout élément statique est éliminé.

Q : Pouvez-vous nous donner un exemple cultuel qui cristallise ce dynamisme de l'Islam ?.

R : La circumambulation qui consiste à tourner sept fois autour de la Kaâba, à la Mekke.

Dans cet acte cultuel, nous retrouvons les motivations du trio révélé que nous avons pris comme base du sacré, notamment les deux mobiles rationnel et scientifique. Il s'agit d'un mouvement de rotation, autour d'un centre de convergence de l'Islam universel, marqué par une double empreinte : l'énergétisme résidant entre autres, dans la gamme diatonique musicale et celle de l'arc-en-ciel, avec ses sept couleurs.


SOCIALITE DU SACRE

Q : Le sacré développe-t-il une éthique ?

R : Les impératifs d'ordre communautaire créent, entre citoyens, une cosolidarité sociale qui prime toute pratique dévotionnelle. Les caractéristiques de la foi, renforcées, déjà, par un double conditionnement rationnel et scientifique, sont loin de se cantonner dans les actes du culte. Elles touchent, en premier lieu, les élans du cœur et le comportement des âmes. Tout mérite est fonction de l'efficience sociale de l'acte accompli par le fidèle. Parfois, des obligations, comme la prière, passent au second plan, par rapport à des pratiques surérogatoires, tels le désir de servir, d'aider et de protéger les faibles, le souci de tact et de délicatesse, une prévenance de cœur raffinée. Le jeûne bien entendu devant être agréé par Allah, est conditionné par divers facteurs dont, notamment, la profondeur des sentiments de compassion du fidèle à l'égard des miséreux, éprouvés par la faim et les privations. Un croyant qui jeûne constamment et passe sa nuit en prière, en fuyant ses concitoyens, n'est pas dans le chemin de Dieu. La zakât, aumône légale, est une dîme qui a pour but initial d'assurer une juste répartition des biens; elle tend aussi à renforcer, chez le croyant, des dispositions qui l'incitent, à se préoccuper des autres, à œuvrer pour soulager les misères, en subvenant aux besoins des miséreux ou en secourant des gens en détresse. Cette socialisation des biens qui est, en même temps, une harmonisation des cœurs, ne tend point à appauvrir une couche de la société, au profit d'une autre, mais à réaliser, au sein de la communauté, un certain équilibre susceptible de bien asseoir la confraternité entre citoyens, quelle que soit leur confession . Le législateur s'ingénie à multiplier les chances, pour renforcer les liens de fraternité dans la société. Certains péchés jugés capitaux en Islam, comportent, outre l'idolâtrie, deux autres, d'ordre purement social, à savoir le faux témoignage (qui risque de condamner un innocent) et l'ingratitude envers les parents. Nous avons procédé, à un petit recensement sur les quelques milliers de hadiths, seuls authentifiés, parmi un million de hadiths apocryphes,en cours. Nous avons constaté que les quatre cinquièmes des hadiths sont marqués par un cachet social. Des péchés dits éliminatoires (" mouhabbitât ") sont au nombre de cinq ; un seul hadith concerne le cultuel ; dans les quatre autres :

1- Le blasphème d'une innocente est de nature à annihiler, à jamais, l'impact et l'efficacité de tout acte dévotionnel (hadith rapporté par Mouslim).

2- Extirper à un ouvrier une partie de son salaire, est considéré par la loi coranique, comme un motif irrévocable de chute et de damnation (Hadith Hajjat el Wadaâ, c'est-à-dire, dernier Pèlerinage d'adieu effectué par le Prophète).

3- Le pratiquant zélé qui pèche par médisance d'autrui, s'expose à la même malédiction.

4- Le Prophète affirme solennellement : " Je suis contre ceux qui ne s'acquittent point du salaire dû à l'ouvrier, avant que ne se dessèche sa sueur ". " Malheur – dit le Coran – à tout diffamateur médisant " (Sourate 104, verset 1). "Evitez les soupçons, ce sont de véritables péchés ; ne cherchez point à vous épier et à médire les uns des autres " (Sourate 49, verset 12). L'impératif de justice est de portée humaine et la confession de l'opprimé n'entre jamais en jeu. Pour bien marquer l'universalité des préoccupations sociales de l'Islam, le Prophète tint à condamner solennellement, un jour, le sourire moqueur de son épouse Aïcha, à l'encontre d'une Juive naine, en précisant que son attitude malicieuse était susceptible de noircir l'Océan. Le croyant doit être courtois, indulgent, compatissant et plein d'égards vis-à-vis de ses concitoyens : la parole courtoise ou le secours porté à un homme, sont des marques de générosité.

Tout est licite en Islam, car tout acte ou geste est considéré comme innocent, tant qu'il n'y a pas un texte législatif qui le rend prohibitif ou restrictif. Toute prohibition est marquée par le souci du législateur de diminuer, au sein de la communauté, toute cause de tension ou de malentendu, provoquée par un complexe d'injustice et un sentiment de spoliation. L'illégitimité des jeux de hasard et de l'usure (dans les prêts et crédits bancaires), n'avait pas une raison en soi. Bien plus, toute œuvre initialement légale et licite, devrait être exclue, si elle risquait de dégénérer en élément de discorde. "Le mensonge qui pallie un danger, qui réconcilie deux êtres séparés, est – souligne le Prophète – un acte méritoire". Une bonne intention est de nature à légitimer un acte originellement illégal. La viabilité de l'Islam, son universalisme transcendant, procèdent surtout de sa souplesse et de sa simplicité, toute humaines.

Le Prophète donnait, en premier, l'exemple sublime de cette aisance et de cette éthique agissante. "Tu jouis d'une très grande moralité ", dit Allah s'adressant à son Messager (Sourate 68, verset 4).

Le secret de cette éminente éthique, réside dans le caractère humain, donc foncièrement social, du Prophète. Ses traditions ont été, pour l'humanité, des catalyseurs et des leitmotiv conducteurs.

On interrogea, un jour, Aïcha, épouse du Prophète, sur ce que son mari faisait, en rentrant au foyer : "Il se comportait – affirma-t-elle – comme tous les humains ".

