Les Tijanis et les Zawiyas en Afrique

 

 

Monsieur Mustapha MOUMEN a rapporté dans son ouvrage ‘‘Certaines parties du Monde Musulman’’ de même que le Professeur Talib ABDERRAHMANE, enseignant à l’Université d’Oran et moqaddam de la Tariqa Tijania dans cette ville, dans une publication rédigée en 1405 H à la suite d’un voyage officiel à certains pays africains, et ainsi que cela a été confirmé par des Ulémas ayant effectué un périple aux mêmes pays en 1985 ce qui suit (le Soudan a été rajouté par un étudiant dans sa thèse en 1907) :

 

Pays

Nombre d’Habitants

Pourcentage de Musulmans

Pourcentage des Tijanis

Mauritanie

3  millions

100 %

60,5 %     1,8    m

Sénégal

6  millions

  95 %     5,7   m

90    %     5,13  m

Guinée Konakry

5  millions

  97 %     4,85 m

80    %     3,88  m

Côte d’Ivoire

6  millions

  57 %     3,4   m

70    %     2,396m

Nigeria

    120  millions

  65 %   65      m

65    %   32,25  m

Niger

5  millions

  90 %     4,5   m

80    %    3,6     m

Mali

21  millions

  92 %   19,32 m

80    %    3,6     m

Soudan

21  millions

 

               9        m

 

 

Quant à l’Afrique du Nord, les français avaient recensé en 1930 le nombre des Zawiyas dans les 3 pays Nord-africains (Tunisie, Algérie, Maroc). Il s’est avéré d’après ces statistiques que le nombre des zawiyas en Tunisie atteignait alors 600000, 2,5 millions en Algérie (en intégrant le Sahara oriental alors sous l’emprise du colonialisme français) et 2 millions au Maroc. Ces nombres paraîtraient excessifs si on  n’y intégrait pas les tombeaux des soufis dans les villes et campagnes de ces pays. Là le nombre de ces tombeaux est effectivement plus grand que celui des zawiyas où l’inhumation est canoniquement prohibée. Et malgré cela le nombre d’initiés tijanis semblerait trop grand d’autant plus que chaque zawiya intégrerait une moyenne de 10 Mourides.

 

Mais dans tous les cas il paraît difficile de dénombrer les tijanis dans chaque ville. Tout ce que nous avançons en l’occurrence n’est qu’un taux comparatif. Si on prend par exemple le cas du Maroc, le taux multiplicatif pour Casablanca au milieu du XXème siècle avait atteint 30 fois (une seule zawiya au début du siècle s’est vue augmentée par l’émergence de plus de 30 zawiyas par rapport à l’extension des quartiers périphériques de la ville où chaque secteur devait édifier sa zawiya). Dans le même contexte ce taux a transcendé à Rabat au nombre de 10. En dehors de l’Afrique du Nord, si on prend comme exemple l’Egypte le nombre des zawiyas a atteint 75 selon la revue Tariq Al Haq (le Chemin du Vrai) publiée par le grand Alem Mohamed Hafid, Moqaddem de la Tarîqa Tijania au Caire (n°2, 1972). Le nombre des initiés Tijanis Egyptiens aurait été alors 10.000.

En dehors de l’Afrique nous ne disposons guère de nombres précis mais d’après la déclaration du président des oulémas Indonésiens le nombre des tijanis en Indonésie serait 2 millions comme il l’avait précisé lui-même dans une interview avec le journal Al Alam en 1985.

 

En Europe, notamment à Paris, j’ai constaté personnellement lors d’une visite à la capitale Française en 1945 où j’étais étudiant en droit, le nombre des zawiyas tijanies présidé par un seul Moqaddem était de 14 zawiyas dont une à Gennevilliers. A l’époque Paris ne comportait que sa grande mosquée. Actuellement le nombre d’oratoires islamiques atteint 300. La plupart ne sont que de petits oratoires, dont une bonne partie a été édifiée et bien équipée par des Mourids tijanis, notamment Sénégalais ou Maliens. A Londres aussi, autour de la grande mosquée, pullule actuellement le même nombre d’oratoires. Ce nombre est en extension vertigineuse à cause de l’affluence des émigrants africains.

 

Dans certaines des grandes villes des USA, telles que Chicago, Washington et New York, les émigrants d’Afrique dont quelques centaines ont été initiés à Kawlakh, ville sénégalaise, sous la maîtrise de son grand Moqaddem Brahim Niyasse, avaient réalisé le même effet en augmentant le nombre des zawiyas tijanies. Déjà en 1937, un de mes parents qui avait participé à une grande foire à Washington, a entendu au début d’une soirée la récitation de la Wadifa (oraison tijanie) dans une petite ruelle au sein de la capitale.

 

Nous avons signalé dans cet exposé les renseignements dont nous disposons actuellement. Nous continuons à suivre ces émergences pour en faire part à nos lecteurs.