  Trois compagnons du Prophète se présentèrent, un jour, auprès des épouses de l'Envoyé de Dieu, pour se renseigner sur la fréquence de ses prières; ils apprirent que le Prophète priait moins souvent qu'ils ne le pensaient. Or, auparavant, les trois hommes avaient pris l'habitude de trouver leur satisfaction, l'un dans l'exercice constant des prières, l'autre, dans son jeûne prolongé et le troisième, dans la chasteté du célibat; quand on raconta la chose au Prophète, il dit :

" En ce qui me concerne, la crainte de Dieu ne m'astreint nullement à de telles rigueurs ; je ne me prive ni de manger,ni de dormir, ni d'accomplir mes devoirs conjugaux sans, pour autant, abandonner la prière et le jeûne ; telle est ma tradition et quiconque ne s'y conforme pas, n'est pas des miens " ( Bokhari, Mouslim,Nassaiy)

" A son entrée, un jour, à la mosquée, le Prophète avait vu une corde étendue entre deux colonnes ; s'informant sur la raison de ce fait, on lui répondit que cette corde y a été placée par son épouse Zaïnab, pour s'y attacher, au cas où elle se sentirait saisie par le sommeil ; le Prophète ordonna, alors, de l'enlever, en disant : " quiconque fait sa prière doit poursuivre, tant qu'il est disposé à le faire, sinon, il doit se reposer. "(Hadith rapporté par Boukhari)

" Si vous sentez le sommeil, durant votre prière, dormez, puis reprenez la prière, quand vous vous serez reposés ". (Sonan)

" Pas de prière en présence du repas, ni au moment où l'homme ressent la nécessité de faire ses besoins naturels (uriner ou déféquer) ". (Mouslim et Abou Dawoud)

Le Prophète ne manquait pas d'élégance, de chaste élégance; " Il consultait le miroir, avant de se présenter à ses compagnons, digne et en bon état ", souligne son épouse Aïcha.

Faisant l'éloge de son Messager, Sidna Mohammed – qu'il soit béni et salué – Allah dit de lui : " il n'émet aucun mot, sous l'effet de la passion ; il ne s'agit, certes, que d'une révélation inspirée " (Sourate 53, versets 3 et 4).

Le Messager d'Allah ne se vengeait jamais (d'une offense ou humiliation), sauf en cas d'atteinte à la dignité de Dieu. (Boukhari et Mouslim).

"La pire des morts est celle qui survient, malgré la médication". (Tabarâny)

" N'est guère moumin (croyant) celui dont le voisin (même mécréant) craint de sa part un quelconque méfait ". (Boukhari)

Dans une autre variante : " Le moumin ne doit nuire en rien à son voisin ... ". (Boukhari)

" Dieu aime le croyant qui exerce un métier ". (Tirmidhy)

" Mieux vaut, pour un moumin, ramasser du bois et le vendre, pour s'assurer un gagne-pain, que de mendier ". (Sonan sauf Abou Dawoud)

Espérance et persévérance sont les leitmotiv d'un bon croyant.

" Si les signes du Jugement dernier venaient à se manifester – dit le Prophète d'après Boukhari – au moment même où vous vous apprêtez à mettre un plant en terre, n'hésitez pas à le planter ".

" L'homme est né libre; comment, dit le khalife du Prophète, Omar, osez-vous le subjuguer ?". L'esclave est un prisonnier de guerre, au sens de l'Islam. Toute traite, en dehors de ce fait de guerre, demeure illégale, quoiqu'elle fût pratiquée, de tous temps, en terre d'Islam, contrairement à ses prescriptions.

La libération de ces esclaves est considérée par le législateur comme un moyen pour le croyant, de se racheter de ses péchés. L'homo, à Rome, désignait l'homme sans droit, l'esclave, par rapport au citoyen.

L'animal, lui aussi, profite de cette sollicitude de l'Islam à son égard. Maints hadiths considèrent la protection des animaux, comme un facteur de rachat pour tout récalcitrant. "Les pays d'Islam, dit Le Bon, sont le Paradis des animaux ".

" Le Messager d'Allah a interdit de ligoter les bêtes pour les tuer ". (Boukhari, Mouslim et Sonan)

Un document du Vatican II, publié en 1975, sous le titre d'"Orientations ", traite du préjugé selon lequel l'Islam serait une "religion figée qui maintient ses adeptes dans un Moyen Age révolu et les rend inaptes à s'adapter aux conquêtes techniques de l'âge moderne ". Il compare des situations analogues qu'on observa en pays chrétiens et déclara : " Nous trouvons... dans l'élaboration traditionnelle de la pensée musulmane, un principe d'évolution possible de la société civile".

Dans une déclaration, à l'occasion du 25ème anniversaire de l'Organisation de la Conférence Islamique (O C I), en 1996, le Président américain Bill Clinton salue l'oeuvre de cette Organisation, dans la promotion de "l'entente Internationale " et des "valeurs spirituelles ", en parfaite harmonie – dit-il – avec "Les meilleurs idéaux  des Etats-Unis, notamment sur le plan de la société ".


LE PARI DE PASCAL

Q : Comment, dans son argument du " pari ", Pascal a pu concilier les preuves rationnelles, avec l'intuition religieuse du cœur ?

R : Pascal conçut l'idée d'une " Apologie de la religion chrétienne ", à l'adresse des incrédules. Des fragments de cet ouvrage posthume et incomplet ont été publiés en 1670 sous le titre de Pensées. Pascal, " niant toute certitude logique absolue ", en vint à conclure, après une analyse critique de la nature de l'homme et de sa destinée, que " la religion seule peut lui venir en aide ". C'est la foi, qui, selon lui, structure ce substrat ; mais la " raison est sans effet " dans son acquisition. Là, Pascal dut recourir à l'axiome du pari, où l'intuition (connaissance inspirée par le cœur) est étayée par des tests pratiques sensibles, en dehors – pense-t-il – des preuves rationnelles. " L'homme devra croire, parce qu'il y a intérêt ", mis en avant par un dilemme péremptoire. Mais, Pascal a-t-il raison, quand il élimine, dans cette alternative, l'impact indirect du raisonnement qui place cette option entre deux solutions possibles ? En revanche, Ghazali, " qualifié de preuve de l'Islam ", conscient de ce tiraillement, n'élimine guère l'effet d'un certain entendement discursif, car, pour lui, l'ensemble des facultés qu'il qualifie de " subtilité divine ", englobe des impondérables, apparemment contradictoires, qui se complètent, dans leur structuration intrinsèque et introspective.

La notion du pari est citée dans le Coran, comme processus probant, dans la Sourate 40 au verset 28 : " S'il (l'homme) ment, son mensonge retombera sur lui et s'il dit vrai, vous serez touchés par une partie de ce qu'il vous promet. "

C'est la sagesse de l'entendement qui, à notre sens, " actue " le Cosmos. La raison est toujours présente, ne serait-ce que corollairement.

La tradition musulmane considère le Christianisme comme le frère aîné de l'Islam : rien d'essentiel ne les sépare. Or, l'Islam " a libéré l'intelligence de toute croyance fondée sur l'autorité, et lui rendit – comme l'affirme le Cheikh Abdou dans son Traité de l'Unité – sa complète souveraineté dans laquelle elle doit régner par son jugement et sa sagesse ". " Rien dans l'enseignement du Prophète – dit l'auteur des Visages de l'Islam – ne rebute l'entendement, rien ne heurte le bon sens commun; l'idéalisme le plus élevé est allié au réalisme le plus positif ".

Q : Là, vous avez peut-être effleuré une idée, à l'effet vaste et ambigu, que vous avez qualifiée de cosmique? Pouvez-vous nous en esquisser une fresque plus évocatrice?

R : L'Islam démarre toujours, dans son argumentation, d'un concept humain somato-rationnel. Parole de Dieu, le " Livre Sacré " enseigne un mode de pensée : il ne cesse pas de répéter : "Réfléchissez, méditez, raisonnez ". S'adressant au croyant : " Quand tu auras décidé – ordonne-t-il – fie-toi à Dieu". L'acte planifié d'abord, foncièrement rationalisé, la confiance en Dieu, ensuite. Cette dialectique a toujours été, chez l'homme, la manière essentielle de procéder d'un intellect libre, souple, sage, qui conditionne toute évolution.

Le secret des Religions Révélées réside dans l'actuation harmonisante de la raison, la culture des sciences, étayées toutes deux par la préférence donnée aux options humaines, la prise en considération de l'homme dans sa destinée transcendante. L'équilibre est sciemment maintenu, dans le Cosmos, entre les deux mondes : celui de l'esprit et celui de la matière, réduits, à partir du Congrès scientifique de Pékin de 1966, à un monde unique, dans lequel la matière a son électron qui n'est pas loin de l'électron spirituel. Déjà, Avicenne (980-1037 ap. JC.), pensait au Xème siècle de l'ère chrétienne, que " les connaissances rationnelles de philosophie et la connaissance de la foi transmise par révélation, sont sur un même plan; il ne saurait y avoir contradiction entre ces connaissances; la contradiction de l'entendement avec le dogme religieux n'est qu'une apparence qu'il conviendra de dissiper ".

Q : On a toujours parlé de l'âme humaine raisonnable. Comment cette âme peut-elle concevoir certains impondérables du Monde Cosmique ?

R : Par la prière. C'est-à-dire par la haute vision contemplative de Dieu. L'âme accède ainsi à l'intimité du Monde de la domination et des mondes plus élevés de l'Omnipotence divine. Cette âme raisonnable est apte à recevoir, par degrés, une communication, toujours plus haute, de cette lumière du flux émanateur, dont elle-même est formée, et qui découle, en nécessaire surabondance de l'Essence divine. C'est là, la nature même de la connaissance mystique chez Ibn Sina. Cette conception avicennienne de la transcendance de l'être vers Dieu, trouve une certaine complémentarité dans la dialectique apparemment contradictoire d'Ibn 'Arabi. Selon Henry Corbin, qui cite le soufi andalou :  " Le Dieu révélé est un Dieu qui pense et qui œuvre, qui supporte les attributs divins et est capable de relations ".

Q : Il nous semble que par votre développement, que vous avez voulu évocateur, vous avez compliqué les choses ? Quel rôle les noms Divins peuvent-ils jouer, dans ce contexte ?

R : Certes, la conception de ces notions, n'est pas à la portée de tout le monde. Leur connaissance est réservée aux initiés. Le Prophète lui-même, en a omis une bonne partie, dans ses hadiths rapportés par Ali, Abou Horéïra, Abou Hodhéïfa et autres, justifiant cette omission, en disant : " ne dites aux gens que ce qu'ils peuvent comprendre. " D'ailleurs, Pascal lui-même, rejoint l'idée exprimée par le Khalife Abou Bekr Siddiq à savoir : " Al'Ajzou'any el Idrâk Idrâk " (l'incapacité de connaître Dieu, en est la vraie connaissance). Le dogme du monothéisme abrahamique est simple ; le croyant n'est pas astreint à en sonder les mystères. " La causalisation " imprimée à l'Etre humain par l'actuation des Noms de Dieu, constitue un catalyseur où le système avicennien et hatimien (d'Ibn 'Arabi el Hâtimi) est caractérisé par une double dialectique de lumière et d'amour. Mais, tandis que la pensée d'Ibn 'Arabi est de quintessence soufie, celle d'Avicenne n'aurait pu se saisir, sans le mouvement initial de mystique naturel qui le traverse. " Si vous craignez Dieu, Il vous accordera un potentiel distinctif ". (Qui permet de faire la différence entre le vrai et le faux, le bien et le mal). Ainsi parle le Coran.

Quant à la philosophie d'Avicenne, il s'agit d'une philosophie néoplatonicienne, d'influence musulmane ou le donné coranique devient une base philosophique qui s'unit à certaines influences hellénistiques, intégrées par l'Aristotélicien Ibn Rochd (Averroès), de sorte que la pensée avicennienne ne saurait se comprendre, sans l'Islam. Selon Avicenne, l'observance des prescriptions positives de la loi religieuse, la pratique des actes cultuels, faciliteront au croyant sincère la mise en relation avec le Corps du ciel, la captation de l'influx des sphères célestes et l'intensification de la sympathie qui relie le microcosme au macrocosme. C'est le secret du contexte cosmique des Noms Divins, dans leur actuation du Monde.

" Celui qui détenait quelque science du Livre " (sourate 27, verset 40), apporta jusqu'à Salomon, le trône de Balqîs, reine de Saba, en un clin d'oeil. Ce nom de Dieu que ce saint invoqua, alors, est un signe de la science et de l'omnipotence divines, qu'Allah accorde à Ses élus.


LA "KHOULLAH" DU PATRIARCHE IBRAHIM

Q : Le grand Patriarche Ibrahim, Apôtre promoteur du monothéisme est qualifié de " khalil Allah ". Que signifie cette expression ?

R : C'est la notion de grâce divine que définit la " Khoullah ", chez Ibrahim el-Khalîl, c'est-à-dire " l'amitié divine libératrice " (de tout attachement à une divinité autre que Dieu), comme l'appelle, par ailleurs, Massignon. C'est aussi, et plutôt, une réciprocité d'amour entre Allah et l'âme khalilienne.

Le sens de gratitude, développé en Islam et dont se réclame le soufisme sunnite Châdhilyte, a été initié par Abraham – que Dieu le bénisse et le salue ! –, symbole de la soumission inconditionnelle à Dieu, dont il fut l'Elu préféré ; d'où la grandeur d'âme, la patience et l'endurance qui cristallisent l'Ethique Abrahamique. Ce sont là, les leitmotiv de la morale comportementielle du bon croyant, dégagé de toute velléité, engagé dans un renoncement, une résignation et un abandon à Dieu. Cet attachement intime et indéfectible à Allah est le fil conducteur qui marque l'option et l'élan abrahamiques. Ce sentimentalisme qui s'allie curieusement, à un intellectualisme intuitif, est conditionné par l'épanouissement spontané de l'ego, dans une ambiance non viciée par des écarts excentriques de bigotisme. C'est là où réside le secret d'un monothéisme équilibré, où le spirituel s'harmonise foncièrement avec le rationnel spontané humain.

On a tendance à oublier ce rayonnement heureux, reflet imperturbable et fonction d'impondérables dont l'Islam, discursivement monothéiste, a fait le fonds même de son dogme, qu'aucune anicroche ne souille, ni ne pollue. C'est l'Islam, dans sa pureté originelle. C'est aussi le critère d'une chrétienté, dégagée de tout travestissement. Notre Apôtre commun Abraham, vénéré et bien aimé, est le symbole, toujours vivant, de l'Union foncière des Religions Révélées, marquées par leur rectitude, leur justesse d'esprit et la dignité de leurs adeptes. C'est, socialement parlant, un système éthique dont l'idéalisme l'imprègne, intrinsèquement, d'un humanisme transcendant, mais pratique, où toute religiosité creuse et factice, est bannie. Ce monothéisme d'Abraham, qui lui a valu ce don sublime de la " khoullah ", est donc fondé sur une vision réelle des conjonctures, dépurée de toute conjecture déviée ou de dévotion outrancière. Une haute dignité, altruiste, sans dilettantisme défaitiste ou nihiliste, sans exhibitionnisme bigot. C'est cet élan généreux de l'âme abrahamique, dont nous nous réclamons tous, nous, Gens des Livres Sacrés, qui fait notre force commune d'adhésion à une conception sublime qui concrétise la transcendance de notre dogme et de notre crédo.


L'IMMOLE : ISMAIL OU ISAAC ?

Q : Allah a éprouvé son Messager Abraham, en lui ordonnant d'immoler son fils ; lequel des deux fils; Ismaïl ou Isaac?

R : Ismaïl est, selon le Coran, le fils d'Abraham qu'il a voulu immoler, sur ordre révélé par songe. La Thorah précise qu'il s'agit du fils unique de l'Apôtre Khalil, sans autre précision. Or, le Messager Abraham, avait alors un fils unique et Allah a voulu l'éprouver, l'ayant choisi comme Khalil (bien-aimé), en lui ordonnant d'immoler celui qu'il aimait par dessus tout, sauf son Seigneur. Abraham n'a pas succombé à l'épreuve: il se préparait pour exécuter l'ordre Divin, quand il entendit une voix lui spécifiant que son geste suffit, pour prouver son amour sublime et exclusif pour Allah. Isaac était né quatorze ans, après Ismaïl. Dieu avait prévenu Abraham de la future génération vénérée d'un fils qu'il aurait appelé Isaac; il ne pourrait se contredire en lui adjoignant de l'immoler. (Se référer à Zaâd El Ma'âd d'Ibn El Qayyim T.1 p16) et (La Prophétie et les Prophètes d'es-Sabouny, éd. Librairie Ghazzali p.232).


LE PROPHETE NOE ET L'ETHIQUE RATIONNELLE

Q : On parle rarement du texte révélé au Messager d'Allah, Noé, " deuxième père de l'humanité ".Quel a été l'impact de cette législation divine originelle, sur le trio révélé (Bible, Evangile et Coran) ?

R : Les lois ou commandements Noachides sont révélés à Noé, après le déluge. Ils sont à l'origine des textes révélés (Genèse, chap.IX). Ces sept commandements prohibent l'idolâtrie, le meurtre, le blasphème, les interdits sexuels, le vol, la consommation de la chair vive d'un animal et l'ordre d'instituer un système légal.

Elles ont anticipé les " Dix commandements " donnés par Yahvé à Moïse, d'après l'Ancien Testament. Yahvé ou Yaweh est le nom de Dieu dans la Bible hébraïque, après qu'Il se fut manifesté à Moïse , dans le buisson ardent, événement signalé aussi dans le Coran. Antérieurement à la Bible, les Livres appelaient Dieu, Elohim.

On constate, ainsi, pour ce qui est de l'histoire religieuse, des concordances entre les récits bibliques originels et les récits coraniques.

Des penseurs modernes comme Moses Mendelssohn et Herman Cohen, tous deux de confession juive, précisent – à juste titre – que les commandements Noachides sont " le fondement éthique rationnel " humain.

Le Décalogue constitue les règles de l'Ethique Universelle commune, décrétée par les Ecritures Saintes : la Bible, l'Evangile et le Coran.


PROVERBES DES PROPHETES

Q : Le proverbe est une formule concentrée exprimant une vérité d'expérience. Ce mode d'orientation fait-il partie des Révélations d'Allah à Ses Apôtres ?

R : " Le Livre des Proverbes " est Le Livre de l'Ancien Testament attribué à Salomon, ainsi que les livres des proverbes de Job, de l'Ecclésiaste, que la tradition identifie à Salomon et qui médite sur la vanité des actions humaines. Ces proverbes sont concis, exprimant une variété de conseils, en peu de mots, adressés, notamment, à la masse populaire. Il en est de même pour le Prophète Mohammed auquel Allah a accordé ce don de concision. Ce genre de tradition prophétique, parfois métaphorique, a un grand impact sur le coeur des fidèles, parce qu'il tend à dégager certaines spontanéités, refoulées dans le subconscient.

" Le but de ma mission – dit le Prophète – en tant qu'Envoyé de Dieu, est de parfaire la morale Universelle" (hadith de Boukhari).

Mais, une Ethique transcendante, telle qu'elle est conçue par l'Islam, est fonction d'une conscience rationnelle et d'une science appliquée efficiente.

Le Prophète Sidna Mohammed, ne cessait de répéter : " Je ne suis qu'un homme ".

Nous citons quelques spécimens de ce procédé moralisant efficient : " Le silence est une marque de foi ". (Boukhari)

" Une bonne parole est un signe de bénédiction  ". (Boukhari)

" L'humilité implique la foi ". (Boukhari)

C'est une sorte de modestie qui incite le croyant à ravaler toute espèce de vanité ou orgueil ; c'est l'opposé de la hauteur et de l'arrogance.

" Le travail préféré est celui qui perdure, même minime". (Boukhari)

" N'accomplis que ce que tu peux supporter! ". (Boukhari)

" Sois véridique et optimiste ! ". (Boukhari)

" Donne au salarié son dû, avant le dessèchement de sa sueur ! ". (Sonan Ibn Mâjah)

" Le meilleur des Jihad (guerres saintes) est une justice proclamée en présence d'un tyran oppresseur ". (Tabarâny et Abou Dawoud)

Le croyant besogneux est préférable au religieux dilettant, ramolli et inactif. Un homme fort n'a aucun droit à la dîme coranique.

" Le meilleur moyen de gagner sa vie est le travail manuel ou le commerce pratiqué avec intégrité ". (Boukhari)

" Le commerçant intègre rejoint les Prophètes et les Elus de Dieu ". (Tabârany)

" Crois en Dieu et suis le droit chemin! " (Mouslim). C'est la définition de l'Islam, émise par le Prophète.

" Nul n'est sanctifié par le lieu de sa demeure ". Ce sont les actes qui sanctifient l'homme (Mâlek).

" La Kaaba n'est pas un refuge pour les criminels ". (Boukhari, Mouslim) 

" Accuser un innocent est abominable ". (Boukhari)

" la bonne action efface la mauvaise ". (Tabârany)

" Sois courtois et aimable! " (Tabârany)

" S'humilier, c'est s'exposer à un malheur qu'on ne peut supporter ". (Tabârany et Bezzar) 

" Le bon comportement est l'optimum de la bonté ". (Tabarâny)

" Le péché, c'est le fait qui crée le remords dans votre coeur et que vous aimeriez cacher aux gens ". (Mâlek)

" Rebute ce qui t'incite au doute! ". (Tabarâny)

" Allah aime la douceur, en toute chose ". (Boukhari, Mouslim, Sonan)

Celui qui est dépourvu de douceur est dépourvu de tout le bien. " La richesse est tel un parc verdoyant exquis; celui qui y puise généreusement, avec un coeur d'or, est comblé et béni; celui qui en tire avec égoïsme, sans avoir le coeur sur la main, est réprouvé ". (Boukhari) " La main haute est plus digne que la main basse ". (Boukhari) (C'est-à-dire que celui qui donne est meilleur que celui qui reçoit.)

"Un croyant physiquement fort est plus valable et est mieux aimé de Dieu qu'un moumin de faible constitution" (Mouslim). Ceci implique qu'un bon croyant doit prendre soin de sa santé, préalablement à tout acte cultuel et développer sa force physique, afin d'être plus utile à la société.

" L'Islam est aisé : il exclut toute étroitesse d'esprit et tout rigorisme ". (Boukhari, Mouslim et Nassaiy)

" O Musulmans, évitez d'être, comme vos prédécesseurs, les victimes d'un fanatisme exagéré et d'un bigotisme excessif ". (Tabarâny)

" Le Moumin, par la souplesse qui le caractérise, est comparable à un champ de blé dont les tiges flexibles se plient, sous l'effet du vent; tandis que l'infidèle est semblable à un cèdre qui demeure raide, à moins qu'il ne soit abattu " (Boukhari, Tabarâny)

Le Coran est plein de ces paraboles : Allah n'a pas honte de citer en parabole un moustique ou quelque chose de plus grand. Ceux qui ont cru, savent que c'est là la vérité venant de leur Seigneur. Quand à ceux qui ont mécru, ils disent : " Qu'a donc voulu dire Dieu par une telle parabole ? ". (Sourate 2, Verset 26)

" Maudits sont les menteurs ". (Sourate 51, Verset 10)

" L'homme est créé foncièrement avide, abattu quand le malheur l'atteint, insolent , lorsque quelque bien lui arrive ". (Sourate 2, Verset 143)

Le principe foncier de l'Islam, ainsi défini, est le juste milieu, concrétisé par des positions moyennes, sources de l'équilibre, à la fois humain et universel. C'est l'aboutissement de la shura.

" Evitez les conjectures, ce sont des péchés! ".

" Ne vous espionnez pas! "

" Ne médites pas les uns des autres! " ( Sourate 49, Verset 12)

" Ne te laisse pas aller à ce dont tu n'as aucune science : l'ouïe, la vue et le coeur, tout cela aura à en rendre compte." (Sourate 17, Verset 36)

La conjecture, sans assurance, n'amène guerre à une connaissance sûre. 

" Combattez sur le chemin de Dieu (pour la cause de Dieu) ceux qui vous combattent et n'agressez point! " (Sourate 2, Verset 190).

Certes, la guerre sainte n'est ni un acte de fanatisme, ni une menée impérialiste.

" Combattez-les, afin qu'il n'y ait plus de foyer de subversion et que la religion soit (exclusivement) à Dieu...! " (Sourate 2, Verset 193)

Il s'agit, non d'imposer la religion musulmane, mais de lutter contre la persécution, la propagande subversive, l'institution d'un régime antireligieux ou même areligieux (laïque).

"Pas de contrainte en religion. La voie de la raison est désormais différenciée de l'errance." (Sourate 2, Verset 256).


LA "DEHRIA" ET LA DOCTRINE DE LA NATURE

Q : Que sont les Dehrias, quel est le fond de leur dogme ?

R : Les dahriynes sont les adeptes de la doctrine dite "naturalisme" qui n'admet d'autre réalité que la nature. Cette secte ramenait la vie et la mort à la simple action du temps. Elle voit dans la nature, la source des choses. Allah les a décriés dans le Coran: ils dirent : " il ne s'agit que de notre vie ici-bas. Nous mourons et nous venons à la vie, et, c'est seule la longueur des années qui nous fait mourir. Ils n'ont de cela aucune science, mais ne font que conjecturer ". (Sourate 45, verset 24).


QUI A CONSTRUIT LA MOSQUEE EL AQCA ?

Q : L'édification de la mosquée El Aqça a-t-elle été devancée par celle de la mosquée Mékoise, El Kaabâ ?

R : Selon les deux Recueils de hadiths authentiques, Boukhari et Mouslim, la mosquée El Aqça a été édifiée, quarante ans après celle de la Kaâba, à la Mekke. Celle-ci fut l'oeuvre du grand Messager d'Allah, Abraham, aidé par son fils, alors unique, Ismaïl. Or, ce serait l'Apôtre vénéré Salomon, fils de David (931 av. JC), fortifiant le Royaume de son père, qui aurait érigé, en grand bâtisseur, le "Temple de Jérusalem". On peut se demander de quel Temple s'agit-il ? Car ce fut le sublime Apôtre Jacob, fils d'Isaac, dit Israël, qui l'avait édifié, d'après les traditions authentifiées islamiques. Pour Salomon, il ne s'agit que d'une reconstitution de la Maison d'Allah, en la rétablissant dans sa forme primitive. C'était, notamment, du vivant de Salomon où la destruction du Temple fut l'aboutissement du réveil de l'antagonisme entre les tribus du Nord et celles du Sud; et qui provoqua la scission du Royaume de David et la formation de deux Etats : le Royaume de Juda et le Royaume d'Israël.


CHARTE DE MEDINE

Q : La charte de Médine est-elle la première constitution dans l'histoire ?

R : Cette charte, est, certes, la première constitution élaborée, par un chef d'Etat, le Prophète Mohammed, après une longue consultation, entre les habitants d'une même agglomération (Musulmans et Juifs). Cette agglomération est la cité de Médine. Cette loi organique proclama, pour la première fois dans l'histoire, la liberté confessionnelle, le respect des diverses religions cohabitant dans la cité, la mise en évidence du concept politique de la Nation, la fixation des frontières, les déterminations de la responsabilité sécuritaire commune et de la solidarité sociale, la répartition des charges budgétaires, l'institution, enfin, d'un régime législatif prohibitif, restrictif et permissif reconnu de tous.

La première constitution, instituée en tant qu'ensemble de lois fondamentales déterminant la nature, la forme et toute la structuration de l'Etat, est la Constitution Française de l'an 1789.


CONFRERIES RELIGIEUSES ET LEUR ROLE DE SENSIBILISATION

Q : Quel est le rôle des confréries religieuses ; leur pluralité est-elle bénéfique ?

R : Le grand leader arabe, l'émir Chakib Arsalâne s'est posé cette question dans son ouvrage Le Monde Musulman Contemporain. Il y répondit objectivement, en analysant le rôle catalyseur des confréries tijanies, qâdiries et senoussies, en Afrique, après avoir testé, sur le terrain, l'apport bénéfique de ces groupements soufis. Se référant à l'œuvre de G. Bonnet Maury, l'Islamisme et le Christianisme en Afrique, notre émir affirme que " l'Afrique aurait été entièrement islamisée, sans ce coup porté par la France à l'influence de la confrérie Tijanie ... ; le fait est comparable à l'élan d'islamisation de l'Europe, arrêté à Poitiers, par Charles Martel ". Du temps du Prophète Mohammed, les célèbres compagnons du Messager d'Allah n'avaient guère besoin d'être aiguillonnés et stimulés, étant auréolés par la lumière conceptuelle mohammadienne. Passés les trois siècles de prééminence, ainsi qualifiés par la tradition prophétique, le monde musulman, eut un besoin péremptoire d'être constamment incité à l'action cultuelle et comportementielle, par des litanies codifiées, au sein de corporations soufies qui se multipliaient, à l'instar des diverses sectes qui jalonnaient le forum islamique. Al Qochéïry, auteur d'une épître intitulée " er-Risâla el qocheïriya ", en fit état, pour justifier cette pluralité.

Q : Pouvez-vous nous donner une idée sur la formation et la classification de ces confréries ?

R : J'en ai parlé, substantiellement, dans mon ouvrage "Le soufisme afro-maghrébin aux XIXème et XXème siècles". Elles sont au nombre d'une quarantaine, dont la plupart sont d'origine orientale ; trois d'entre elles, sont spécifiquement marocaines : ce sont les Chadhilya, Zarrouqiya et Jazouliya.

Parmi les autres figurent : Al Ouwaïsiya (se référant au fameux Owaïss el Qarany), Al Qalandariya (visant la purification de l'âme, rejetant toute forme d'épargne ou de thésaurisation), Assidîqiya (se prévalant du premier Khalife du Prophète, Abou Bekr es-Siddîq), Al-Koubrawiya, Al-Hamadâniya, er-Roukniya, en-Nouriya, Al-Khalwatya, Al-Mawlawiya.

Les Qadirites (de Si Abdelqader el Jilani) et les Hâtimites (d'Ibn 'Arabi el Hâtimi) sont d'obédience spiritualiste, ainsi que les Médianites (d'Abou Median el-Ghawth, soufi algérien de Tlemcen).

Les autres confréries, non moins réputées et appréciées sont : la Rifâiya (filiale qâdirite), la Qocheïriya, la Kharraziya, el Khochâniya, el Madariya, ech-Chattariya, en-Neqchabendiya, el Hallajiya etc...

Ce sont le degré et la nature – parfois diversifiés – de la transconscience intime et cognitive, qui marquent ces sublimes groupements électifs, tiraillés entre une rationalité discursive d'une part et un intellectualisme imaginatif ou conceptualisme contemplatif d'autre part ; les plus privilégiés de ces initiés demeurent attachés à l'équilibre prôné par le Coran et la Sounna.


SOUFISME ET FAUX-SOUFISME

Q : Le soufisme, mouvement idéal et transcendant, dans ses comportements désintéressés et purs, a été faussé par de pseudo-soufis qui ont notamment dévié des traditions salafies. Comment l'interprétez-vous?

R : Effectivement, le soufisme mohammadien est le compendium des traditions authentiques sublimes qui tendent à créer, dans le comportement d'un vrai croyant, un équilibre humainement rationnel. C'est dans l'ambiance luminescente et irradiante des compagnons du Prophète que les cœurs ont été revivifiés ; et selon le hadith, cela a duré trois siècles. Passés les stades d'illumination spontanée, les croyants qui recherchaient la transcendance et l'approche d'Allah, s'armaient de litanies dont le pluralisme se cristallisa, dès le IVème siècle de l'hégire, en "wirds et wadhifas". Certaines excentricités apocryphes commencèrent à travestir la pensée soufie salafie; ce qui amena certains cheikhs, parmi lesquels le célèbre, El Joneïd , à proclamer que le vrai soufisme a pour fondement la double source de la chariya, le Coran et la Sounna. Les maîtres de la gnose, sentirent une vive répugnance pour les déviances qui risquaient de sombrer dans l'hérésie. D'autres cheikhs, attachés au salafisme se proclamèrent, alors, mohammadiens, sans nulle attache avec les congrégations qui commençaient à se multiplier, dans un certain désarroi et une fâcheuse confusion.

Ils suivaient la voie simple et pure de l'orthodoxie du Prophète et de ses compagnons. Ils savaient, que parmi les croyants, il y avait des élus et ils s'ingéniaient à le devenir, dans le cadre éminemment humain, développé du vivant du Prophète, sans bigotisme ou ascèse outrée.

"Ibn Messaoud" rapporte ,certes, que Dieu a, parmi ses créatures, trois cents élus ; leurs cœurs sont à l'image du cœur d'Adam, une quarantaine à l'image de celui de Moïse, sept de celui d'Abraham, cinq de celui de l'Ange Gabriel. Chacun de ses élus est créé à l'image d'un Prophète. Il est empreint du caractère et du comportement d'un messager ou apôtre et son cœur porte le cachet d'un Ange.

Dans un autre hadith, quatre élus auront l'empreinte d'Abraham, sept celle de Moïse, trois, de Jésus et un de Mohammed.

D'après El Boukhari, le Très-Haut déclare la guerre, dit le Prophète, à tous ceux qui prennent pour ennemis les saints (bien aimés) d'Allah. " Mon serviteur ne saurait se rapprocher de Moi mieux que, par une œuvre que J'aimerais le plus et qui consiste à accomplir les obligations que Je lui ai imposées; il ne cesse de se rapprocher de Moi, par les actes surérogatoires, jusqu'a ce que Je l'aime; Je deviens alors, Son ouie avec laquelle il entend, Sa vue avec laquelle il voit, Sa main avec laquelle il combat et Son pied avec lequel il marche; Je lui accorde ce qu'il Me demande, Je le protège s'il Me sollicite".

Une autre variante ajoute : " Quand Mon serviteur se rapproche de Moi d'une palme, Je Me rapproche de lui d'une coudée, quand il se rapproche de Moi d'une coudée, Je Me rapproche de lui d'une envergure ; quand il vient à Moi, en marchant, Je viens à lui en trottant ". (Boukhari).

(L'envergure est ici la distance entre les extrémités des deux mains déployées dans le sens de la largeur).

L'imam Chafiy, chef du grand rite juridique, consultait - dit-on - souvent le grand cheikh soufi Chaibân Er-ray, par l'intermédiaire de son éminent disciple, Ahmed, l'Imam du rite hanbalite, et acquiesçait à ses réponses. De même, ce dernier avec le mystique Abou Hamza el Bagdady.

Le cheikh 'Izz ed-Dine Ibn 'Abdessalam, dit Sultan des ulémas, dénigrait les propos des soufis ; il se ravisa, quand il contacta le grand mystique marocain Abou el Hassan Châdhily, à Alexandrie, et reconnut la prééminence de ceux-là, effectivement basée sur la double source coranique et traditionnelle. Ghazali traversa la même étape, en revenant, à l'âge de quarante ans, à l'école de ses contemporains.

Cette rencontre eut effectivement lieu à Alexandrie, où se trouve le tombeau du Cheikh ; Châdhily est-il rééllement inhumé dans cette ville ? Il est décédé non à la Mekke, mais au Désert de 'Aïdhâb (Haute Egypte) ( Nafh et-Tîb T.1 p.587, Chadharât T.5 p.278 )

Deux tendances se firent alors jour; celle qui se prolongea jusqu'au XIIIème siècle de l'hégire, émaillée d'authentiques soufis, marocains pour la plupart, dont Ibn Machich et son disciple Châdhily , le fassi Ahmed Badawi, Abderrahim el Qinaiyi de Cebta, maître éminent du mouvement soufi dans la Haute Egypte.

Une deuxième option, celle des "Mohammadiens", qui, tout en évoluant dans le sens ésotérique sunnite, suivit un mode de vie spécifique que d'aucuns qualifient de salafi. Ils s'étaient dégagés sciemment de tous caprices, attachés étroitement au Prophète, dans leur ascension vers Dieu; quand ils lisaient le Coran, la litanie préférée de tous, ils le faisaient, par amour sincère d'entendre le Verbe d'Allah et d'en suivre les concepts immuables, sans aspirer à autre chose; ils n'usaient guère de Noms Divins, pour influer sur le Cosmos. Tout en œuvrant, dans le contexte coranique qui incite à méditer et agir, ils se laissent entraîner par la Volonté Divine, éliminant tout écart volitif qui constituerait un empêchement pour accéder à une saine vision ou la grande ouverture. Le chemin droit est le plus court accès vers Dieu.

Rien donc, pour les deux tendances, ne saurait faire transcender le croyant vers Dieu, sans une stricte observance du Coran et de la Sounna. Des zaouyas et congrégations s'érigèrent dans ce contexte. Mais, dès le XIème siècle de l'hégire (XVI et XVIIème siècles de l'ère chrétienne), le soufisme est perturbé par un excentrisme, parfois hérétique, où un esprit bassement matériel caractérise certaines zaouyas, attelées à la fruition d'un comportement temporel. Les zaouyas croient alors devoir imposer à leurs adeptes l'offrande de cadeaux appelés "ziarah" (droits de visite), reçus au nom d'Allah. Les récalcitrants ou rétifs, parmi les sympathisants, sont taxés d'hérésie ; des malédictions sont proférées à leur encontre et à l'adresse des ulémas qui osent contrer ces spoliations, faites au dépens des pauvres et des miséreux. C'est le point faible des faux soufis. Chaarâny affirme dans son ouvrage intitulé " Lawâqih El Anwâr El Qodsia " (les lumières sacrées fécondatrices) que les maîtres soufis, s'astreignaient et imposaient à leurs disciples, d'exercer un métier pour gagner leur vie et ne pas recourir à ces "ziaras" excentriques. C'est là un comportement optimal, car toute virilité agissante constitue le fond de la dignité du croyant.


LES MALAMITIYA

Q : Que sont les Malâmitiya ? Quel est leur grade, dans le concert des Soufis ?

R : Les vrais Malâmitiya sont ceux dépeints par l'auteur de l'ouvrage élaboré au IVème siècle de l'ère hégirienne, intitulé " el Foutouwwa wa el Malâmitiya ". Le premier Khalife du Prophète, Abou Bekr, en fut le modèle idéal dont Sidi Larbi Ben Sayeh, auteur de la " Boghia ", cite les privilèges caractéristiques. Le célèbre compagnon du Prophète, Salmân el Fârissi (Persan), s'inscrit comme l'un des meilleurs de ces Initiés dont le décent exotérisme couvre la luminescence du for intérieur. Le Prophète qui l'estimait beaucoup, le considérait comme un membre de sa propre famille. Ibn 'Arabi les intégrait dans une catégorie qu'aucun acte surérogatoire ne distingue du commun des croyants. Bien mieux, ils s'ingénient à se comporter normalement, n'attirant guère l'attention, car ils s'isolent intérieurement dans la contemplation de Dieu, sans s'en départir et sans se démarquer par un comportement excentrique. Chacun d'eux vaque à ses occupations, sans exclusivisme prétentieux. Ils ne se prévalent d'aucun privilège ou droit spécifique propre. Les artisans sont, apparemment, absorbés dans leurs métiers, les artistes dans leurs ateliers, les manœuvres dans leurs besognes, alors que certains d'entre eux maîtrisent le Cosmos, de par leur sublime grade hiérarchique. Avec le temps, cette catégorie, bien attachée à la Sounna, dans sa déférente humilité, change sciemment de tactique, en exhibant, ostensiblement, des excentricités, de nature à se mésestimer aux yeux du monde ; donnant l'impression d'être imbus de lubie fantaisiste et capricieuse. Méconnaissant,ainsi, les mobiles initiateurs du comportement de leurs maîtres, les disciples, dans leur ostentation d'allure prétentieuse, se laissèrent entraîner dans des agissements qui s'éloignent des manières usuelles, dénotant parfois, des bizarreries flagrantes.


INNOVATIONS BLAMABLES

Q : Les dénégateurs voient dans la récitation et l'audition du Dhikr collectif, des litanies et des louanges spirituelles, ou dans la célébration du Mouloud et autres fêtes, des " innovations blâmables ". Pourtant, ces pratiques sont bien corroborées par le Livre et la Tradition. Pouvez-vous nous en expliciter leur fonction ?

R : Le Dhikr collectif est corroboré par le Coran et maints hadiths rapportés par les Sahih (Boukhari et Mouslim) et les Sonan, notamment celui-ci : " Si Mon serviteur Me cite dans ses litanies, récitées en chœur, Je le loue au sein d'un concert meilleur ".

Il est vrai qu'Ibn Messaoud, compagnon du Prophète et un des célèbres exégètes du Coran, avait taxé de bid'a (innovation blâmable) ce Dhikr collectif ; mais, l'Imam Zarrouq souligne dans ses Qawa'id (Règles), que les hadiths authentiques afférents à ce Dhikr en commun, n'étaient, peut-être, pas connus d'Ibn Messaoud ; autrement, il ne saurait nier une tradition incontestée. Quant à la célébration des festivités similaires, elles ont été mises en doute et nettement controversées, dès le début de l'Islam, n'ayant jamais été accomplies, du vivant du Prophète. Les pratiquants de cette " bid'a " en justifient l'accomplissement, ainsi que le fait de se mettre debout, par des hadiths plus ou moins authentiques, la concernant ; en précisant qu'il s'agit là d'un simple hommage de déférence, ou marque de respect et d'amour pour le Prophète. Il est vrai qu'avec l'avènement de l'Islam, tout acte de ce genre, par trop révérenciel, était rebuté, car le Prophète tenait à dégager de l'esprit des néophytes tout penchant excessif effleurant l'idolâtrie. Avec le temps, le but innocent de cette pratique s'est avéré non insolite, auprès des autorités religieuses dignes de foi, qui avaient élaboré, elles-mêmes, de longs récits, en l'occurrence, sachant sciemment qu'à l'occasion de la rentrée triomphale du Prophète à Médine, la population, enthousiasmée, avait donné libre cours à sa vénération pour le Messager d'Allah, sans susciter de la part de Sidna Mohammed, aucune réaction ou attitude dénigrante. Un jour, le Prophète avait ordonné aux " Ansârs " de se lever, par hommage pour leur chef Saâd. Dans un contexte général, la bid'a fut peut- être même, recommandée, comme celle concernant les " Tarawîhs " (prières collectives du mois de Ramadan), conseillées par le Khalif Omar Ibn el Khattab. La " bid'a " n'est certes, considérée comme illégitime, que dans le cas où elle serait en contradiction formelle avec les normes spécifiques de l'Islam.